L’Asie, « moteur économique » du globe à la merci des tensions commerciales et du climat – 11/01/2024 à 16h01

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Un port à conteneurs à Haïphong, principal port du Vietnam, le 29 août 2023 (AFP / Nhac NGUYEN)

L’Asie reste “le principal moteur” de l’économie mondiale, mais son horizon s’assombrit, entre aggravation des tensions commerciales sino-américaines, situation économique chinoise fragile et montée des risques climatiques, prévient dans un entretien à l’AFP Thomas Helbling, directeur adjoint du FMI pour l’économie mondiale. la région.

Si le continent rassemble des pays aux situations variées, l’Asie dans son ensemble contribuera cette année à pas moins de 60% à la croissance économique mondiale, rappelle le Fonds monétaire international (FMI) dans un rapport publié vendredi.

Bien au-dessus de la moyenne mondiale (3,2 %), le PIB asiatique devrait croître de 4,6 % en 2024, selon les prévisions révisées du Fonds, avec une croissance attendue de 5,3 % pour les économies asiatiques émergentes et en développement, tirées par l’Inde (+7 %). , le Vietnam (+6,1%) et l’Indonésie (+5%).

Toutefois, les risques sont nombreux : menaces géopolitiques, crise immobilière persistante en Chine, affaiblissement de la demande mondiale et turbulences sur les marchés financiers. Surtout, l’Asie reste suspendue à l’escalade des tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis – qui devraient s’intensifier quel que soit le résultat de l’élection présidentielle américaine.

De quoi mettre en difficulté les économies asiatiques, qui bénéficient depuis des décennies de chaînes de production régionales intégrées et interdépendantes, et qui n’ont cessé de renforcer leurs échanges avec la Chine ainsi qu’avec les Etats-Unis malgré le conflit douanier entre les deux puissances, explique Thomas. Helbling, rencontré à Tokyo.

“Tous verraient à terme leurs perspectives de croissance pénalisées” par une aggravation de la guerre commerciale, estime le FMI.

Cela ne devrait d’ailleurs pas épargner des pays comme l’Inde ou le Vietnam, où ont été délocalisées des usines d’entreprises occidentales désireuses de réduire leur dépendance à l’égard de la Chine et par lesquelles transitent les produits chinois. via un circuit destiné à contourner les sanctions américaines.

“Si les sanctions restent bilatérales, des possibilités existent de contournements via des pays tiers”, mais ces possibilités s’évaporent lorsque les restrictions s’élargissent car “les pays initiateurs (des sanctions) limitent ces contournements”, via des “règles plus strictes” sur l’origine des produits, souligne Thomas Helbling. Ce que Washington tente de faire face à l’afflux de produits chinois transitant vers le Mexique.

-«Perte d’efficacité»-

Plus généralement, « les gains dont bénéficient des pays comme le Vietnam et la Corée du Sud grâce au détournement des flux commerciaux ne sont qu’une partie de l’histoire », ajoute M. Helbling.

Ainsi, explique-t-il, « la nouvelle organisation des échanges » et la délocalisation des chaînes de production entraînent « une perte d’efficacité » et une hausse des prix, « avec un impact négatif sur la croissance mondiale » qui, à terme, pénalise aussi les pays qui « en ont bénéficié en principe ». » des effets collatéraux de la guerre commerciale.

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Dans une usine qui produit des pièces de vélos destinées à l’exportation à Hangzhou, dans l’est de la Chine, le 15 juillet 2024 (AFP/-)

Bref, si ces pays asiatiques « gagnent des parts de marché à l’exportation, ils risquent de voir leur situation se dégrader en raison de l’affaiblissement de l’économie mondiale » qui réduit la demande de leurs partenaires, résume le rapport.

D’autant que cette réorganisation “s’est concentrée sur certaines catégories de produits visés par des tarifs douaniers ou des barrières commerciales de la part des Etats-Unis, ou encore ceux frappés par des mesures de rétorsion chinoises”, explique M. Helbling.

Élément plus positif : le FMI constate la transition en cours des économies asiatiques vers les services – des activités à plus forte productivité, susceptibles de soutenir les salaires et la consommation intérieure… en réduisant leur dépendance aux exportations.

-Menace climatique-

A moyen et long terme, l’institution s’alarme de la vulnérabilité des pays asiatiques aux effets du réchauffement climatique : perturbations des chaînes d’approvisionnement, dégâts sur les infrastructures, insécurité alimentaire, migration, charge financière, etc.

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Un employé fait la navette protégé par un parapluie dans la chaleur à New Delhi, en Inde, le 29 mai 2024 (AFP / Arun SANKAR)

“Il s’agit d’un risque très important, en particulier pour les États insulaires du Pacifique et la “ceinture rouge” à risque des régions de l’équateur”, alors que des épisodes de chaleur extrême se répètent sur de vastes zones de l’Inde, observe Thomas Helbling, soulignant néanmoins la difficulté pour quantifier le coût économique à long terme.

Un rapport de la Banque asiatique de développement (BAD) publié jeudi tente néanmoins d’établir une estimation.

Selon elle, si des niveaux élevés d’émissions de gaz à effet de serre persistent à l’échelle mondiale, les effets du changement climatique pourraient réduire le PIB des pays en développement d’Asie et du Pacifique de 17 % d’ici 2070 – et même de 41 % d’ici 2100.

 
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