Flight Simulator fait partie de ces licences un peu « légendaires » où chaque version constitue un petit événement. Cependant, le jeu ne convient pas à tout le monde. Il s’agit d’une simulation de pilotage d’avions (et d’autres appareils aériens) mettant fortement l’accent sur le réalisme et l’authenticité. Ce n’est pas facile à prendre en main et, comme dans la « vraie vie », il faut mieux savoir où l’on met les pieds.
L’édition 2020 a laissé des traces, avec une modélisation qui a fini par couvrir pratiquement la totalité de la planète. Mais comme toujours dans ce type de simulation, le niveau de détail dépendait de la zone visitée. Au fil des années, le studio Asobo, qui gère son développement, a ajouté de nombreuses (et volumineuses) mises à jour, chargées d’assurer la modélisation d’un nombre toujours croissant de villes et de lieux. De plus, Flight Simulator 2020 a introduit des modes plus simples, pour les « touristes numériques ». La question était donc posée : que pouvait-on attendre d’une nouvelle version ?
Un niveau de détail multiplié par 4 000
L’édition 2024 se veut bien plus réaliste que l’édition 2020, qui représentait déjà une avancée significative en la matière. Ce réalisme réside à la fois dans le rendu des décors et dans la physique appliquée à l’avion piloté. Dans une interview accordée à BFM en septembre, le manager Jörg Neumann évoquait 10 000 points répartis sur le fuselage de l’avion pour appliquer les mouvements aériens.
Le nouveau jeu cherche principalement à rendre le monde virtuel plus vivant. Dans une autre interview, accordée cette fois à VentureBeat, on apprend que cette édition 2024 multiplie par 4 000 le niveau de détail de l’environnement, grâce à l’intelligence artificielle. L’équipe affirme avoir créé un « jumeau numérique complet » de la planète.
Chez RockPaperShotgun, Neumann a expliqué hier que l’IA était utilisée pour créer les textures. Les données collectées par les développeurs ont été réparties en 28 000 « tuiles », étiquetées en fonction de ce qu’elles représentaient, dont le « biome » (forêt, désert, etc.) et le type de surface (gravier, herbe courte, buisson, etc.) . ).
Asobo et Microsoft ont également profité de la large communauté existant autour du jeu. Jörg Neumann indique que l’équipe (800 développeurs à temps plein sur quatre ans) s’est fortement appuyée sur les suggestions de la communauté.
« L’ensemble du processus est plus sain, je pense. Vous pouvez facilement répondre aux gens parce que vous avez déjà un terrain d’entente. Ils vous ont parlé de leurs problèmes. Nous pouvons proposer des solutions. Ils nous donnent leur avis sur ces solutions. Lors de la mise en œuvre, nous explorons ce dont ils ont réellement besoin. Je crée des jeux depuis 30 ans. Je ne l’ai jamais fait de cette façon, et c’est mieux. Je n’y retournerai jamais », a déclaré le dirigeant.
L’interview aborde plusieurs points intéressants, comme les données satellitaires qui constituent une mauvaise base pour la 3D, le rôle assigné à quatre personnes à temps plein pour dialoguer avec les gouvernements, les instituts de géographie et les sociétés de forage, ou encore l’équilibre entre simulation réaliste et gamification.
Mais ce qui nous intéresse aujourd’hui, c’est avant tout le choix technique du studio sur le fonctionnement du jeu.
30 Go à l’installation… seulement ?
L’un des aspects frappants de Flight Simulator 2024 est son empreinte relativement faible en matière de stockage : 30 Go. On est loin de jeux assez récents comme Baldur’s Gate 3 et Starfield avec leurs 120 Go, ou encore… Flight Simulator 2020 et ses 130 Go en version originale, avant le déluge de mises à jour et leurs centaines de Go. Mais ces 30 Go sont une imposture.
Si vous volez haut, ils suffiront la plupart du temps. Mais si vous vous rapprochez du sol, votre ordinateur commencera à télécharger un lot de données de plus en plus important. Avantage pour les joueurs : un nombre croissant de détails, les régions ayant été considérées comme des biomes, avec la texture des sols, la faune, la flore, etc. Si on s’approche de la savane par exemple, des animaux apparaîtront et on pourra survoler des rhinocéros et des girafes. Il est même possible d’atterrir et de descendre à pied pour explorer la région.
C’est là que nous revenons au fonctionnement de l’IA. Le modèle créé par Asobo pour Flight Simulator 2024 n’a pas généré toutes les textures et tous les détails de la planète entière. Lorsqu’un joueur s’approche d’un environnement, des requêtes sont envoyées aux serveurs. En réponse, des détails et des textures sont envoyés au joueur. Lorsqu’une superficie a été calculée, elle est automatiquement partagée avec les autres personnes qui s’en approchent, afin que les calculs ne soient pas refaits.
L’inconvénient, on s’en doute, réside dans le débit. Même si les données ne sont pas enregistrées sur le disque, le flux atteint en moyenne 5 Go par heure. C’est un chiffre avancé par Jörg Neumann dans plusieurs interviews, mais la consommation réelle dépend des usages et reste à mesurer par un grand nombre d’acteurs. Une opération qui non seulement risque de représenter un gros problème dans les pays où il y a un niveau mensuel de consommation de données, mais qui a mis les serveurs de Microsoft sous tension dès le lancement.
Crash au décollage
Les premières heures de jeu ont en effet été compliquées. Lancé hier soir, de nombreux joueurs n’ont pas pu mettre la main sur leur avion pour un premier tour. L’écran de chargement concentre les critiques, puisque dans la plupart des cas, il reste bloqué à un certain pourcentage, sans progresser davantage.
Hier soir, vers 19 heures, Microsoft a reconnu le problème. ” Nous avons pris connaissance de rapports d’utilisateurs faisant état de longs temps de chargement initiaux dans Microsoft Flight Simulator 2024. En raison du grand nombre d’utilisateurs initialisant simultanément la simulation, nous rencontrons un nombre élevé de requêtes de serveur. Nous nous efforçons de résoudre les problèmes dans les plus brefs délais. Pour les utilisateurs dont la charge initiale a dépassé 90 % et ne progresse plus, nous recommandons un redémarrage. Sinon, nous vous recommandons d’attendre que le chargement se déroule normalement », a indiqué l’entreprise sur X.
Sous le tweet, on peut lire de nombreuses réactions de colère. Si certains abordent ces problèmes avec humour (« des retards sur les vols arrivent »), beaucoup soulignent que Flight Simulator 2020 a connu de gros problèmes à son lancement, tandis que d’autres expriment leur incompréhension face à l’attente de millions de joueurs.
Le torrent de connexions est probablement dû en partie à un lancement simultané sur PC et consoles Xbox, d’autant qu’il est présent dans le Game Pass. Cependant, le chargement initial n’était pas la seule difficulté. ” Nous avons pris connaissance de rapports d’avions manquants dans les écrans Ma bibliothèque et Sélection d’avions dans Microsoft Flight Simulator 2024. Ce problème est lié à des problèmes de serveur que nous travaillons actuellement à résoudre. », a ajouté le compte officiel une heure plus tard.
Un peu après minuit, les équipes ont indiqué qu’elles travaillaient toujours sur le problème et ont pointé vers une page de support Xbox pour vérifier l’état du service. A présent, tout serait revenu à la normale. Si nous regardons les derniers commentaires sur X, nous pouvons voir que beaucoup signalent encore divers problèmes, même si celui avec l’écran de chargement semble avoir été corrigé.