Le crédit à la consommation cherche son salut dans la mobilité et la rénovation des logements

Le crédit à la consommation cherche son salut dans la mobilité et la rénovation des logements
Le crédit à la consommation cherche son salut dans la mobilité et la rénovation des logements

Déjà fragilisés par la crise sanitaire, les acteurs du crédit à la consommation ont connu une année 2023 très difficile avec la hausse rapide des taux à partir de l’été 2022, qui a comprimé les marges à moins de 100 points de base fin 2022 – un niveau nettement insuffisant pour couvrir les coûts. et du risque, et a provoqué une rupture de l’offre et une demande de crédit qui s’est effondrée en même temps que la perte du pouvoir d’achat.

Aujourd’hui, les professionnels du crédit attendent une lueur de reprise en 2024. La demande est encore timide et le marché global est en baisse de 2,1% au premier trimestre, selon les chiffres de l’Association française des entreprises financières (ASF). ). La baisse était même de 10 % en mars.

Restitution des marges

En revanche, et c’est une bonne nouvelle pour le secteur, les marges se sont progressivement redressées, autour de 350 à 400 points de base, non loin des niveaux d’avant Covid. Même le coût du risque est globalement revenu vers la moyenne du marché (hors automobile), entre 100 et 150 points de base.

« Il est difficile d’y voir clair, compte tenu de la porosité croissante entre paiement fractionné et financement des petits achats des consommateurs, de la profonde restructuration du secteur du financement automobile et de l’attentisme des acteurs du crédit à l’égard de la consommation hors automobile, inquiets de l’évolution de la situation. effets de l’inflation sur les ménages »résume un bon connaisseur du secteur. « Nous sommes dans une situation où tout le monde dit que les choses vont changer et où tout le monde se réorganise autour de l’automobile et de la rénovation énergétique »il continue.

Restructurations en série

Certains acteurs du crédit à la consommation, notamment historiques, se font plus discrets. « Chacun retravaille sa copie » dit un professionnel du secteur. C’est notamment le cas chez ONEY, filiale de BPCE, qui a déjà développé son réseau international l’année dernière. Autre acteur historique, BNP Paribas Personal Finance (qui porte notamment la marque Cetelem) a décidé de réagir très tôt à la perte de revenus prévisibles, dès l’été 2022.

Cette filiale de BNP Paribas a d’abord réduit drastiquement sa présence à l’international, de l’Europe centrale à la Scandinavie, en passant par le Mexique et le Brésil (soit l’équivalent de 20 % de son précédent résultat net). crise), avant d’annoncer au printemps 2023 un plan de départs volontaires pour 950 personnes en France (20% des effectifs). Ces réductions d’effectifs sont principalement liées à l’acquisition de Laser Cofinoga en 2016 (plus de 4 000 salariés, effectif excédentaire qui devait initialement être résorbé par la croissance attendue des revenus).

La nouvelle a créé un choc dans un secteur autrefois florissant et peu habitué aux plans sociaux. Environ 80 % de ce plan social est désormais mis en œuvre et environ 250 salariés ont été reclassés au sein du groupe, selon la direction. “Aujourd’hui, nous passons à l’étape suivante”, indique Charlotte Dennery, directrice générale de BNP Paribas Personal Finance. Dans une vidéo interne, Thierry Laborde, directeur général adjoint de BNP Paribas, a même lancé un message « PF is back » pour remotiver les troupes.

Le tour de la voiture

D’autres acteurs, comme le Crédit Agricole, mais aussi le Crédit Mutuel (Cofidis), ont pu utiliser une base de coûts plus faible (coefficient d’exploitation inférieur à 50 %) pour absorber cette baisse brutale d’activité sans réduire les effectifs. Mais le principal amortisseur était sans aucun doute l’automobile !

« Le marché a été très difficile en 2023 et, malgré tout, nous avons eu de bons résultats, en grande partie grâce à la mobilité, qui nous a permis de générer du volume. » » reconnaît Stéphane Priami, directeur général de Crédit Agricole Personal Finance & Mobility, la nouvelle marque du groupe filiale spécialisée du Crédit Agricole pour mieux refléter les évolutions du marché.

Chez BNP Paribas, l’avenir s’écrit aussi de plus en plus sous forme de « mobilité ». “En dix ans, nous avons complètement changé de modèle économique et le poids du crédit auto dans l’activité a doublé passant de 22% à près de 46% en 2023”, souligne le dirigeant. Et là encore cette filiale n’inclut pas les activités de leasing, regroupées sous la marque Arval.

Trois dirigeants européens

Le Crédit Agricole a fortement accéléré ces dernières années dans le secteur automobile, où il était à la traîne. Il a profité de la réorganisation des filiales financières du constructeur Stellantis – un meccano complexe devenu un véritable cas d’école – pour renforcer sa position dans le leasing et créer une filiale européenne, CA Auto Bank, dont l’ambition est de devenir le numéro un du leasing. France. Au total, les automobiles représentent déjà 52% de la production du CAPFM en 2023 et 57% au premier trimestre. “Je ne veux pas aller au-delà de 65% car les ménages ont aussi besoin de financer leur consommation et l’équipement de leur logement”tempère cependant le banquier.

Quant au troisième concurrent de dimension européenne, Santander Consumer Bank, le secteur automobile ne représente pas moins de 75 % de son activité. Cette filiale du groupe bancaire espagnol vient de faire son retour sur le marché français en reprenant une filiale du constructeur Stellantis. Et selon Les échos, elle serait également en lice pour créer une joint-venture avec Renault dans le leasing automobile. La bataille automobile s’annonce donc rude sur un marché des nouvelles immatriculations en croissance de 7% en Europe sur les quatre premiers mois de l’année.

Les trois principaux financiers européens – Santander, BNP Paribas et Crédit Agricole – ont largement profité de la concentration des acteurs – avec la disparition des petits acteurs mais aussi la fin du classique « prêt auto » vendu dans les agences bancaires. Les sociétés captives des industriels perdent également du pouvoir, à l’exception des plus grandes. ” Mais ce qui change le plus, c’est le nombre de constructeurs. »note Richard Bouligny, directeur général adjoint du CAPFM.

De belles affaires à faire

Tout le monde guette la montée en puissance des constructeurs chinois et revendique leur proximité avec la Chine. CAPFM met en avant sa présence paneuropéenne, un atout stratégique pour un nouvel entrant. La Chine est d’autant plus importante que le Crédit Agricole nourrit l’ambition » devenir le leader de la mobilité électrique en Europe ». Sortie donc des doutes sur la pertinence de l’objectif d’un horizon “entièrement électrique” en 2035.

L’interdiction de vente de voitures thermiques en 2035 peut-elle être repoussée ?

« Entre le point de départ et le point d’arrivée, il peut y avoir des oscillations, mais je n’ai aucun doute sur le point d’arrivée. Sur le long terme, je ne suis ni optimiste ni pessimiste sur l’électricité, je suis simplement légaliste », précise Stéphane Priami. Le groupe a signé un partenariat emblématique (non exclusif) avec Tesla en Europe. En 2023, 44% des financements de CA Auto Bank sont déjà réalisés dans les véhicules électriques (32% pour CAPFM pour un objectif 2026 de 50%), alors que la part de marché électrique tourne autour de 16% des immatriculations. .

La Chine est également dans le viseur de BNP Paribas PF, qui possède également deux joint-ventures dans l’Empire du Milieu, l’une dans le crédit à la consommation, l’autre avec le constructeur de voitures électriques Geely. Dix ans de présence en Chine dont le groupe français compte donc profiter.

BNP Paribas PF a également remporté l’appel d’offres pour Jaguar Land Rover et d’autres partenariats restent ouverts, comme avec Nissan ou encore Ford qui réfléchit à travailler ou non avec sa captive en Europe. “Il y a encore de belles affaires à faire” soutient Charlotte Dennery.

La manne de la transition

Dans le domaine du crédit à la consommation hors automobile, que ce soit via des distributeurs ou par vente directe sur plateforme, la problématique est aussi de plus en plus européenne. BNP Paribas PF a notamment fait du secteur « Telco » (électronique grand public) un pôle de croissance majeur, avec des partenariats notamment avec Apple ou Currys au Royaume-Uni, mais aussi Orange dans le cadre de l’accord entre Orange Bank et BNP Paribas pour le rachat de les affaires. La rénovation énergétique est aussi le marché le plus prometteur, estimé à 30 ou 40 milliards d’euros par an en France. BNP Paribas PF bénéficie de sa filiale Domofinance, créée il y a 20 ans avec EDF, spécialisée dans le domaine.

Sofinco, la filiale de CAPFM (crédit non auto), dont l’objectif est d’être numéro un en France d’ici 2026, est également en lice.. « Nous sommes convaincus du rôle que peuvent jouer les banques sur ce sujet », appuie Franck Oniga, directeur général de Sofinco. L’économie circulaire est également au centre de toutes les attentions en termes de nouveaux usages des consommateurs..

De nouveaux usages

« Les raisons qui ont poussé les Français à arrêter d’acheter des voitures, comme l’évolution du rapport à l’immobilier mais aussi la hausse du prix des équipements neufs, s’appliqueront également aux autres biens d’équipement. Regardez le succès des smartphones reconditionnés ! C’est le marché de demain”, observe Franck Oniga. Sofinco, comme d’autres, réfléchit donc à des offres de « location » sur la téléphonie, l’électroménager ou les vélos électriques, avec des packs de services et d’assurance.

Floa (BNP Paribas) vient de présenter au salon Vivatech sa nouvelle offre de paiement fractionné Circle Pay, qui consiste à financer en plusieurs fois la différence de prix d’un smartphone neuf avec le montant de la reprise de l’ancien smartphone. « Cela permet d’introduire de la circularité dans le paiement et le crédit. » souligne Marc Lanvin, directeur général adjoint de Floa.

« Le paiement fractionné, qui arrive à maturité, s’impose comme un moyen de paiement incontournable en Europe. Les acteurs sont désormais connus et la recomposition du secteur se fera désormais à la marge »souligne le banquier.

Le paiement fractionné s’étend en effet à de nouveaux mondes, comme l’économie circulaire, le tourisme et les voyages, et plus récemment l’entretien automobile, de plus en plus coûteux, ou encore le bien-être. , comme les soins de thalassothérapie ou les soins d’épilation. La chirurgie esthétique est même à l’étude !

Toutefois, la transposition de la nouvelle directive européenne sur le crédit à la consommation, actuellement en discussion avec le Trésor, risque de freiner le développement de ces nouvelles formules de crédit. Rappelons que la directive inclut désormais le paiement fractionné, les mini-crédits et la location avec option d’action (LOA) dans le domaine réglementaire du crédit à la consommation.

« Sur le délai d’octroi, un paiement fractionné, inséré dans un processus de paiement, ne doit pas être confondu avec un crédit long, au risque de tuer le marché »prévient notamment le banquier.

 
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