Malgré l’envoi d’une cinquantaine de curriculum vitae chacun, deux diplômés d’une formation rémunérée en construction ne parviennent pas à trouver d’emploi comme opérateurs d’équipement lourd.
«Je n’ai eu aucun entretien et aucun retour des entreprises», explique Richard Lemoyne, qui souhaitait réorienter sa carrière. Je suis motivé et prêt à travailler, mais personne ne veut me donner une chance.
Son camarade de classe Frédéric Paradis vit la même situation depuis sa sortie de l’école. Il croit que les employeurs ont des préjugés à l’égard des diplômés du programme AEP dans lequel ils ont étudié.
« J’ai l’impression de repartir avec deux prises contre moi en partant. Ils ne sont pas enthousiastes à l’idée d’embaucher un jeune tout juste sorti de l’école, ajoute-t-il. Cependant, nous avons le même nombre d’heures de formation qu’au DEP.
« La seule différence est que nous avons été formés sur trois machines au lieu de six. »
Le père a même tenté de passer par le syndicat des opérateurs de machinerie lourde pour trouver un emploi. Pourtant, le résultat fut le même.
“On peut se demander si quelqu’un a vérifié s’il y avait réellement une pénurie de main d’œuvre dans ce secteur”, a-t-il ajouté.
« Les intentions du gouvernement étaient sûrement bonnes, mais le programme était mal pensé et mal conçu », souligne Richard Lemoyne, 50 ans. On dirait qu’il a été garrotté.
Du côté du ministère du Travail, on assure que le choix des métiers pour la formation AEP a été fait en fonction des besoins soulevés par la Commission de la construction du Québec (CCQ). « Un nombre important d’initiatives sont en place pour assurer des liens entre les diplômés et les entrepreneurs », a répondu par écrit l’attaché politique du ministre Jean Boulet.
De l’amertume
Les deux diplômés ne regrettent pas leur retour aux études. Ils ont toutefois mal avalé leur café lorsqu’ils ont appris que la CCQ allait ouvrir son bassin d’emplois d’opérateurs d’excavatrices, quelques semaines après la fin de leurs cours l’été dernier.
Frédéric Paradis dénonce le manque de soutien aux diplômés de l’AEP.
Photo fournie par Frédéric Paradis
«Tout le monde pouvait postuler à un emploi, y compris les manœuvres qui travaillent dans des entreprises depuis plusieurs années», explique Frédéric Paradis. Pourquoi ouvrir le vivier alors qu’il y a des dizaines de personnes formées au métier d’opérateur qui arrivent sur le marché du travail ?
Du côté de la CCQ, nous avons confirmé l’ouverture du bassin dans la région de Trois-Rivières en août. Ajoutons que les diplômés des programmes AEP et DEP étaient prioritaires.
« Si le nombre de nouveaux diplômés n’est pas suffisant pour répondre aux besoins de l’industrie pour un métier et une région donnés, la CCQ peut choisir d’ouvrir le bassin selon les modalités du Règlement sur la délivrance des certificats de compétence en cas de pénurie», indique par courriel un porte-parole de la CCQ.
Cependant, selon différentes sources, il n’y avait pas de pénurie dans le domaine de l’exploitation des machines lourdes à cette époque. Bien au contraire. Il y a eu beaucoup d’appelés et très peu d’élus.
Déneigement en attendant
Même si Richard Lemoyne et Frédéric Paradis ont chacun un travail pour payer leurs factures, ils ressentent une certaine pression. Celui de devoir compléter leur attestation CCQ de 150 heures avant le 31 décembre 2025.
Sans ce certificat de compétences, ils devraient passer par le vivier pour trouver un emploi.
«Nous sommes prêts à faire nos 150 heures, mais personne ne nous laisse de chance», affirme M. Paradis. Entre temps, on m’a proposé de faire du déneigement commercial afin d’accumuler des heures pour ma certification.
Malgré leur déception ces derniers mois, les deux hommes ne comptent pas baisser les bras. Ils poursuivront leurs efforts en espérant qu’un employeur leur donnera l’occasion de faire leurs preuves.