Une partie de la Guadeloupe passe sa deuxième nuit consécutive sous couvre-feu, la préfecture ayant reconduit samedi soir cette mesure “dans certains secteurs” en réponse aux violences urbaines survenues à la suite d’une coupure généralisée d’électricité.
Alors que près d’un quart des foyers restent privés d’électricité, ce couvre-feu, imposé de 22 heures à 5 heures (3 heures à 10 heures à Paris), concerne des secteurs d’une dizaine de communes et vise à « prévenir les risques de troubles à l’ordre public » après les « violences urbaines inacceptables » qui ont eu lieu dans la nuit de vendredi à samedi, indique le préfet dans un communiqué.
The municipalities concerned are Les Abymes, Baie-Mahault, Basse-Terre, Gosier, Lamentin, Le Moule, Morne-à-l’Eau, Pointe-à-Pitre, Petit-Canal, Sainte-Anne and Sainte-Rose.
Une panne généralisée a touché la Guadeloupe à partir de vendredi à partir de 8h30 locales, “suite à l’arrêt illégal” des moteurs de la centrale EDF-PEI de Jarry qui fournit la majorité de l’électricité. l’électricité sur le territoire de près de 380 000 habitants.
A 17 heures samedi (22 heures à Paris), l’électricité avait été rétablie pour “178 200 clients”, soit 77% des personnes concernées, selon EDF.
La préfecture a indiqué qu’une “perspective de retour à la normale (était) attendue durant le week-end”.
EDF, via sa filiale EDF-PEI, a déposé vendredi une plainte contre X, pour « mise en danger d’autrui », au commissariat de Pointe-à-Pitre, a indiqué l’entreprise.
– Pillage –
Le « couvre-feu général » imposé vendredi par le préfet sur tout le territoire n’a pas empêché les pillages et les dégâts, notamment à Pointe-à-Pitre. Dans la capitale guadeloupéenne, onze magasins ont été vandalisés, dont un supermarché, une banque et trois bijouteries « attaquées à la tractopelle », selon la procureure adjointe Alexandra Onfray.
Sur place, les policiers ont essuyé des tirs à balles réelles. Deux personnes ont été interpellées, selon la même Source.
Alors qu’un conflit social dure depuis plusieurs semaines entre la branche énergie de la CGT et la direction d’EDF Production électrique insulaire (PEI), le préfet Xavier Lefort a accusé, peu après la coupure, les “salariés en grève” de la centrale de Jarry qui « est entré dans la salle de contrôle » et a « provoqué l’arrêt d’urgence de tous les moteurs ».
Les gendarmes sont intervenus pour « sécuriser la salle de contrôle », a expliqué le préfet qui a alors réquisitionné des salariés.
Dans un communiqué publié samedi soir, la Fédération de l’énergie de la CGTG (FE-CGTG) affirme que « ses appels à la grève restent conformes au plan croix rouge (fournitures nécessaires à l’alimentation de toutes les lignes prioritaires) en lien avec la Préfecture. ».
– « Graves conséquences » –
Grâce à ses générateurs, le CHU de Guadeloupe poursuit son activité mais indique avoir reçu “en urgence trois familles” pour une intoxication au monoxyde de carbone, dont un nourrisson de 10 mois “traité en réanimation”.
Les critiques et les réactions indignées face à ce « black-out » se sont multipliées. Le Syndicat des entreprises de Guadeloupe, représentant du Medef sur le territoire, a dénoncé un « acte criminel », ajoutant que « les plus petites entreprises paieront le plus lourd tribut avec des pertes de stocks et de matériels ».
Le président de la région Ary Chalus a dénoncé « l’irresponsabilité des actes qui ont gravement mis en péril la santé des Guadeloupéens et l’économie du pays » tout en déplorant « les séquences qui ont conduit à cet épisode désastreux ».
Des grévistes de la centrale ont indiqué vendredi à l’AFP avoir coupé les moteurs “après que la direction a convoqué l’un de (leurs) dirigeants, peut-être en vue d’un licenciement”.
Le mouvement social, qui dure depuis le 15 septembre, concerne la mise en œuvre d’un accord signé début 2023, après deux mois de grève pour exiger la mise en conformité des contrats et des rémunérations avec le droit du travail.
Depuis, cela a provoqué des coupures d’électricité affectant jusqu’à 100 000 foyers.
Lundi, la direction d’EDF-PEI a proposé la signature d’un accord que la fédération CGT-Guadeloupe de l’énergie a refusé, dernier point de friction relatif au mode de calcul des congés payés.