sur Strava, ces « féroces » chassent les records (KOM) à tout prix

sur Strava, ces « féroces » chassent les records (KOM) à tout prix
sur Strava, ces « féroces » chassent les records (KOM) à tout prix

Par

Maxim T’sjoen

Publié le

16 novembre 2024 à 19h19
; mis à jour le 16 novembre 2024 à 19h53

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De joggeur à ultra-trailer, de cycliste du dimanche à Tadej Pogačar, il Stravatout le monde peut trouver quelque chose d’utile dans l’application.

Parmi ses fonctions, une est très appréciée : les KOMverser Roi de la montagneet son homologue féminin, le QOM, Reine de la montagne.

Concrètement, il s’agit de se classer parmi d’autres athlètes sur un tronçon de route plus ou moins long, un segment, conçu par les usagers. Cela peut aller du sprint à la montée d’un col, c’est la différence.

Vous recevez une couronne si vous êtes premier, une coupe avec votre place, si vous êtes dans le Top 10. Jusqu’à présent, rien d’anormal, un match, entre autres.

Plus certains en ont fait une spécialitéune véritable quête sportive. Une façon de montrer vos performances puisque le classement est entièrement public.

«C’est un jeu», s’amuse Marc, 53 ans, président d’un club cycliste en Moselle. « C’est une façon de s’entraîner. »

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Parfois je fais un KOM plus court ou plus long selon ma formation.

Marc

Une certaine formation

Il faut dire que le cycliste n’est pas non plus un simple cyclotouriste : 13 000 km par an, cinq sorties par semaine, et un titre de champion de du contre-la-montre par équipes (catégorie 45-60 ans). Ça pédale fort ! Résultat ? 300 KOM à son actif.

Toutes les personnes que nous avons interviewées, uniquement des hommes, sont néanmoins des sportifs aguerris. Deux triathlètes, un cycliste et un coureur qui ont tous un point commun : aimer gravir les échelons du classement Strava.

Dans leur entraînement et pour le plaisir d’obtenir une récompense virtuelle, chacun trouve un intérêt à courir après un KOM.

Romain, triathlète quiberonnais, y voit « comme un objectif ». ” C’est un peu comme un coach, virtuel. Pour progresser, il faut aussi s’entraîner avec quelque chose de mieux que soi-même», estime ce Breton de 39 ans, qui fait du sport avant tout pour participer à des courses.

Cela permet de dépasser ses limites : de se dire « je vise la troisième place du classement. Plutôt qu’une minute, je prendrai 45 secondes.

Romain
Romain est triathlète. (©DR)

Strava encourage les gens à obtenir un KOM

Mais les sessions de formation ne sont pas les seuls facteurs permettant d’atteindre les KOM. Un côté un peu addictif, lié à l’application elle-même.

« Strava vous indique quand vous êtes à deux secondes du KOM, donc vous avez envie de recommencer », souligne Éric, Normand de 61 ans, utilisateur intensif. « Tout est fait pour aller vite. »

Simon, parisien de 26 ans, confirme. Pendant son jogging, le coureur reçoit fréquemment une notification de Strava lui indiquant qu’il est dans le classement d’un segment.

Alors à ce moment-là, je sais qu’il y a un segment, je regarde l’heure du premier, et je me dis « ok, demain j’y retourne et j’essaye de faire un KOM ».

Simon
Simon utilise Strava tout le temps. (©DR)

Une histoire de compétition

Eh bien, il y a un côté compétition et plaisir coupable à chercher un record, grimper le plus haut possible dans un classement et pourquoi pas, remporter le Graal.

« Cela vous pousse dans une impasse, vous incite à recommencer. J’attends avec impatience de savoir si j’ai réussi à être dans le top dix d’un segment », avoue Eric, conscient que son utilisation de Strava ne convient peut-être pas à tout le monde.

Romain apprécie particulièrement, lorsqu’il arrive dans une nouvelle destination, découvrir de nouveaux segments pour aller courir.

Ce qui est amusant, c’est de battre les athlètes professionnels qui n’ont pas le KOM mais qui sont dans le classement.

Romain

« C’est aussi pour ça que je cours», acquiesce Simon. « Ce genre de petits défis me touche vraiment car j’ai vraiment un esprit de compétition. »

Marc nous l’avoue en riant au téléphone : « Si quelqu’un me vole un KOM, la prochaine fois que je sors, j’essaierai de le récupérer. Mais le quinquagénaire, dont la vie est rythmée par le cyclisme, tente de se remettre en question.

« Certains KOM que j’ai passés en 2017, je les ai améliorés depuis », se réjouit-il. Preuve de progression.

Écoute ton corps

Romain, membre d’un club de triathlon, constate que, même au KOM, « le niveau monte ». La nutrition, l’équipement, l’entraînement sont en effet de plus en plus avancés, même à un niveau amateur.

Pousser toujours plus loin la performance. Mais le Breton de 39 ans l’assure, « même si ça permet de se dépasser, il y a des gens qui sont acharnés. Et moi,Je ne vais pas me détruire pour un KOM
. » L’esprit de compétition à ses limites : le corps humain.

Interrogé par - sur les efforts de haute intensité trop répétés, Blaise Dubois, physiothérapeute et fondateur de La Clinique du Coureur, rappelle qu’il est « très traumatisant pour le corps » de recourir aux KOM.

Courir plus vite et maximiser vos performances peut provoquer des blessures. Certaines personnes sont épuisées et fatiguées.

Blaise DuboisFondateur de la Clinique du Coureur

Tendinites, entorses, fractures sont au programme. Romain, suivi en club, confirme qu’il ne fait pas plus de deux sorties à haute intensité sur les six séances hebdomadaires.

Si se lancer dans les KOM est gratifiant, voire addictif, il faut penser à s’écouter et à ne pas trop forcer. Sinon, blessure garantie.

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