Barthélémy Philippe / Photo credit: MAGALI COHEN / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP
20h31, 23 octobre 2024modifié pour
L’Unédic, qui gère l’assurance chômage, a annoncé mardi des prévisions financières revues à la baisse, au moment où les partenaires sociaux ont relancé des négociations délicates et rapides sur l’indemnisation des demandeurs d’emploi et l’emploi des seniors. Ses comptes sont particulièrement plombés par les périodes de chômage des frontaliers.
Les frontaliers alourdissent les comptes de l’Unedic, qui gère les comptes de l’Assurance chômage. L’organisation dirigée par les partenaires sociaux a communiqué ses prévisions financières pour la période 2024-2026. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’avenir est loin d’être brillant. Le régime a une dette colossale de 60 milliards d’euros. Ses comptes sont particulièrement plombés par les périodes de chômage des frontaliers, qui génèrent des surcoûts de l’ordre de 800 millions d’euros par an pour l’UNEDIC.
500 000 frontaliers en France
La France est le pays d’Europe qui compte le plus de travailleurs frontaliers, avec près de 500 000 travailleurs à l’étranger. Or, en vertu d’un accord européen, les frontaliers ne cotisent pas à l’assurance chômage car ils ne travaillent pas en France. Par contre, s’ils perdent leur emploi, ils sont indemnisés, et cela coûte très cher. Car les inégalités se creusent entre la France et ses voisins, comme l’explique l’économiste Bruno Cocquet : « pour un certain nombre de pays, c’est le cas de la Suisse, les salaires sont devenus très différents dans les pays frontaliers de ce qu’ils sont en France pour une même profession ». et les mêmes conditions d’emploi. Par le mécanisme du différentiel de salaire et du taux de change, le coût de la rémunération a augmenté de manière significative.
Le salaire annuel moyen en Suisse est près de 3 fois supérieur à celui de la France. Alors, que pouvons-nous faire pour éviter le coût supplémentaire des travailleurs frontaliers au chômage ? Les responsables politiques se cachent derrière une hypothétique négociation européenne alors qu’il existe une solution en droit national, selon Bruno Coquet : « C’est assez simple, il suffit de traiter la formule de calcul de l’allocation en intégrant un paramètre qui prend en compte l’écart salarial. entre la France et la Suisse. Il gagnerait à être appliqué, d’autant que depuis 2011 le surcoût de l’indemnisation des frontaliers s’élève à 9 milliards d’euros…