Le « bien-être au travail » rejette la faute sur les salariés

Le « bien-être au travail » rejette la faute sur les salariés
Le « bien-être au travail » rejette la faute sur les salariés

toine fait pas de « bulle de bien-être ». Un « havre de paix » où l’on retrouve du mobilier ergonomique, une décoration inspirante, une « ambiance olfactive et sonore apaisante », et des plantes. Où sommes-nous? Dans le spa d’un hôtel, en attente d’un massage aux pierres chaudes ?

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Argot de bureau. DR/SIMON LANDREIN

Malheureusement non : en y regardant de plus près, on découvre une boîte remplie de petites perles portant le smiley « ? », ou encore un bouton diffusant une playlist et un parfum spécial. Ce n’est pas une blague, c’est un prestataire qui propose aux responsables RH de réorganiser leurs salles de pause en… « espaces de bonne humeur ».

À 1 000 lieues de là, à la RATP, les salariés chargés de la maintenance du RER testent depuis le début de l’année des « exosquelettes » futuristes, pour faciliter leur posture lorsqu’ils réparent les portes des trains.

Quel est le point commun entre ces deux exemples ? Ils prétendent améliorer le « bien-être au travail », l’un en luttant contre les risques psychosociaux qui envahissent la santé mentale des employés de bureau, l’autre en limitant les troubles musculo-squelettiques chez les manutentionnaires ou artisans.

QVCT ne fait pas rêver

Selon la Constitution de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), « La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social et ne consiste pas simplement en une absence de maladie ou d’infirmité. ».

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés « La qualité de vie et les conditions de travail sont l’affaire de tous ! », un ouvrage qui prône la culture de la parole face aux risques psychosociaux

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Cependant, la gestion de la santé au travail n’est pas nouvelle. Ce domaine s’est formalisé dans les années 1970, à l’origine pour parler des conditions de travail des travailleurs. Petit à petit, les spécialistes ont commencé à parler de « qualité de vie au travail » (QVT), élargissant les conditions de travail aux organisations, aux horaires, puis à l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée. En France, un accord national interprofessionnel est même consacré à la QVT en 2013, puis en 2020 à la qualité de vie et aux conditions de travail (QVCT).

« QVCT » ne fait pas rêver. Ces dernières années, le monde de la prévention – et notamment les employeurs – privilégie le « bien-être au travail ». Sa définition est très large : selon l’Institut national de recherche et de sécurité, il s’agit d’un « un sentiment général de satisfaction et d’épanouissement dans et par le travail qui va au-delà de l’absence d’atteinte à la santé ».

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés « QVT. “En finir avec les conneries” : derrière le concept de qualité de vie au travail, des solutions cosmétiques

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Jouant de ce flou, les actions en matière de bien-être au travail échouent souvent. Dans Les Servitudes du bien-être au travail. Impacts sur la santé (Erès, 2021), ouvrage collectif réalisé sous la direction de Sophie Le Garrec, des chercheurs décrivent les dérives du management de la santé vers des injonctions vagues pour le développement personnel des salariés. Basé sur des smileys – méfiez-vous toujours des smileys dans un contexte professionnel – ou des slogans impersonnels affichés sur les murs comme “Trouvez la véritable essence de vous-même”

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