un bus pour contacter les saisonniers et faire valoir leurs droits

un bus pour contacter les saisonniers et faire valoir leurs droits
un bus pour contacter les saisonniers et faire valoir leurs droits

EToujours chaussés de bottes, Jamel, Mehdi et Zohir descendent d’un fourgon dont la carrosserie annonce : « Travaux de la vigne ». Les trois vendangeurs se dirigent vers un étrange camping-car garé face à l’Intermarché de Pauillac, à l’heure où les saisonniers font leurs courses après le travail. Sa carrosserie indique : « Le Bus en + ».

Depuis près d’un an, ce dispositif mobile (financé à 80 % par l’Union européenne) permet au Conseil départemental d’aller à la rencontre des Girondins vivant dans les zones les moins bien desservies, en Haute Gironde et dans le Médoc. Dans les déserts médicaux des deux rives de l’estuaire, ce véhicule propose des services de protection maternelle et infantile, des consultations de santé sexuelle, etc.


Mise à disposition de bus plus le Conseil Départemental de la Gironde pour rencontrer les saisonniers de la vigne pendant les vendanges, jeudi 26 septembre 2024 à Pauillac, face au bureau de Médecins du monde.

Voir B.

Ce couteau suisse sur roulettes peut également être déployé ponctuellement, comme après les tempêtes de Naujac en juin, pour aider les sinistrés à effectuer leurs démarches. Et, comme c’est le cas ce jeudi 26 septembre, d’aller à la rencontre des saisonniers au moment des vendanges.

Dans le véhicule, Fatiha, conseillère numérique, et Coralie, conseillère en économie sociale et familiale, se penchent sur la problématique des trois Marocains. « Nous sommes en France avec une carte de séjour saisonnier, qui nous permet de rester six mois par an, et nous souhaiterions avoir une carte Vitale », explique Jamel. On vérifie : ils y ont droit – ils cotisent à la Mutualité sociale agricole (MSA) ; et ils sont en France depuis plus de trois mois. En mélangeant le français, l’arabe et le berbère pour se comprendre, en utilisant WhatsApp pour s’envoyer les documents requis, une demande se fait.

Accès aux droits

« L’accès aux droits est au cœur de notre démarche », explique Cécile Huguet, du centre d’insertion territoriale de Castelnau-de-Médoc. « Et la première d’entre elles est la domiciliation postale. » Sans adresse, il est impossible d’ouvrir un compte ou d’entreprendre quoi que ce soit. « Mais nous proposons également des services comme la vaccination contre le tétanos. »

« Nous parvenons à repérer des personnes qui, autrement, resteraient hors de notre radar. Les gens qui vivent dans des camions… »

A l’arrière du bus, à côté de « l’accueil », une petite alcôve a été aménagée, juste assez grande pour réaliser des consultations gynécologiques. Un mini-laboratoire permet d’y réaliser des analyses, avec la bénédiction de l’Agence régionale de santé.

L’audience Bus en + propose un aperçu de la population des travailleurs saisonniers. « Grâce à lui, nous sommes en mesure de repêcher des personnes qui, autrement, resteraient hors de notre radar. Par exemple, les gens qui vivent dans des camions», note Stéphane Le Bot, élu PCF du canton Nord-Médoc et vice-président du Département chargé de l’agriculture. « Il y a beaucoup d’étrangers, notamment des Marocains, mais aussi des Espagnols, des Roumains et des Bulgares… »

Ce constat sur la sociologie et les problèmes de logement recoupe les observations faites par la mission travailleurs précaires de Médecins du monde, présente depuis un an dans l’immeuble voisin Bus en +. L’ONG et le Département ont travaillé ensemble pour agir en complémentarité sur l’accès aux droits et l’accès aux soins.

Le casse-tête du logement

« On sait qu’à côté des gens qui font les choses correctement, il y a des marchands de sommeil, y compris à Pauillac. Ce n’est pas un secret », reconnaît Stéphane Le Bot. « Mais ceux qui veulent bien faire les choses ne sont pas des professionnels de l’hôtellerie. Peut-être faudrait-il assouplir les normes, de manière dérogatoire et très temporaire pour les vendanges», argumente le vice-président.

Dans le viseur : l’arrêté de juillet 1996 interdisant l’hébergement sous tente chez l’exploitant. “Dans le Médoc, on arrive à accueillir des milliers de vacanciers, il faut pouvoir accueillir sans problème les saisonniers avec un accès aux toilettes et à l’eau”, poursuit Stéphane Le Bot.


Un conseiller numérique et un conseiller en économie sociale et familiale s’efforcent de trouver des solutions aux demandes.

Voir B.

Une position qui rejoint celle de l’Association nationale pour l’emploi et la formation en agriculture (Anefa), lors d’une réunion sur le logement des saisonniers en mai. La suspension de la réglementation destinée à protéger les travailleurs du logement sous toile les empêchera-t-elle de s’entasser dans des logements surpeuplés ou de se cacher dans des camions garés dans les bois ?

En tout cas, le Bus en + est une occasion supplémentaire de mettre le sujet en lumière, se félicite Sophie Borderie, directrice du Centre de solidarité territoriale de Castelnau-de-Médoc « Certains disent : il n’y a pas de problèmes en Médoc puisqu’on ne les voit pas. Mais c’est tout le problème, c’est qu’on ne les voit pas ! »

Jamel partage une maison avec quatre personnes à Pauillac. Question de confort ? “C’est bon… C’est du travail !” » résume-t-il, avec philosophie.

Prochain arrêt du Bus en + à Pauillac le 10 octobre de 17h à 20h

 
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