La France et l’Europe face au défi de la réouverture des mines

La France et l’Europe face au défi de la réouverture des mines
Descriptive text here

Les Chinois n’ont pas attendu les Européens. « L’Arabie Saoudite possède le pétrole et nous avons les terres rares en Chine » , Le président chinois Deng Xiaoping aurait déclaré en 1992. Tout en continuant à ouvrir des centrales à charbon, Pékin a su anticiper la transition énergétique en prenant le contrôle de cette nouvelle chaîne de valeur.

« La Chine, par exemple, est le premier producteur mondial de graphite utilisé dans les batteries électriques. Pékin a également pu développer un savoir-faire dans le raffinage du lithium ou prendre le contrôle de mines comme celle du cobalt en République du Congo. Au contraire, de l’extraction à la transformation, l’Europe est très peu présente dans les ressources minérales de la transition énergétique. observe Yves Jégorel, chaire matières premières et transitions durables au Cnam (Conservatoire national des arts et métiers).

L’Union européenne vient tardivement d’adopter une législation sur les matières premières critiques. Il y a urgence car la demande en métaux issus des terres rares devrait par exemple être multipliée par six d’ici 2030 et par sept d’ici 2050, souligne la Commission européenne. Pour le lithium, la demande devrait même être multipliée par douze d’ici 2030 et par vingt d’ici 2050.

Diversifier les approvisionnements

Avec ce texte, l’Europe veut créer des chaînes de valeur et diversifier ses approvisionnements. Les projets stratégiques bénéficieront d’un soutien à l’accès au financement et de délais d’autorisation plus courts : vingt-quatre mois pour les permis d’extraction et douze mois pour les permis de transformation et de recyclage.

Pour sécuriser ses approvisionnements, l’Europe noue également des partenariats stratégiques comme celui actuellement en discussion avec l’Australie.

Les pays membres sont également appelés à développer des programmes nationaux d’exploration des ressources géologiques. D’ici 2030, l’Europe vise une consommation annuelle d’au moins 10 % de minéraux extraits localement, 40 % transformés au sein de l’Union européenne et 25 % de matériaux recyclés. Aucun pays tiers ne sera en mesure de fournir plus de 65 % de la consommation annuelle de l’une de ces matières.

La France a quant à elle lancé l’Ofremi (l’Observatoire français des ressources minérales pour les filières industrielles) en novembre 2022. Comme à l’échelle européenne, il s’agit de maîtriser la chaîne de valeur de certains matériaux critiques : lithium, nickel, cobalt, titane. , terres rares. Cette cellule d’intelligence économique travaille des organismes spécialisés dans ce domaine : BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières), CEA (Commissariat à l’énergie atomique), Ademe (Agence de la transition écologique), Ifri (Institut français du pétrole et des énergies nouvelles), Cnam ( Conservatoire National des Arts et Métiers).

Un projet financé dans le cadre de France 2030 à hauteur de 6 millions d’euros pour les deux premières années. «J’espère qu’il deviendra le bras armé de notre stratégie nationale minière, industrielle et énergétique», » a déclaré Agnès Pannier Runacher, alors ministre de la Transition énergétique. Une délégation interministérielle pour l’approvisionnement en minéraux et métaux a également été créée.

De manière très concrète, la France mise sur le lithium avec un projet porté par le groupe Imerys dans l’Allier. D’autres sentiers existent également dans le Finistère, la Creuse et la Haute-Vienne. La production de lithium pourrait également émerger des saumures géothermiques du nord de l’Alsace. Enfin, le gouvernement tente de sauver la filière nickel calédonienne, en grande difficulté.

« Nous devons réfléchir à notre souveraineté en matière de matières premières, de technologies et d’industrie. Nous ne pouvons pas séparer les trois. » a récemment rappelé le président de RTE, Xavier Piechaczyk, dans un entretien au journal Le monde.

C’est également pour répondre à ces problématiques que le gouvernement a décidé de se lancer dans une simplification du Code minier. L’objectif est de réduire les délais de traitement des autorisations exclusives de recherche à une fourchette comprise entre six et neuf mois contre seize à dix-huit mois aujourd’hui. Ces mesures seront mises en œuvre dans le cadre d’un projet de loi.

A très court terme, le gouvernement tente aussi de sauver la filière nickel calédonienne de la tourmente. Des difficultés liées à une baisse des prix de 50% depuis fin 2022 ainsi qu’à la concurrence du nickel indonésien.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Walmart et sa nouvelle marque « Bettergoods » : pour le meilleur ou pour le pire des Québécois ?
NEXT Le groupe Casino, en proie à de graves difficultés financières, a vendu 121 magasins à Auchan, Les Mousquetaires et Carrefour