« Pour conserver nos talents, nous devons leur offrir des conditions de travail attractives »

« Pour conserver nos talents, nous devons leur offrir des conditions de travail attractives »
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Dans cet entretien accordé à Challenge.ma, Youssef El Maddarsi, PDG de Naoris, fait le point sur la E-gouvernance au Maroc.

Les technologies avancées permettent aux pays d’aller au-delà des modèles de développement traditionnels, en mettant l’accent sur l’amélioration de la confiance numérique, de la sécurité et de la qualité des services. L’un des défis actuels consiste à intégrer ces technologies dans les stratégies du secteur public afin de stimuler la croissance et l’innovation durables.

Volonté politique, réglementation, gouvernance, facteur humain, manque de compétences, financement… Quels sont, selon vous, les obstacles et contraintes qui plombent le processus de digitalisation des administrations publiques ?

La numérisation des administrations publiques est confrontée à des défis majeurs, notamment des technologies qui progressent beaucoup plus vite que les réglementations, une gouvernance fragmentée, la résistance humaine au changement, un manque de compétences numériques et des contraintes financières. Pour surmonter ces obstacles, une approche intégrée est donc nécessaire, nécessitant des mises à jour réglementaires, un renforcement des capacités et des investissements stratégiques dans la formation et les technologies pour garantir une transformation numérique réussie et complète.

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Aujourd’hui, quel modèle de partenariat PPP pour le développement de l’egov au Maroc ?

Au Maroc, les partenariats public-privé (PPP) adaptés au développement de l’e-gouvernement peuvent prendre plusieurs formes. Parmi ceux-ci, le modèle Build-Operate-Transfer (BOT) semble particulièrement prometteur. L’avantage du BOT réside dans sa capacité à combiner expertise technique et financements privés avec des objectifs de service public, tout en limitant les risques financiers et opérationnels pour l’État. Cela permet une mise en œuvre efficace et rapide des technologies nécessaires, avec un transfert progressif des compétences et de la gestion vers le secteur public, ce qui est crucial pour le succès à long terme des initiatives d’administration électronique.

Egov est un de vos domaines d’intervention, quel regard portez-vous sur l’écosystème marocain ?

Chez Naoris, nous observons attentivement l’évolution de l’écosystème de l’e-gouvernement au Maroc, qui présente un mélange prometteur d’opportunités et de défis. Le Maroc a réalisé des progrès significatifs grâce aux initiatives visant à numériser les services publics. Toutefois, des défis subsistent, notamment la fragmentation des efforts et le besoin accru de compétences numériques au sein de la main-d’œuvre. Je pense que le renforcement de la collaboration entre les secteurs public et privé pourrait accélérer la numérisation tout en maximisant l’efficacité et l’innovation. Une telle approche alignerait les ressources et l’expertise nécessaires pour surmonter les obstacles actuels, créant ainsi un écosystème d’administration électronique plus intégré et centré sur l’utilisateur au Maroc.

La digitalisation des EP est en marche (on le voit à travers certains succès), la volonté est là… mais avec quelles compétences locales ?

Concernant la digitalisation des entreprises publiques au Maroc, nous sommes sur la bonne voie, malgré certains défis comme la fuite des talents dans le secteur de la tech. Pour y remédier, il est crucial de renforcer notre système éducatif afin qu’il réponde mieux aux besoins du marché. Nous devons établir des partenariats solides avec les universités et les centres de formation pour garantir que les programmes sont bien alignés sur les exigences actuelles de l’industrie. Créer des centres d’excellence dans des domaines technologiques comme la cybersécurité, l’IA ou la blockchain serait également une excellente initiative.

Par ailleurs, pour garder nos talents au Maroc, nous devons leur offrir des conditions de travail attractives. Cela comprend une rémunération compétitive, de réelles opportunités de développement professionnel et un environnement de travail inspirant et motivant. L’introduction d’un Visa-Tech pourrait également nous aider à attirer et à retenir les talents internationaux, tout en enrichissant notre marché du travail grâce à un échange de compétences et de connaissances. En s’inspirant de pays comme le Rwanda et le Nigeria, qui ont développé des écosystèmes technologiques dynamiques, le Maroc, déjà leader régional en matière de technologie, a tout à gagner à renforcer sa position dans ce domaine. En adoptant une approche stratégique et bien accompagnée, nous pouvons non seulement surmonter les défis, mais également maximiser les opportunités offertes par la numérisation. Cette orientation renforcera la position du Maroc en tant qu’acteur incontournable dans le monde de la technologie et de l’innovation.

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Le visa Tech est-il une solution ?

Le visa Tech pourrait en effet être une solution pertinente pour le Maroc. Ce type de visa est conçu pour attirer les talents internationaux, enrichissant ainsi notre écosystème technologique de compétences diverses et de nouvelles idées. Cela peut également contribuer à combler des lacunes immédiates en matière de compétences tout en favorisant le transfert de connaissances vers les professionnels locaux. Pour retenir nos talents technologiques, il est crucial de créer un environnement attractif dans lequel ces professionnels peuvent s’épanouir. Cela comprend l’offre de salaires compétitifs, de parcours de carrière intéressants, de possibilités de formation continue et d’un environnement de travail stimulant qui encourage l’innovation et la collaboration. Il est également important de souligner les perspectives de développement de projets de grande envergure ayant un impact social et économique important, ce qui peut être très motivant.

En comparant le Maroc à des pays comme le Rwanda et le Nigeria dans le domaine numérique, nous notons que ces pays ont réussi à créer des environnements favorables à la technologie grâce à des politiques gouvernementales fortes et à des investissements stratégiques dans les infrastructures et la technologie. éducation. Le Rwanda, en particulier, a mis en œuvre des réformes impressionnantes pour soutenir l’innovation et attirer les investissements étrangers, tandis que le Nigeria bénéficie d’un vaste marché intérieur et d’une scène de start-up très active.

Le Maroc, malgré sa domination continentale, pourrait s’inspirer de ces modèles pour renforcer son propre secteur numérique, notamment en améliorant les infrastructures et en accompagnant les start-up, affirmant ainsi son leadership continental. Pour faire de l’innovation un accélérateur de l’e-gouvernement au Maroc, il est essentiel de mettre en place une stratégie nationale intégrant les technologies avancées dans les services publics. Cela peut inclure l’adoption de technologies telles que l’intelligence artificielle, la blockchain et le big data pour rendre les services publics plus efficaces, transparents et accessibles. Enfin, encourager une culture de l’innovation au sein des administrations publiques par le biais de formations et d’incitations peut catalyser cette transformation.

 
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