Ici, les techniques font sourire et sont plébiscitées par certains professionnels du secteur. Si personne ne recourt à une pratique similaire, le smartphone revient de plus en plus sur la table. “Quand on sort les assiettes, il faut toujours se rappeler qu’il ne sera pas mangé avant trois minutes. Le goût en pâtit car il pose un problème de température. C’est triste, les gens mangent les pâtes carbonara froides parce qu’ils prennent des photos. C’est pareil pour les cocktails, la glace a fondu”témoigne Filippo La Vecchia qui dirige l’Osteria Romana.
“C’est générationnel”
Les restaurateurs notent surtout que cela dépend de l’âge. “C’est générationnel. Les seniors ne font pas ça du tout. », remarque Sébastien Vandenheede de la brasserie Le Central. Même constat chez Miranda où Maria voit surtout des personnes de moins de 40 ans sortir leur téléphone portable tout en prenant des photos de la vaisselle. “Lorsqu’il s’agit d’un grand groupe professionnel, certains regardent leur téléphone pour éviter de parler.
Le smartphone, un refuge virtuel pour éviter les interactions dans la vraie vie
« Il existe une nouvelle génération de clients dont le seul objectif est de créer des histoires et des photos. Quand on voit des gens qui n’ont rien à dire et qui sont tous au téléphone, c’est frustrant et triste», ajoute Mustafa Duran de La table du Mus.
Autres comportements ennuyeux
Les restaurateurs prennent plutôt en compte cette évolution de la société et tentent de s’y adapter tant bien que mal, conscients que bannir les smartphones serait suicidaire. “Si nous proposons de le laisser de côté, nous aurons plus de problèmes », craint Laurence Rigolet du restaurant étoilé Comme chez soi. Si la non-présentation reste le principal problème auquel ils sont confrontés compte tenu de la perte financière que cela représente, d’autres comportements les agacent dans une moindre mesure.
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Pour rester avec le GSM, le dispositif complique la tâche des serveurs lorsqu’il est posé à table : il n’est pas simple d’amener le plat et de le débarrasser lorsqu’il gêne. Certains clients n’hésitent pas à scanner la bouteille de vin avec leur téléphone pour «évaluer la marge du restaurateur», souffle Toto Bongiorno.
Le manque d’attention est également pointé du doigt. “Les gens n’écoutent pas quand on apporte la vaisselle. Ils n’y prêtent pas attention et s’en moquent. », note Renaud Waterloos de Ricotta&Parmesan. Dernier moment qui termine le repas, le passage en caisse. Il n’est pas rare que des clients assis à la même table demandent une facture individuelle.
Même si la convivialité en prend un coup dans un lieu de socialisation, les indépendants jugent impossible de lutter contre le téléphone. “C’est super triste, tout passe par l’écran. Nous passons beaucoup plus de temps au téléphone, nous parlons beaucoup moins et nous nous soucions beaucoup plus des apparences. Nous payons le prix de l’évolution de la société. Mais nous ne sommes pas là pour éduquer, nous sommes là pour plaire. », analyse Filippo La Vecchia. Les restaurateurs se réconfortent donc dans les visuels et la publicité gratuite que les clients leur font.
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