ils témoignent des blocages qui les empêchent de faire de l’exercice

ils témoignent des blocages qui les empêchent de faire de l’exercice
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Permis de séjour expiré

De nombreux Padhue n’ayant pas réussi le dernier test de vérification des connaissances (EVC) pensaient pouvoir poursuivre leur pratique professionnelle depuis la publication d’une instruction le 12 février (voir encadré). Mais, de fait, de nombreux médecins, malgré la publication de cette instruction, sont confrontés à des refus d’exercice. C’est le cas de Sarah*, oncologue radiothérapeute. Diplômée à Casablanca (Maroc), Sarah est arrivée en France en septembre 2021, mais avait auparavant effectué deux semestres de stage de novembre 2019 à novembre 2020 en France. ” Je suis revenu en 2021 en tant que stagiaire associé. Théoriquement c’est un statut d’étudiant, mais comme j’avais déjà terminé mes études, et que j’avais déjà effectué deux semestres de stage dans cet hôpital, j’ai obtenu un poste senior. J’avais ma propre consultation, mes propres patients… J’avais même des internes que je formais. Je travaillais dans l’Aisne et j’étais le seul neuro-oncologue de ce service. “, elle explique. En septembre 2023, son statut de stagiaire associé prend fin : en effet, sa durée ne peut excéder 24 mois. Son titre de séjour expire à la même époque, en septembre. Malgré tout, Sarah continue d’exercer, à la demande de son établissement, même si la préfecture est parfaitement informée de sa situation. L’accord entre la préfecture et Sarah était le suivant : pas de prolongation du statut de stagiaire associé mais promesse été faite de lui accorder une autorisation de travail et un titre de séjour si elle réussissait l’EVC.

Nouvelle demande d’autorisation de travail

Malheureusement en décembre 2023, Sarah échoue de peu à l’EVC et l’hôpital qui l’emploie lui annonce qu’il ne pourra pas la garder, faute de titre de séjour. Mais c’est à ce moment que la DGOS publie son instruction et Sarah coche toutes les cases : elle exerce en 2023 et s’engage à repasser l’EVC en 2024. Du coup, elle obtient son autorisation d’exercer le 11 mars. Forte de cette première victoire, Sarah en obtient une seconde : « L’hôpital me prépare un contrat de travail de praticien associé que nous envoyons au ministère de l’Intérieur. » Il ne lui reste plus qu’à obtenir son permis de travail, mais c’est là que réside le problème. Le ministère de l’Intérieur lui refuse ce document, du simple fait que son titre de séjour a expiré en septembre dernier. Sarah se trouve donc en situation irrégulière, tolérée tant par la préfecture que par la direction de son hôpital, et doit donc avant tout régulariser sa situation. Le ministère de l’Intérieur lui a alors proposé de retourner au Maroc pour obtenir un nouveau visa valide. Une situation impensable pour Sarah, pacsée en France avec un conjoint français. Aussi, sans autre recours, Sarah se tourne vers un élu de la Nation : « Vendredi dernier, armé d’une lettre d’un sénateur, je me suis présenté à nouveau à la préfecture qui a accepté de m’accorder une carte de séjour de trois mois. De ce fait, la direction de mon hôpital pourra faire une nouvelle demande d’autorisation de travail auprès de la plateforme de main d’œuvre étrangère qui dépend du ministère de l’Économie et du Travail. »

Autorisation de travail manquante

Si pour Sarah, le titre de séjour est la pièce manquante, c’est l’autorisation de travail qui bloque le dossier de Rachida*. Diplômée de l’Université d’Alger en médecine générale, Rachida est arrivée en France le 10 avril 2022, bénéficiant du statut de stagiaire associée pendant deux ans. Son titre de séjour expire le 9 avril et son contrat se termine le 24 avril. » Au début, nous pensions qu’avec l’instruction de février (voir encadré), le problème serait résolu. Je me suis inscrit à l’EVC. J’ai obtenu l’autorisation d’exercer le 29 février. En préfecture cependant, lorsque j’ai demandé mon titre de séjour, on m’a répondu que la seule autorisation d’exercice ne fonctionne pas, il faut une autorisation de travail via la plateforme main d’œuvre étrangère, mais pour ma direction, la notice n’est pas claire. » La direction fait valoir que l’instruction de février ne répond pas aux exigences réglementaires et refuse donc de lui demander une autorisation de travail en tant que praticien associé.

Argument financier

Militante au sein de l’intercollectif Padhue, Rachida a recensé des dizaines de cas comme le sien. ” Par ailleurs, de nombreux directeurs préfèrent prolonger le statut de stagiaire associé au-delà de 24 mois mais la préfecture s’y oppose. » Ces dossiers sont donc bloqués, faute d’autorisations de travail, la direction de l’hôpital étant réticente à proposer des contrats de praticien associé à Padhue recruté pour des postes de stagiaire associé. Ainsi l’argument des directeurs de l’hôpital selon lequel l’instruction serait illégale est un argument de mauvaise foi, selon certains Padhue, la véritable raison de ce blocage étant financière. Un stagiaire associé est rémunéré 1 500 euros par mois, tandis qu’un praticien associé perçoit au minimum 2 500 euros par mois.

Rachida cite le cas d’un médecin tunisien, en règle, qui a obtenu son autorisation de travail, mais dont la direction refuse de lui signer un contrat de travail en tant que praticien associé, alors qu’il dispose de tous les papiers pour le faire. Face à ces blocages kafkaïens, la CGT UFMICT, la SNMH FO, Amour et l’intercollectif Padhue ont signé un communiqué commun : « Nos organisations condamnent ce mélange politique de Padhue bon marché pour les directeurs, de Padhue jetable pour les préfectures […] Un arrêté élargissant le statut de praticien associé au padhue « non inclus dans l’EVC » a été transmis à la DGOS le 15 février ! Que fera la mission ministérielle sur EVC ? »

Contacté par Medscape Francela DGOS n’a pas encore répondu.

Résumé des faits

Pour rappel, faute d’autorisation d’exercer suite à l’échec de l’EVC, les Padhue étaient menacés de perdre leur contrat de travail, voire d’être expulsés. militaire du territoire français. Un paradoxe, à l’heure où les hôpitaux manquent de médecins. Un paradoxe qui n’avait pas échappé au président Emmanuel Macron, qui lors de son allocution télévisée du 16 janvier, n’avait pas manqué d’exhorter les administrations centrales à autoriser l’exercice de ces médecins étrangers, même s’ils avaient échoué à l’EVC.

Le 12 février, la Direction générale de l’organisation de la santé (DGOS) a publié cette circulaire « permettant de justifier de l’autorisation d’exercice des praticiens étrangers ayant obtenu un diplôme hors Union européenne (PADHUE) et ayant échoué aux épreuves de vérification des connaissances (EVC) pour la session 2023 « . Cette circulaire invitait le « les agences régionales de santé (ARS) délivrent, à titre exceptionnel, une autorisation temporaire d’exercice aux praticiens » ayant exercé en 2023 et s’engageant à se présenter à la prochaine session EVC 2024 – cette autorisation d’exercice n’est valable que jusqu’à la prochaine session EVC prévue à la fin de cette année.

Ce certificat permettra aux services du ministère de l’Intérieur et de l’Outre-mer de délivrer aux PADHUE ressortissants de pays tiers à l’Union européenne non couverts par une autre carte de séjour, une autorisation de travail (plateformes de travail étrangères) et une carte de séjour pour raisons professionnelles ( préfectures) », stipulait l’instruction.

En résumé, l’autorisation temporaire d’exercice devrait permettre aux préfectures de délivrer un titre de séjour et au ministère de l’Intérieur, via les plateformes de gestion des effectifs étrangères, d’accorder des autorisations de travail. Sans l’un de ces trois documents – autorisation temporaire d’exercice, autorisation de travail et titre de séjour – l’exercice de la médecine par ces médecins étrangers est impossible.

*Les prénoms ont été modifiés.

Cet article a été initialement publié sur Medscape.fr.

 
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