Financer les transports publics | Les maires menacent le Québec d’une forte augmentation de la taxe d’immatriculation

Les maires du Grand Montréal ont récemment menacé Québec d’imposer jusqu’à 228 $ de taxe par voiture sur l’ensemble du territoire métropolitain à compter de l’année prochaine pour renflouer les transports en commun.


Publié à 1h29

Mis à jour à 5h00

Ce scénario, qui représente une augmentation de 280 % de la taxe d’immatriculation, est évoqué dans une lettre à la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, datée du 4 avril et obtenue par La presse. Au même moment, le maire de Laval a lancé ce matin un appel au ministre dans nos pages : « Il y a la panique à bord et aucun espoir ne se profile à l’horizon. »

Le document, signé notamment par Valérie Plante, Stéphane Boyer et Catherine Fournier, mentionne « une augmentation substantielle de la taxe d’immatriculation ». […] actuellement évalué.

En annexe, une hypothèse selon laquelle chaque résident de Montréal et de sa banlieue verrait sa contribution au transport en commun augmenter de 168 $ sur sa facture annuelle de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ).

Cette contribution est actuellement de 59 $ sur tout le territoire de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), qui s’étend de Mirabel à Chambly et de Saint-Lazare à Contrecœur. Une telle augmentation permettrait d’obtenir 361 millions en 2025.

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CARTE PRISE DU SITE DE LA COMMUNAUTÉ MÉTROPOLITAINE DE MONTRÉAL

Territoire de la Communauté métropolitaine de Montréal

En entrevue dimanche, le maire de Laval a toutefois affirmé qu’il était «trop tôt pour annoncer une nouvelle taxe ou en fixer un montant».

« Avant de parler d’une augmentation d’impôts à ce moment-là, je veux avoir un plan d’action clair. Que faisons-nous pour réduire les dépenses ? Que faisons-nous pour augmenter les revenus indépendants », a-t-il demandé.

Je veux m’assurer que nous avons fait tout notre possible pour réduire la facture des transports publics avant de parler d’augmenter de nouvelles taxes.

Stéphane Boyer, maire de Laval

La presse a révélé samedi que les maires étudiaient différents scénarios pour augmenter la taxe d’immatriculation. En réaction, Valérie Plante et Stéphane Boyer ont assuré être tièdes à l’idée de cette augmentation.

Deux autres scénarios

La lettre des maires de la CMM présente également deux autres scénarios.

L’une prévoit des augmentations de tarifs de 6% pour les usagers des transports publics, une réduction de service de 65 millions, ainsi qu’une augmentation de la taxe d’immatriculation pour atteindre 120 dollars.

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PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, ARCHIVES LA PRESSE

Un des scénarios avancés par les maires de la CMM prévoit une augmentation de la taxe d’immatriculation pour atteindre 120 $.

L’autre prévoit une augmentation unique des prix de 3 %, comme c’est normalement le cas, ainsi qu’une réduction de service de 65 millions. Les automobilistes devraient alors payer 180 $ de taxe d’immatriculation.

Les trois scénarios incluent également 132 millions déjà promis par Québec.

« L’incertitude » quant à une éventuelle contribution supplémentaire du Québec pour équilibrer le budget des transports collectifs « est intenable », ont écrit les maires dans leur lettre, dans laquelle ils demandaient une rencontre avec la ministre Geneviève Guilbault. Cela devrait avoir lieu prochainement.

« Le transport en commun demeure un service essentiel et une priorité essentielle », conclut la missive.

Il faut maintenir l’offre de services et tout mettre en œuvre pour la relancer.

Extrait de la lettre de la Communauté métropolitaine de Montréal

Les maires assurent que les opérateurs de transport collectif du Grand Montréal apportent déjà leur contribution : « Un effort de 13,8 millions sera fait en 2024 et sera suivi de réductions d’environ 25,8 millions en 2025, de 50 millions en 2026 », jusqu’à 155,8 millions en 2028.

« Un effort considérable qui ne pouvait guère se traduire par une réduction des services aux usagers. »

Le cabinet du ministre des Transports n’a pas réagi dimanche soir.

“Le bateau coule”

Par ailleurs, dans une lettre percutante publiée ce lundi dans La pressele maire de Laval tire, à juste titre, l’alarme sur l’état des transports en commun, qui serait « proche de l’effondrement ».

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PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Autobus de la Société de transport de Laval

“Je dirais même que le bateau est en train de couler”, écrit-il, ajoutant que “personne ne semble pouvoir répondre à l’appel”.

Lire la lettre du maire Stéphane Boyer

Pour sortir de la crise, il demande des instructions claires au ministre des Transports, qui doit assumer le rôle de « capitaine ».

Pourtant, les solutions sont connues, souligne-t-il dans une interview.

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PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Stéphane Boyer, maire de Laval

Il évoque notamment la construction de logements au-dessus des stations de métro et des parkings incitatifs, afin d’augmenter le nombre d’usagers, et la mutualisation de certains services pour optimiser les dépenses.

Cependant, même ces mesures ne suffiront pas à rétablir l’équilibre financier. Selon Stéphane Boyer, il faudra choisir entre augmenter le financement public des transports en commun – « ce qui implique une augmentation des taxes d’une manière ou d’une autre » – ou réduire l’offre de service, précise-t-il. dans sa lettre.

L’Association du transport urbain du Québec (ATUQ) réclamait 622 millions au gouvernement pour 2025 « afin de préserver l’offre de service ». Dans le Grand Montréal, l’Autorité régionale de transport métropolitaine (ARTM) aurait besoin à elle seule d’une aide transitoire de 421 millions.

Dès février, le cabinet de la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, prévenait que le gouvernement devait « être responsable et respecter la capacité de payer des Québécois », en fermant la porte à de nouvelles taxes.

Dans le budget du gouvernement déposé en mars, les sommes prévues sur 10 ans dans le Plan québécois des infrastructures (PQI) n’ont pas changé pour le transport collectif, restant à 13,8 milliards, soit le même niveau que l’an dernier.

La manière dont cette somme sera répartie reste inconnue. Le gouvernement a indiqué qu’il détaillerait davantage ses engagements financiers une fois que les audits de performance auxquels sont soumis les organismes publics de transport collectif seront publiés, probablement en septembre prochain.

 
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