Nettoyer avant de percer | La presse – .

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Connaissez-vous la célèbre citation de Coluche qui dit : « Les technocrates, si on leur donnait le Sahara, dans cinq ans, ils devraient acheter du sable ailleurs » ?


Publié à 1h55

Mis à jour à 7h00

Cette sagesse s’applique très bien au gouvernement de Justin Trudeau, qui a choisi de créer des tonnes de programmes électoraux avant de refiler la facture aux riches, mais aussi, à son tour, à de nombreux contribuables de la classe moyenne.

Avant d’aller plus loin, je dois préciser que je fais partie de ceux qui pensent qu’il est absolument important de partager les richesses avec les moins fortunés de la vie. Mais, lorsque les contribuables sont pris à la gorge et ne bénéficient pas de services à la hauteur de leur niveau d’imposition, la crise de confiance n’est jamais loin. Oui, pour une taxation équitable des ultra-riches, mais nous devons commencer à définir ce qu’est un ultra-riche.

Imaginez ici cette personne à qui l’on dit au lendemain du budget : « Vous devrez nous remettre une bonne partie des profits de la vente de votre duplex que vous avez acheté en 1990 pour votre retraite. Nous sommes fiers des milliers d’heures que vous avez consacrées à son entretien. Avoir un duplex en plus de sa maison fait de vous des ultra-riches qui doivent participer au financement de ces nouveaux programmes qui sont principalement destinés à nous aider à remonter dans les sondages. »

Cette façon de faire est d’autant plus frustrante que ce même contribuable voit aux nouvelles les relevés de voyage de Justin Trudeau : l’équivalent de 215 398 $ pour une escapade sur l’île privée de l’Aga Khan, un autre séjour dans une résidence prêtée par un ultra-riche de Tofino lors du premier jour de Vérité et Réconciliation, des vacances d’une valeur de 160 000 $ en Jamaïque, une autre escapade d’une valeur de 230 000 $ dans le Montana, une suite à 6 000 $ la nuit pour aller verser des larmes sur la dépouille de la reine d’Angleterre.

Avec une telle liste, quand Justin Trudeau positionne son nouvel impôt comme un moyen de faire payer les très riches, cette victime collatérale a le droit d’être très en colère.

Comme l’a rappelé un économiste sur une chaîne de radio, si cette décision voulait cibler préférentiellement les plus-values ​​issues de l’action des ultra-riches, pourquoi avoir donné à ces citoyens jusqu’au 25 juin avant d’appliquer la mesure ?

Cette période est largement suffisante pour qu’ils aient le temps d’échanger avec leur fiscaliste afin d’obtenir un plan de créativité fiscale permettant d’atténuer l’ampleur des impacts financiers. Pourquoi la décision n’a-t-elle pas été mise en œuvre immédiatement pour empêcher la fuite des capitaux qui, selon de nombreux économistes, sera énorme ?

Si l’on voulait s’en prendre aux ultra-riches, pourquoi ne pas penser aux multinationales et aux paradis fiscaux contre lesquels le gouvernement semble avoir déposé les armes ?

Il existe une sagesse populaire selon laquelle les règles sont souvent comme des barrières. En effet, les petits chiens passent en dessous, les gros chiens sautent par-dessus, seuls les ânes s’y arrêtent.

C’est justement le sentiment d’être des serviteurs qui habite tous les gens de la classe moyenne devenus victimes collatérales de cette nouvelle taxe du budget de Chrystia Freeland. Une initiative destinée à financer tous ces nouveaux programmes que son gouvernement impose aux provinces sous les applaudissements des néo-démocrates.

La propension de nos dirigeants, aux niveaux provincial et fédéral, à penser qu’il n’y a pas de limite à l’imposition du contribuable moyen est très frustrante. Surtout quand ce même contribuable peine à recevoir des services et est convaincu qu’il y a beaucoup de ménage à faire dans la gestion des finances publiques avant de demander encore plus d’argent. Il voit le gouvernement comme quelqu’un qui achète toujours de nouveaux jeans à son adolescent qui est trop paresseux pour fouiller et nettoyer sa garde-robe.

Quand on voit la saga ArriveCANla dette gigantesque que le gouvernement Trudeau laisse aux générations futures, les problèmes aéroportuaires, la gestion chaotique de l’immigration, le sous-équipement de l’armée canadienne indigne d’un pays du G7, les transferts de santé de plus couplés à des conditions anémiques, l’échec systémique à protéger nos élections de la subversion étrangère et du nombre toujours croissant de personnes vivant dans la rue, on ne peut s’empêcher de se demander si le problème ne vient pas plus d’une mauvaise gestion que d’un réel manque d’argent.

Même si la grande majorité des Canadiens et des Québécois croient en ce modèle de partage des richesses qui est, selon moi, le seul moyen de garantir la paix sociale et le plaisir de vivre ensemble, il y a des limites à ne pas franchir.

La politique ne doit pas devenir, comme le disait l’autre, l’art d’obtenir de l’argent des riches et des votes des pauvres, sous prétexte de les protéger les uns des autres. Entre ces deux extrêmes, les personnes situées entre les deux se sentent parfois étouffées.

Nous nous dirigeons vers une période charnière dans la viabilité de notre social-démocratie. Ce barrage que nous chérissons tant commence à montrer des signes de faiblesse. Et si nos dirigeants ne trouvent pas cet espace d’équilibre entre niveau de fiscalité et qualité des services à la population, gageons que dans un avenir pas si lointain, un idéologue libertaire parviendra à séduire ne serait-ce qu’un certain l’électorat campait traditionnellement à GAUCHE. Il brisera la digue et ce sera alors le début du « chacun pour soi » et de Dieu pour les plus riches que l’on voit chez nos voisins du Sud. Il est utopique de penser que le Canada est à l’abri de ce système très inégalitaire qui mène les États-Unis à leur chute.

Corrigendum:
Ce texte a été modifié pour supprimer un passage qui indiquait que le contribuable reverse déjà 50% de ses plus-values ​​à l’Etat et que “dépasser le seuil des 50% revient à lui demander de travailler pour l’Etat plus que pour lui-même”.
En réalité, le taux d’inclusion des gains en capital, qui passera en juin de 50 à 66,7 %, ne s’applique qu’au montant du gain qui dépasse 250 000 $ par année. Cela signifie que les deux tiers du gain seront imposables au taux marginal d’imposition du particulier, qui est un maximum de 53 % au Québec. Concrètement, la facture fiscale passera donc de 26,7% (taux d’inclusion à 50%) à 35,5% (taux d’inclusion à 66,7%). In fine, le traitement fiscal du gain reste donc inférieur à celui du dividende (maximum 40 %) et des revenus d’emploi ou d’intérêts (maximum 53 %). Nos excuses.

 
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