Un couple proche de la retraite est victime du nouvel impôt fédéral sur les plus-values. Ses économies ne sont pas dans un fonds de pension, mais dans un duplex dont la valeur de revente vient de diminuer de 28 000 $.
• Lire aussi : Les riches se font arracher le bras par Ottawa
• Lire aussi : 7 choses à retenir du budget fédéral 2024
«Nous sommes pénalisés d’avoir choisi ce modèle de retraite», affirme Roch, 65 ans, propriétaire dans le quartier Ahuntsic à Montréal.
Avec sa femme Rose, 63 ans, ils ont acheté l’immeuble – deux 4 1⁄2 – en 1990 pour 140 000 $. Ils pourraient facilement l’inscrire à 750 000 $ aujourd’hui.
S’ils le vendent avant le 25 juin, ils réaliseront 28 000 $ de profits de plus qu’après l’entrée en vigueur du nouveau taux d’inclusion des gains en capital, calcule un fiscaliste.
« Si le gain est supérieur à 250 000 $, il peut coûter au maximum 8 000 $ d’impôt supplémentaire par 100 000 $ de profits », résume Stéphanie Roy, associée chez Raymond Chabot Grant Thornton.
Les 610 000 $ de profits que Roch et son épouse recevraient de la vente du duplex pourraient donc être réduits de 28 000 $ en bénéfices fiscaux.
L’ex-informaticien sans fonds de pension trouve cela injuste. Pourquoi lui et pas ceux dont la retraite est payée par l’État, demande-t-il ?
Pas seulement les riches
« À quoi ressemblera le prochain budget ? Il n’y a pas de limites », a-t-il déclaré, faisant référence à sa récente augmentation de 647 $ de l’impôt foncier.
Rose travaille toujours dans l’administration et gagne 40 000 $ par an. Roch reçoit sa pension fédérale et provinciale, soit moins de 20 000 $.
« Nous ne sommes pas riches. Le duplex représente nos économies », déclare ce père de trois enfants.
Si Roch parvient à garder son calme, ce n’est pas le cas d’une petite logeuse de Sainte-Thérèse avec qui Le journal parlait. Elle préfère également ne pas être identifiée.
« Je n’ai pas dormi de la nuit tellement j’étais bouleversée après avoir vu le budget fédéral », a-t-elle confié. Je suis handicapé, mon immeuble était ma caisse de retraite. Je voulais m’en débarrasser en seulement cinq ans, mais maintenant je me demande si je ne devrais pas le faire le plus rapidement possible.»
Les petits propriétaires souffrent
Il est difficile d’expliquer la décision du gouvernement Trudeau au sein du lobby des propriétaires immobiliers.
« Ce n’est pas vrai que cela touche uniquement les riches. Au Québec, les trois quarts des propriétaires ont un plex, puis ils ont un emploi à côté», a déclaré le président de la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec, Éric Sansoucy, en entrevue.
« Ils travaillent une grande partie de leur vie pour arriver au bout et avoir de quoi préparer leur retraite. Là, le gouvernement vient prendre une part importante du fruit de leur travail», a-t-il déploré.
La nouvelle mesure va même augmenter les loyers, craint M. Sansoucy. « Cela réduira l’attrait de la détention de longue durée », a-t-il soutenu. Lorsqu’il y a un nouveau propriétaire, il y a généralement une augmentation du prix des loyers, ce qui est à éviter dans le contexte actuel.
Avez-vous des informations à nous partager sur cette histoire ?
Écrivez-nous au ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.
