pourquoi le Gabon et la Bdeac sont en difficulté sur le marché financier de la Cemac

pourquoi le Gabon et la Bdeac sont en difficulté sur le marché financier de la Cemac
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L’argent se raréfie sur le marché financier unifié de la Cemac en ce début d’année 2024. A titre d’illustration, la Banque de développement des États de l’Afrique centrale (Bdeac) et l’État gabonais, qui sont pourtant des émetteurs de référence dans la région, ont dû allonger les délais de souscription des leurs émissions obligataires respectives, faute de mobilisation de la totalité de l’enveloppe demandée.

Prévue pour s’achever le 29 mars 2024, la période de souscription de l’emprunt obligataire de 150 milliards de francs CFA de la République du Gabon dénommé « EOG 2024 A Tranches Multiples » a été reportée d’un mois, au 29 avril 2024. La Bdeac, qui ne recherchait que la modique somme de 50 milliards de francs CFA, a également prolongé la période de souscription de son opération qui devait prendre fin le 22 mars. Les deux émetteurs n’ont pas donné les raisons de ces prolongations qui, selon les experts du marché, reflètent simplement le fait qu’ils n’ont pas obtenu dans les délais impartis l’enveloppe qu’ils recherchaient et se sont donc donné plus de temps pour tenter de convaincre les investisseurs.

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Il s’agit d’une première pour ces deux émetteurs qui, ces dernières années, connaissent plutôt du succès sur le marché régional de la dette. Deux hypothèses peuvent expliquer cette contre-performance. Le premier est le contexte de marché actuel marqué par un resserrement agressif de la politique monétaire de la Beac qui actionne tous les leviers pour drainer les liquidités excédentaires des coffres-forts des banques. Après avoir relevé ses taux directeurs à plusieurs reprises, la Beac a suspendu ses injections de liquidités et renforcé ses offres tap.

Par ailleurs, l’institution monétaire émettrice a introduit les Beac Bonds qui sont des titres de créance émis sur une courte durée avec des niveaux de rendement assez attractifs. L’objectif est de restreindre la création monétaire afin de réduire l’inflation désormais supérieure au seuil communautaire (3%). L’impact de cette décision sur le marché intérieur est que les investisseurs ont généralement resserré leurs conditions d’emprunt, rendant l’accès au financement difficile. Interrogé sur ce contexte difficile, dans le cadre de son opération roadshow en mars dernier à Yaoundé, le président de la BDEAC Dieudonné Evou Mekou a indiqué que son institution utiliserait le marché international pour lever les financements nécessaires à la mise en œuvre de son plan stratégique.

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Une entreprise modeste détient

L’autre hypothèse réside, selon un expert du marché, dans la difficulté des intermédiaires choisis à encaisser les montants des contrats fermes. Il s’agit de montants garantis par les arrangeurs avant l’ouverture des souscriptions au grand public. La souscription ferme permet à l’émetteur d’être certain que son opération atteindra un certain seuil de souscription. Il faut dire que contrairement aux 3 années précédentes où elle confiait ses opérations de marché à des filiales de groupes bancaires (Société Générale, Bicec, SCB et BGFIBank) la Bdeac a innové cette année en choisissant un trio unique composé majoritairement de sociétés de bourse indépendantes, à savoir Contracturer Capital. , L’Archer Capital et Elite Capital Securities.

« Le fait est que les filiales bancaires peuvent bénéficier de la trésorerie de leur maison mère et vous garantir une prise ferme importante même en cas d’impossibilité de recouvrement auprès du grand public », souligne un expert. Cependant, les sociétés boursières dites indépendantes ne bénéficient pas de la même solidité financière et doivent s’appuyer sur des investisseurs institutionnels et notamment des banques qui sont leurs concurrentes sur le marché. On se souvient qu’en 2022, dans le cadre de son prêt de 200 milliards de francs CFA, la Bdeac avait obtenu 180,5 milliards de francs CFA mobilisés par le consortium d’arrangeurs composé principalement de filiales bancaires (Afriland Bourse, USCA, BGFI Bourse, Société Générale Securities et ASCA). .

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« Il faut savoir que nous sommes dans un marché peu profond où le grand public n’est pas suffisamment réceptif aux opérations et où les banques se sont imposées comme des investisseurs de référence. De ce fait, ces dernières, qui disposent elles-mêmes de filiales dédiées au marché, ont du mal à participer de manière optimale à des opérations concurrentielles.»

Risque de financement

Ce début d’année difficile sur le marché risque de freiner les appétits des autres émetteurs et principalement des Etats de la Cemac qui envisagent de lever des sommes importantes sur le marché régional pour financer leur déficit de trésorerie. Le Gabon est le pays qui a exprimé le plus grand besoin, soit 854 milliards sur le marché des titres publics et environ 450 milliards de francs CFA sur le marché financier. Le Cameroun a annoncé cette année 854 milliards de francs CFA contre 200 milliards pour la Centrafrique.

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