Gaétan Frigon tourne la (Publi)page

Gaétan Frigon tourne la (Publi)page
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Gaétan Frigon tourne la page. Le dernier de sa longue carrière, celui qui clôt le chapitre mouvementé de son aventure chez Publipage.


Publié à 1h38

Mis à jour à 8h00

L’homme d’affaires de 84 ans et son épouse, Hélène Héroux, cofondateurs et actionnaires majoritaires de la firme spécialisée en marketing numérique et solutions commerciales pour entreprises, ont signé le 5 avril une lettre d’entente en vue de son acquisition par ATW Tech.

«Nous avons atteint plusieurs de nos objectifs, le premier étant d’avoir redonné de la valeur à l’entreprise et de pouvoir la vendre, et surtout d’en garder le contrôle au Québec», se réjouit l’entrepreneur haut en couleur.

La transaction doit être conclue au plus tard le 1euh juillet 2024 pour un prix de base de 7,5 millions de dollars, composé de 3 millions de dollars en espèces, de 2,5 millions de dollars en actions ATW et de 2 millions de dollars en débentures convertibles.

La somme pourrait atteindre 10,5 millions si certains objectifs sont atteints.

« En effet, Hélène et moi deviendrons le premier actionnaire d’ATW avec 16 % des actions », commente Gaétan Frigon, qui faisait partie du premier quintette d’investisseurs de l’émission. Dans l’oeil du dragonde 2012 à 2014.

Une fois l’achat finalisé, Publipage sera officiellement une division d’ATW, qui possède déjà trois ou quatre autres sociétés. Mais Publipage sera le cœur de toute l’opération. À elle seule, elle est environ trois fois plus grande que les autres divisions réunies.

Gaétan Frigon

Présidente de Publipage, Hélène Héroux demeurera à la tête de la nouvelle division.

Publipage compte 35 salariés, « et nous travaillons tous à distance », souligne la femme de 66 ans.

ATW Tech, petite entreprise publique propriétaire de diverses plateformes technologiques de support aux entreprises, emploie une quinzaine de personnes.

« Depuis quelques temps, ATW était devenue une coquille, attendant de trouver une opportunité d’achat pour se relancer », souligne Gaétan Frigon. Ils l’ont trouvé dans Publipage. »

« Quand je dis un obus, c’est parce qu’il n’a pas bougé », explique-t-il. Les stocks étaient très bas, il y avait peu de transactions. »

La recette du succès

Après une carrière en marketing au sein de diverses grandes entreprises, Gaétan Frigon a obtenu avec Hélène Héroux les droits de publication de guides culinaires innovateurs reprenant les recettes de la populaire émission Bon appétit.

Les revenus étaient substantiels.

«C’était notre entrée dans le domaine de l’entrepreneuriat et cela nous a permis de cesser de travailler pour les autres et de travailler pour nous-mêmes», exprime l’entrepreneur.

« Et en 1996, lorsque le projet Bon appétit terminé, nous avons cherché autre chose, et par hasard, nous avons découvert les pages jaunes, que tout le monde négligeait. »

Ils obtiennent le certificat de représentant en marketing et fondent, sous le nom de Publipage, une agence de placement publicitaire pour annuaires téléphoniques commerciaux.

Gaétan Frigon a confié la présidence à Hélène Héroux lorsqu’elle a accepté un mandat de cinq ans à la tête de la SAQ en 1998.

En 2000, le couple couronne une série de transactions avec l’acquisition de Bell Actimedia Solutions.

« Nous l’avons acheté quelques millions avec l’aide du Fonds de solidarité et cela nous a placé dans ce que j’appellerais la cour des grands », poursuit l’entrepreneur. Nous avions alors un chiffre d’affaires d’environ 12 millions. »

Des hauts et des bas

Publipage a atteint le sommet de sa trajectoire en 2011 avec un chiffre d’affaires de 28 millions, des bénéfices de 5,8 millions et des bureaux à Québec, Montréal, Toronto, Calgary et Vancouver.

« Hélène et moi étions les deux seuls actionnaires, donc on peut dire que ça a payé et qu’on a eu une belle vie. Mais on savait déjà que les pages jaunes, avec l’arrivée d’Internet, allaient probablement en prendre un sacré coup. »

Publipage a créé deux plateformes de marketing internet dans les années 2010, d’abord Publitrac pour le marketing relationnel, puis Localtrac pour le marketing local. «On y construisait, mais c’était difficile de dépasser les 2 à 3 millions de dollars de revenus», relate Gaétan Frigon.

Surgir

Au début des années 2020, Publipage envisageait une fusion avec l’entreprise québécoise Union, un projet avorté lorsque nos deux entrepreneurs constatèrent l’état de ses finances. Ils ont plutôt acquis une de ses filiales, Lanla, « qui était bien connue au Québec » pour 2 millions.

Lanla avait vingt ans d’expertise dans les programmes de « clients mystères », ces faux clients qui testent discrètement les services d’une entreprise pour en rendre compte à ses propriétaires.

« Avec Lanla, nous disposons d’un portefeuille complet de programmes et d’outils spécialisés dans la mesure de l’expérience client, de l’expérience employé et de l’image de marque », décrit le président.

Tous ces programmes et outils viennent d’être regroupés sur une plateforme unique baptisée Hexia, « qui fait notre force et qui nous rend unique, et que nous lançons cette semaine », informe-t-elle.

« D’ici un an, les revenus atteindront probablement 6 millions de dollars », prédit son associé. Et c’est ce qui a séduit ATW, qui avait vu nos progrès, notre capacité à redresser une entreprise, pièce par pièce, comme on dit en français, pour faire d’un perdant un gagnant sur le long terme. »

Les dirigeants d’ATW ne s’y sont pas trompés : l’entente stipule qu’Hélène Héroux doit rester en poste pendant deux ans.

«Pour nous, tout est réuni pour qu’on puisse encore penser à la semi-retraite», conclut sa compagne.

Il n’y aura cependant pas de ralentissement pour Hélène Héroux au cours des deux prochaines années. « Non, mais quand elle travaille trop tard le soir, je chipote avec elle », répond Gaétan Frigon, un peu coquin. L’homme de 84 ans n’a rien perdu de son style.

«J’ai appris il y a quelques années à lire mon âge à l’envers», explique-t-il.

 
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