entre ambitions et réalité, à la recherche de solutions

Place du Vieux-Marché à Rouen © JV

Généralement décrites comme une décision punitive, les zones de mobilité à faibles émissions, ou ZFE-m, font souvent sourciller. Devons-nous vraiment leur rappeler leur intérêt ? « La ZFE-m n’est pas une fin en soi, c’est un moyen d’améliorer la qualité de l’air : une priorité pour les acteurs de la mobilité membres de NextMove. Cependant, le ZFE-m ne résout qu’une partie des problèmes ; la qualité de l’air au niveau local, qui est à distinguer de la problématique globale du changement climatique », a rappelé Philippe Prével, lors de cette journée presse organisée par NextMove. Le président de NextMove a ainsi rappelé « que le transport routier reste encore responsable de 54 % des émissions d’oxydes d’azote (NO).2), 13 % de ceux des particules PM10 (13 %) et PM2,5 (15 %). » Chiffres du rapport Secten 2022 réalisé par l’association Citepa pour l’année 2020.

ZFE-m : 10% du parc automobile concerné…

« Actuellement, le parc automobile français compte plus de 40 millions de voitures en circulation, avec seulement plus de 2 millions de véhicules neufs par an (et donc renouvelés). Ainsi, l’interdiction de circulation des véhicules non classés, Crit’Air 5 et Crit’Air 4 ne concerne que 10% du parc automobile (VL). Contre 30 % dans le cas où les Crit’Air 3 étaient inclus », ajoute Philippe Prével pour NextMove.

Retour sur le ZFE-m. Le ministère de la Transition écologique a annoncé que seules les métropoles de Paris et Lyon sont « ZFE effectives » le 19 mars. Elles devront donc appliquer des restrictions de circulation aux voitures Crit’Air 3, à partir du 1er janvier 2025. Une obligation qui ne s’applique plus. à la métropole de Rouen, pour le moment.

« L’application d’une ZFE-m n’est pas simple pour les collectivités. En juillet 2020, nous avons reçu un courrier de la préfecture nous informant que la métropole de Rouen Normandie était en retard sur les restrictions de circulation des véhicules les plus polluants dans le cadre d’une ZFE-m. Nous avons défini un périmètre ZFE-m sur treize communes, soit un tiers du territoire, même si la ZFE-m concerne indirectement les zones environnantes. Depuis le 1er septembre 2022, nous appliquons la restriction de circulation des véhicules non classés, les Crit’Air 5 et les Crit’Air 4 (représentant 7% du parc automobile rouennais), avant leur interdiction effective depuis le 1er mars 2023. »

… mais ignoré par plus de la moitié des Français

« En plus d’être très peu connues (environ 56 % des Français ignorent l’existence des ZFE-m), les ZFE-m sont généralement vécues comme une injustice sociale. Les personnes aux revenus les plus faibles sont généralement les plus touchées. D’où la nécessité d’un travail d’acclimatation et d’acculturation », indique Philippe Prével pour NextMove. L’association regroupe 187 adhérents normands sur un total de 550 adhérents.

Et force est de constater que la ZFE-m de la métropole Rouen-Normandie a encore du mal à être respectée. Un journaliste local présent dans la salle témoigne : « Je roule toujours avec mon véhicule Crit’Air 4 dans la métropole rouennaise car je n’ai pas les moyens d’acheter un véhicule moins polluant et plus récent. »

« Aujourd’hui, 40 000 décès par an sont liés aux problèmes de qualité de l’air. Et pourtant, les ZFE-m sont bel et bien une bombe sociale pour les particuliers, mais aussi pour certains professionnels pour qui la voiture est indispensable à la pérennité de l’activité. Sachant que le véhicule de société reste un élément d’attractivité pour une entreprise. Nous avons tout fait pour éviter l’interdiction des Crit’Air 3 car ils représentent l’équivalent de 20 % de la flotte circulant dans la métropole », a confirmé Abdelkrim Marchani, vice-président de la Métropole Rouen Normandie, en charge de l’Economie et de l’Attractivité.

Métropole Rouen Normandie : des actions pour transformer la mobilité…

Pour inciter les conducteurs à changer de véhicule, la métropole de Rouen Normandie s’est notamment appuyée sur des subventions. Concernant le leasing social désormais « en pause », « en matière d’aide à l’achat d’un véhicule plus propre, nous avons versé en moyenne 3 295 euros par demande à Rouen, sur un budget de 8 millions d’euros » d’aide au total, sachant que le La métropole avait prévu une enveloppe de 40 millions», chiffre Abdelkrim Marchani. Le vice-président de la métropole Rouen Normandie reconnaît cependant que les sanctions ne sont pas appliquées, du fait que « les portes de contrôle ne sont pas encore opérationnelles et elles nécessitent de recruter du personnel. »

Ajoutant, en sa qualité de vice-président Normandie de NextMove : « L’aide seule ne suffit pas. Il faut proposer d’autres formes de mobilité à la voiture individuelle. Nous avons développé les pistes cyclables ainsi que le réseau de transports en commun (notamment sur la ligne T4), sans augmenter les tarifs. Ces modes de transports étant gratuits le samedi et lors des pics de pollution. Nous avons également verdi notre flotte de 300 bus avec 80 bus électriques et 14 à hydrogène (certains en attente de livraison), et encouragé le covoiturage. En parallèle, nous avons construit des parcs relais pour désengorger le centre-ville, même si nous savons que cela n’est pas encore suffisant. »

…et améliorer la qualité de l’air

Des actions de la métropole de Rouen qui auraient contribué à « baisser la concentration mesurée en NO2 dans l’air ambiant à 34 μg/m3 en moyenne en 2023, contre 53 μg/m3 en 2018 », selon Abdelkrim Marchani. Sachant que « l’OMS recommande un seuil de 10 μg/m3. Le non2 est 200 fois plus nocif que le CO2. En effet, un piéton est deux à trois moins exposé à la pollution locale des polluants atmosphériques qu’un automobiliste puisque la qualité de l’air est liée à l’utilisation des véhicules », souligne Frédéric Dionnet, directeur général du Certam, le Centre régional d’innovation et de transfert technologique.

 
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