Comme en France, l’Allemagne a connu un certain répit sur le front de l’inflation en mars. L’indice des prix à la consommation a perdu 0,3 point de pourcentage par rapport à février, indique l’institut fédéral de la statistique Destatis dans un communiqué, confirmant les chiffres publiés fin mars. Sur un mois, l’inflation atteint 0,4%, comme en février.
” La situation des prix de l’énergie et des produits alimentaires a freiné le taux d’inflation pour le deuxième mois consécutif », a commenté Ruth Brand, présidente de Destatis, dans un communiqué. Pour la première fois depuis février 2015, les prix des denrées alimentaires ont baissé d’une année sur l’autre.
Une multiplication des conflits liés à l’inflation
Bonne nouvelle pour la première économie européenne : l’Allemagne est confrontée à une multiplication des conflits dans différents secteurs professionnels, tandis qu’une inflation élevée mine le pouvoir d’achat des salariés.
Les transports ont été particulièrement touchés par ces mouvements sociaux. Après un conflit très tendu qui a duré plusieurs mois, la compagnie ferroviaire Deutsche Bahn est parvenue fin mars à un accord avec le syndicat GDL. Il permettra aux conducteurs de train d’obtenir une réduction progressive de leur temps de travail de 38 à 35 heures par semaine d’ici 2029. Le personnel navigant commercial de Lufthansa a obtenu une augmentation de salaire de 16,5%, après plusieurs mois de bras de fer avec la direction ayant conduit à des grèves et à des annulations de vols, selon un accord annoncé jeudi.
Globalement, les salaires réels augmenteraient et soutiendraient la reprise de la consommation, mais sans que le pouvoir d’achat revienne au niveau d’avant la poussée de l’inflation, suite au déclenchement de la guerre, avant le deuxième trimestre 2025 en Ukraine en février 2022. A noter également, pour Pour l’année 2025, les prévisions de croissance des instituts sont pratiquement inchangées, à 1,4% (contre 1,5% auparavant).
Allemagne : la croissance sera (encore) pire que prévu en 2024, la récession menace toujours
Servant de référence à la BCE, l’indice global des prix harmonisé a également décéléré en Allemagne en mars, à 2,3% sur un an, se rapprochant toujours plus de l’objectif de long terme de 2%. C’est dans ce contexte porteur que la Banque centrale européenne (BCE) a préparé jeudi le terrain pour une première baisse des taux d’intérêt, actuellement au plus haut de l’histoire.
Sauf résurgence surprise de l’inflation au printemps, les conditions seront réunies pour une baisse des taux lors de la prochaine réunion de l’institut monétaire en juin, a expliqué en substance sa présidente Christine Lagarde. La BCE serait ainsi prête à réagir plus rapidement que la Fed américaine, face à une inflation aux Etats-Unis qui s’est accélérée en mars, à 3,5% sur un an, selon l’indice CPI.
Les exportations allemandes ont chuté de 2% en février
Les exportations allemandes ont chuté de 2% sur un mois en février, bien plus que prévu, démontrant une nouvelle fois la fragilité de la première économie européenne, selon les chiffres officiels publiés en début de semaine. Au total, l’Allemagne a exporté pour 132,9 milliards d’euros en février, a annoncé l’office des statistiques Destatis. Ces chiffres dépassent les prévisions d’un panel d’analystes interrogés par Factset qui limitaient la baisse à 0,25%.
Les importations ont, quant à elles, augmenté de 3,2% en février sur un mois, pour atteindre 111,5 milliards d’euros, ce qui a contribué à porter l’excédent commercial à 21,4 milliards d’euros en février. soit une contraction d’un peu plus de 6 milliards d’euros par rapport à janvier. La baisse des exportations s’explique principalement par une baisse de 3,9% vers les voisins européens, tandis que celles vers la Chine ont diminué de 0,6%. Les Etats-Unis restent la principale destination des produits allemands, avec une hausse de 10,2%.
(Avec l’AFP)
