Il n’y aura pas de nouveau Bill Gates

Nicolas Jutzet

directeur adjoint de l’Institut Libéral

Publié le 7 avril 2024 à 21h55 / Modifié le 7 avril 2024 à 21h56

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Lorsque Rudolf Lindt achète, à l’été 1879, deux usines en mauvais état, dans la ville de Berne, au bord de l’Aar, il est loin d’imaginer qu’un siècle et demi plus tard, son entreprise, devenue Lindt & Sprüngli, vendrait plus de 2 milliards de francs de chocolat par an. Il n’est pas le seul à avoir des doutes : ses concurrents sont persuadés que le jeune dandy de 24 ans, issu d’une bonne famille bernoise, va vite passer à autre chose.

Loin d’être la gourmandise fondante que l’on connaît aujourd’hui, le chocolat est un produit friable, qui a tendance à s’effriter en bouche, comme le sable. Les premières tentatives de Lindt sont déchirantes. Ses machines sont vieilles et ses connaissances insuffisantes. Il patauge. Vient ensuite la lumière. La légende raconte que le jeune homme, trop pressé de partir en week-end un vendredi après-midi, pour rejoindre un amant ou ses amis à la chasse, a laissé par négligence son mixeur de chocolat tourner jusqu’à lundi. Alex Capus¹ dit que le mélange qu’il a découvert à son retour était surprenant : « une masse brillante, sombre et veloutée ». Le chocolat fondant est né, par inconscience.

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