En Espagne, du houblon high-tech pour protéger la bière du changement climatique

En Espagne, du houblon high-tech pour protéger la bière du changement climatique
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À l’extérieur de l’entrepôt de la start-up Ekonoke, dans le nord-ouest de l’Espagne, la matinée est glaciale, mais les températures sont douces à l’intérieur : recouvertes de lumières LED, 360 plants de houblon ont commencé leur floraison comme si c’était la fin du mois d’août.

Ces plantes, enchevêtrées dans un réseau complexe de câbles et de fils, font partie d’un projet unique d’agriculture « indoor » développé par la start-up espagnole, à la recherche d’un mode de production alternatif pour cette vigne herbacée vulnérable au changement climatique.

Objectif : préserver le goût et les arômes de la bière, étroitement liés au houblon aromatique, ingrédient essentiel à la fabrication de cette boisson – avec du malt, de l’eau et de la levure – grâce à ses acides alpha, qui génèrent de l’amertume et facilitent sa conservation.

Selon les experts, la hausse des températures et les sécheresses provoquées par le réchauffement climatique rendent les récoltes de houblon de plus en plus imprévisibles en Europe, réduisant les rendements et la concentration des fameux acides alpha.

Ana Saez, agronome et directrice des opérations, récolte du houblon cultivé en intérieur dans les installations de la start-up Ekonoke à Chantada, le 20 février 2024 dans le nord de l’Espagne / Brais Lorenzo / AFP

Cette tendance devrait se poursuivre, selon un article scientifique récemment publié dans la revue Nature Communications, qui prévoit une baisse du rendement de près de 20 % et une baisse de la teneur en acides alpha de 30 % d’ici 2050. De quoi inquiéter le secteur.

Avec le changement climatique, “la prévisibilité n’existe plus”, explique à l’AFP Giacomo Guala, expert en houblon du Copa-Cogeca, qui regroupe les principaux syndicats agricoles de l’UE : “Vous n’avez pas de pluie quand vous êtes censé en avoir”. et vous en avez trop alors que vous n’êtes pas censé l’avoir.

Moins d’eau

Plantes de houblon cultivées en intérieur sous lumière artificielle dans les installations de la start-up Ekonoke, le 20 février 2024 à Chantada, nord de l’Espagne / Brais Lorenzo / AFP

Avoir un approvisionnement stable en houblon est « crucial », car il n’y a pas d’alternative pour donner cette amertume, insiste José Luis Olmedo, responsable de la recherche à la Cosecha de Galicia – la branche innovation de la Brasserie Hijos de. Rivera, qui produit la bière Estrella Galicia.

Jusqu’ici dépendant du houblon cultivé en plein champ, le groupe espagnol a rapidement perçu le potentiel du projet Ekonoke et s’est associé à la start-up, apportant une part importante des 4,2 millions d’euros levés. par l’entreprise en 2022.

« Ce qui intéresse le plus les brasseurs, c’est la garantie d’un approvisionnement en quantité et en qualité », explique Inés Sagrario, directrice générale d’Ekonoke, dans sa ferme pilote de 1 200 mètres carrés à Chantada en Galice, où a eu lieu la première récolte à la mi-février.

Plantes de houblon cultivées en intérieur sous lumière artificielle dans les installations de la start-up Ekonoke, le 20 février 2024 à Chantada, nord de l’Espagne / Brais Lorenzo / AFP

La start-up a commencé les tests dans son laboratoire madrilène en 2019 avec quatre usines.

Depuis, elle a progressivement appris à réduire le temps de croissance du houblon, mais aussi ses besoins en eau, qui sont désormais « 15 fois moindres » qu’à l’extérieur.

Cycle réduit

“Nous contrôlons tous les paramètres environnementaux et nutritionnels, mais aussi l’éclairage”, avec des lampes LED reproduisant les couleurs et l’intensité du soleil à chaque étape du cycle de croissance, explique Mme Sagrario. Cela permet de « fournir à la plante ce dont elle a besoin quand elle en a besoin », poursuit-elle.

Ana Saez, agronome et directrice des opérations, récolte du houblon cultivé en intérieur dans les installations de la start-up Ekonoke à Chantada, le 20 février 2024 dans le nord de l’Espagne / Brais Lorenzo / AFP

Dans l’entrepôt, une odeur enivrante de houblon imprègne l’air, tandis qu’une immense grappe chargée de fleurs attend d’être cueillie.

Cultivées hors sol, les vignes sont alimentées via un circuit fermé permettant une réutilisation constante d’eau enrichie en nutriments, sans pesticides.

« Dans les champs, même si le cycle est de six mois, nous ne pouvons récolter qu’une fois par an », explique Ana Saez, agronome et directrice des opérations. “Ici, comme nous pouvons contrôler et reproduire le +printemps+, nous avons réduit le cycle à trois mois.”

Ekonoke prévoit une production à grande échelle dans une structure de 12 000 mètres carrés d’ici fin 2025.

Pour Mirek Trnka, bioclimatologue à l’Académie tchèque des sciences, la culture en intérieur, bien qu’intéressante, risque de ne pas suffire à répondre à la demande mondiale. “Il faudrait augmenter considérablement” le nombre d’installations pour assurer “le niveau de production actuel”, explique-t-il à l’AFP.

Un employé cueille manuellement du houblon cultivé en intérieur dans les installations de la start-up Ekonoke à Chantada, le 20 février 2024 dans le nord de l’Espagne / Brais Lorenzo / AFP

Chez Ekonoke, nous comptons sur des variétés hybrides, capables de « donner plus de quantité et de qualité » avec « moins de ressources », pour résoudre une partie du problème.

Une évolution dont les producteurs traditionnels ne devraient pas s’inquiéter, selon la start-up. « Nous ne les menaçons pas, c’est le changement climatique qui les menace », résume Inés Sagrario.

 
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