Fondateurs de la marque Destock Colis, Jérémy Martinez et son épouse Christelle ont ouvert ce samedi 10 février 2024 un showroom permanent dans la zone commerciale Salanca à Claira. Implantée toute l’année, l’enseigne, déjà déployée en franchise dans d’autres régions de France, a attiré la foule une heure avant même le lever de rideau. Deux heures plus tard, 700 kilos de sacs surprises avaient déjà trouvé preneur.
Une file d’attente interminable. Venus seuls, en famille ou entre amis, des milliers de clients n’auraient manqué l’ouverture de Destock Colis, ce samedi à Salanca, pour rien au monde. Premier arrivé, premier servi, évidemment. Et dans ce type de magasin totalement nouveau, en l’occurrence un magasin de 300 m2, palper, secouer, peser et acheter les colis à l’aveugle avant les autres reste une véritable aubaine. La chance de décrocher un jackpot. Trouvez l’objet rare. “C’est Noël après l’heure!”, s’exclame Céline en entamant la tournée des étals où s’entassent des tonnes de colis anonymes. En carton ou dans un sachet plastique, tous ont été passés avec un marqueur noir indélébile destiné à dissimuler le nom de l’expéditeur, l’origine, l’identité de la personne qui n’est jamais allée chercher sa commande alors qu’elle avait été payée avant la livraison. “Je n’ai aucune idée de ce qu’il y a dedans, j’essaye d’imaginer en le ressentant mais c’est impossible de savoir et c’est justement cet aspect surprise qui est drôle”poursuit le consommateur en lorgnant sur les nouveaux arrivants.
Forfaits achetés à l’aveugle
« Nous avons prévu huit tonnes de marchandises pour l’ouverture ce samedi, il est 11 heures et il faut déjà réapprovisionner les tables de vente », savoure Jérémy Martinez, le propriétaire et fondateur de la marque Destock Colis. Ancien patron d’une entreprise de rénovation de bâtiments, il a senti le marché émerger avec la loi anti-gaspillage de janvier 2022. « Avant, lorsque les produits achetés sur internet n’étaient pas réclamés par les clients, abandonnés sur les plateformes des transporteurs, ils étaient détruits, c’était la règle. Comme la réexpédition était trop chère, les vendeurs ne s’y intéressaient pas.”, explique Jérémy Martinez qui a sauté sur l’occasion. La réforme interdit la destruction de ces biens, il décide donc de se les approprier. Pour quatre centimes la tonne de colis jamais récupérés, il achète des palettes complètes pour les revendre d’abord au kilo, puis à l’unité, de 5 à 25 euros pièce selon le poids.
En quelques mois, Destock Colis est devenue une chaîne. Elle est implantée en Île-de-France, à Nice, à Sauvian dans l’Hérault où le couple Martinez installe son siège, à Claira depuis ce samedi et demain dans le Tarn. Conjointement, le couple organise des ventes éphémères, du mercredi au samedi, dans les grands magasins. Le Mans, Toulouse et Carcassonne ont inauguré récemment ce nouveau style de « puces » occasionnelles ou permanentes. Des lieux couverts, contrairement aux vide-greniers, où l’on vient chiner aveuglément des nouveautés.
Nous n’avons pas le droit d’ouvrir les colis, je le fais à l’aide d’un pifomètre.
Le nouveau geste d’achat ludique laisse libre cours à la méthode. Ici, chacun sa technique. “Je fais confiance au bruit du colis lorsque je le secoue et à la forme du colis”» choisit Morgane, pendant que son gosse en quête de la PS5 remplit les grands sacs de supermarché apportés par maman. « Chacun cherche son bonheur comme il peut. On n’a pas le droit d’ouvrir les colis, je le fais avec un pifomètre”, préfère Magali venue en éclaireur. Son conjoint et ses enfants l’attendent à la maison. « Quitte à être sur place, je tente l’expérience jusqu’au bout, j’ai sélectionné plein de forfaits et maintenant j’ai hâte de payer et de vite rentrer chez moi ouvrir ces petits trésors ». Émilie et sa fille Célia n’ont pas non plus fixé de budget. “Nous sommes ici par curiosité, nous allons y jouer au ressenti.”
Jessica et Stella se sont laissées tenter par la promotion du jour : 10 kilos pour 140 euros. On les retrouve sur le parking. Jessica déballe son premier colis. Un briquet. « Cependant, nous avons mis beaucoup de temps à sélectionner un package plutôt qu’un autre et je pense qu’à terme je vais tout revendre sur Vinted. » » lâcha-t-elle en exhibant, déçue, une robe de soirée taille XL. Tandis qu’un cri de joie vient d’une autre voiture. Un homme brandit une boîte iPhone… « Chaque semaine à Claira, nous mettrons en vente six tonnes de nouveaux colis non distribués, dont des Amazon Mystery Box »annonce Jérémy Martinez, dépassé par le succès de cette première journée.