Les aides à l’achat de voitures électriques n’auront jamais coûté autant cher à l’État. Plus d’un milliard et demi d’euros en 2024 (alors que le plan de relance prévoyait une enveloppe de 1,2 milliard d’euros) compte tenu du leasing social, qui a rapidement submergé les services de l’État, contraints de fermer prématurément le robinet. Dans une période politique tendue et au milieu d’un contexte économique difficile pour la France, l’État cherche à réaliser des économies partout où il le peut. Et cela pourrait concerner à nouveau l’industrie automobile, si l’exécutif décide de suivre les recommandations du tout dernier rapport de la Cour des comptes, datant de janvier dernier. Parmi les nombreuses mesures – réduction des fonds pour la culture et le numérique, réduction des doubles financements dans les communes pour la politique agricole, etc. –, on retrouve une ligne sur le bonus écologique : le limiter aux véhicules les plus légers.
Le bonus fortement réduit ?
L’avis de la Cour des comptes semble tellement logique d’un point de vue écologique (paramètre censé être essentiel pour le bonus) qu’on se demande comment il n’a pas été pris en compte plus tôt. Certes, l’État a sorti son score environnemental en restreignant l’accès au bonus aux seuls modèles dont la production est jugée acceptable. Mais peut-on attribuer un bonus « écologique » à un véhicule de 2,5 tonnes ? La Cour des comptes estime qu’il est temps d’agir sur ce point.
« Alors que la planification écologique favorise le remplacement des véhicules thermiques les plus polluants par des véhicules neufs plus performants et pesant moins de 1 925 kg, les aides actuelles sont versées majoritairement sans obligation de remplacement d’un véhicule polluant et peuvent financer l’achat de véhicules pesant jusqu’à 2 400 kg. Une suppression du bonus sur les modèles de plus de 1 925 kg serait donc à la fois cohérente et efficace.
Pourquoi 1925 kg ? La Cour des comptes explique qu’il s’agit d’une valeur issue des recommandations de l’Ademe et de France Stratégie. Selon la Cour des comptes, la prime allouée aux véhicules de plus de 1 925 kg en 2024 a coûté près de 280 millions d’euros. En 2025, si l’Etat décidait de limiter le bonus aux modèles n’excédant pas cette masse, il pourrait économiser 200 millions d’euros par an dès cette année. Les Peugeot E-3008 et E-5008, Tesla Model Y ou encore BMW iX1 seraient ainsi exclues du système de bonus.
Limitez-le un peu plus
Le rapport ne s’arrête pas là, puisqu’il préconise également de sévir un peu plus sur les conditions de revenus. La Cour des comptes explique que la prime et l’achat de véhicules électriques concernent encore trop les Français les plus aisés.
« L’aménagement écologique s’accompagne également d’un objectif de meilleure prise en compte des ménages les plus modestes. Or, le bonus écologique profite de facto davantage aux ménages aisés : en 2023, 82 % des bénéficiaires du bonus électricité se positionnent ainsi entre le 6e et le 10e décile de revenus. Un nouvel ajustement des barèmes selon les tranches de revenus ou un rééquilibrage entre le bonus écologique et la prime à la conversion, qui assure la garantie du remplacement d’un véhicule polluant, pourraient donc s’ajouter au plafonnement du poids des véhicules éligibles.
Le Premier ministre et son gouvernement auront donc tout le temps de se pencher sur cette question une fois la réforme des retraites achevée. Mais avant que tout cela n’arrive, nous pourrions déjà être en 2026.
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