Au tribunal correctionnel de Paris,
Il n’est pas venu pour “clash”, ni ce mardi, ni le 10 novembre 2022 sur le plateau de “Touche pas à mon poste” (TPMP). C’est ce qu’affirme à la barre Louis Boyard, partie civile au procès de Cyril Hanouna, contre qui le député a porté plainte pour injures publiques envers une personne chargée d’une mission de service public. L’animateur star de C8, qui n’est pas venu s’expliquer, encourt une amende de 12 000 euros. Le tribunal a réservé sa décision et rendra son jugement le 20 février 2025.
Cinq insultes intéressent le tribunal, proférées lors de l’émission : « espèce d’idiot », « tu es un idiot », « tu es un con », « tu es un bouffon », « tu es un connard ». merde”. Certains propos « désobligeants », comme « tu es venu pour être intelligent », sont « répétés, deux, trois, quatre fois pour vous anesthésier », c’est « la méthode Hanouna », dénonce l’un des avocats de Louis Boyard dans sa plaidoirie. Elles faisaient directement suite aux critiques des élus LFI envers les « magnats de la presse » et notamment Vincent Bolloré, propriétaire de C8 et donc patron de Cyril Hanouna.
« Pouvoir tout-puissant » versus « coup médiatique »
Ces insultes “devant la France entière, devant des chroniqueurs qui sont contre vous, un animateur qui est contre vous, un public qui est contre vous”, n’ont pas laissé indifférent le député de 24 ans, a-t-il soutenu. interrogé par les avocats de Cyril Hanouna. L’élu de la 3e circonscription du Val-de-Marne affirme avoir même « ressenti de la haine » de la part de Cyril Hanouna. «Je crois que la volonté [à travers ces injures] c’est rabaisser, humilier. On ressent un sentiment de toute-puissance», dit-il encore dans son costume bleu et ses baskets blanches, regrettant le manque d’explications de la part du principal concerné.
Du côté de la défense, les avocats y voient une manœuvre, une « provocation préméditée ». Stéphane Hasbanian, l’un des conseillers de Cyril Hanouna, souligne également que le député, en témoigne l’image, “ne bronche pas”. “Cette séquence est un rêve, un miracle, elle s’est déroulée exactement comme il l’espérait, il en était ravi”, ajoute un deuxième avocat de l’animateur qui dénonce un “piège”, un “coup médiatique”.
Le statut de député en question
On sent le député encore ébranlé par la séquence de 9 minutes lorsqu’elle est diffusée sur l’écran de la 17e chambre criminelle du tribunal de Paris. Les bras croisés, il secoue la tête, hausse les sourcils, lève les yeux au ciel. Mais ce qui a le plus choqué l’élu, c’est « la volonté de censure ». « Je n’ai pas pu expliquer mon raisonnement, je suis député, un élu de la nation, pour présenter des idées politiques et j’ai devant moi un responsable de presse, un présentateur, qui me dit que je n’ai pas le droit de dire ça. .» “J’ai été insulté pour mes propos politiques”, dit-il.
Ces insultes ont valu à la chaîne du groupe Canal+ une amende record de 3,5 millions d’euros infligée par l’Arcom.
Personne ne nie vraiment les insultes proférées, impossibles puisqu’elles ont été enregistrées et diffusées. Mais toute la question qui se pose devant le tribunal, selon le procureur et les avocats de la défense, est finalement de savoir si l’infraction « commise contre une personne chargée d’une mission de service public » est qualifiée, à savoir si Cyril Hanouna a insulté Louis Boyard en sa qualité d’avocat. un député ou son action politique. Et Stéphane Hasbanian a rappelé la jurisprudence de l’affaire Nadine Morano contre Guy Bedos dans laquelle la plaignante avait été déboutée parce que son statut d’élu n’avait pas été qualifié d’insulte de « salope ».
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