Projet électro-pop du chanteur et producteur montpelliérain Arthur Dubreucq, Kazy Lambist est en concert ce jeudi 23 janvier au Rockstore. Une certaine idée de classe dans la mode méditerranéenne !
«J’ai une petite obsession pour la mer Méditerranée.» Arthur Dubreucq est né à Montpellier il y a trente-deux ans, et bien qu’il ait trouvé son pseudonyme au Canada, dix-sept ans plus tard lors d’une année d’échange scolaire en Colombie-Britannique (Kazy Lambist serait le nom d’un twister local), son inspiration demeure et reste profondément méditerranéen. Comme en témoigne son nouvel album Mode (Cinq7 / Wagram) ce qui fait qu’on pourra le voir ce jeudi au Rockstore. Superbement mais sans le moindre pincement de bouzouki, de cajón rub ou de derbouka snap. Chez Kazy Lambist, Mare nostrum n’est pas une affaire de sons mais de sensations fortes.
Aux frontières de l’électro atmosphérique à la Air et de la pop synthétique à la Sébastien Tellier, sa musique évoque un début de soirée d’été, les pieds dans le sable, où le soleil n’est plus aveuglant mais lumineux, la chaleur plus écrasante mais enveloppante, et puis l’ambiance se déchaîne avec légèreté… « J’avoue que c’est un moment de la journée qui me convient bien, avec toutes les couleurs qui accompagnent le passage du jour à la nuit.confides Arthur Dubreucq. Je suis de nature assez nocturne mais j’aime le moment du coucher de soleil, j’ai de bons souvenirs des crépuscules en concert… Et puis, le coucher de soleil marque un début quelque part, j’aime ça !
Mais le crépuscule, avec le temps, ne va pas sans atténuer l’humeur de ceux qui s’y épanouissent : le chant comme la mélodie dégage à la longue une élégante mélancolie.. “C’est vrai que j’ai tendance à être un peu nostalgique” reconnaît le chanteur. « Je le sais, alors j’essaie de compenser ma nature en proposant des morceaux qui peuvent être un peu accrocheurs, voire dansants. Pour ne pas gâcher l’ambiance. Ce n’est pas l’idée !
Un groove ondulant
Mais restons calmes et buvons frais : aussi groove que soit l’électro-pop de Kazy Lambist, celui-ci n’est jamais du genre à tabasser, son truc est plutôt ballottant, ondulant, swinguant, voyez, en douceur et en profondeur. Arthur Dubreucq sourit : «C’est vrai qu’il y a une certaine douceur en nous. La Méditerranée est une mer très douce, les vagues n’y sont pas énormes. Nous bénéficions également d’un climat idéal… Inconsciemment, cela se reflète dans la musique. Et d’ajouter : «J’accepte complètement de faire de la musique sudiste ! »
-Détail amusant, qu’il faut sans doute être originaire de la région pour pleinement l’apprécier, le premier titre de son album s’intitule Cinémed, surnom du Festival International du Cinéma Méditerranéen de Montpellier. « Ah, Cinémed… J’y allais chaque année quand j’étais plus jeune. C’est grâce à ce festival que j’ai pu, avant de voyager, découvrir en amont d’autres cultures. J’ai apprécié d’être là. voir des films grecs, turcs, palestiniens, etc. Toute une culture méditerranéenne en fait, et c’est ce que j’ai trouvé intéressant : découvrir tout ce que nous avions en commun.
Le goût du partage
Après un premier album réussi (33 000 pieds.en 2018) et la tournée qui a accompagné sa sortie, Arthur Dubreucq a pris son temps pour publier son deuxième format long… mais n’a pas chômé. Il a publié plusieurs EP, dont un avec Jean-Benoît Dunckel du groupe Air, de nombreux DJ sets en France et en Europe, donné des concerts en Turquie, vécu deux ans à Rome, tourné en Amérique du Nord avec Kid Francescoli, son collègue du sud électro-pop (Marseille)… Une multitude d’expériences dont son nouvel enregistrement contient l’écho : les chanteurs turcs Sedef Sebüktekin et Den Ze, le groupe de jazz Emilie Londonien, le saxophoniste Jowee Omicil, la chanteuse montpelliéraine Nelly Lawson, la californienne Julietta… Mode plein de collaborations (featurings). « C’est ce que j’aime le plus, ce qui me donne de l’énergie : travailler avec des artistes que j’aime, échanger, créer ensemble. Ensuite, je me suis lancé dans la production. Au fond, je me considère plus comme un producteur que comme un chanteur.
Pour l’avoir vu fin août en concert au festival Palmarosa de Montpellier, on a le droit d’être en désaccord sur ce point : avec seulement deux musiciens, il a réussi à tenir la grande scène avec une classe décontractée (qui a dit typiquement méditerranéenne ?) et a gagné l’adhésion d’un public qui ne le connaissait pas forcément. « C’était l’un de nos premiers concerts avec notre chanteur Woody et notre bassiste Sabine Stankors. Nous avons déjà dû faire trois festivals, nous ne connaissions pas forcément tout mais depuis, nous avons pas mal tourné. Chez Rockstore, nous pourrons donner le concert complet, plus long que le format festival, et nous pourrons travailler les lumières, la dimension visuelle est très importante pour nous. Ça va être cool de présenter tout ça au Rockstore, chez soi !