Procès contre Gilbert Rozon | La violence sexuelle expliquée

Procès contre Gilbert Rozon | La violence sexuelle expliquée
Procès contre Gilbert Rozon | La violence sexuelle expliquée

Pourquoi certaines personnes se figent-elles lorsqu’elles sont agressées sexuellement ? Comment expliquer les trous de mémoire des victimes de viol ? Qu’est-ce qui les pousse à continuer à entretenir un lien avec leur agresseur ? Un expert en violences sexuelles s’est adressé au tribunal lundi pour démêler ces questions.

Professeure au Département de psychoéducation et de psychologie à l’Université du Québec en Outaouais (UQO) et chercheuse reconnue dans le domaine des violences sexuelles, Karine Baril a failli ne pas livrer son témoignage au palais de justice de Montréal.

Avocat de Gilbert Rozon, Me Pascal-Alexandre Pelletier, a remis en question l’expertise de M.moi Baril dès le début de l’audience, affirmant qu’elle avait étudié la psychoéducation plutôt que la psychologie. La juge Chantal Tremblay, qui présidait le procès, a finalement donné raison à Mme.moi Baril, lui permettant de défendre son rapport d’expertise, co-écrit avec la sociologue Sandrine Ricci.

Karine Baril, qui fait partie de plusieurs équipes de recherche, dont le Centre de recherche interdisciplinaire sur les problèmes conjugaux et les agressions sexuelles (CRIPCAS), a décrit dans son rapport les réactions des victimes d’agressions sexuelles.

“C’est un événement traumatisant qui est perçu comme une menace pour l’intégrité physique et psychologique d’une personne”, a-t-elle indiqué d’emblée, rappelant que la majorité des victimes d’agressions sexuelles disent “craindre pour leur vie” dans une proportion de 70 %. %.

Lorsque le cerveau perçoit une menace, la personne a deux choix : se battre ou fuir. Mais dans la majorité des cas d’agression sexuelle, il y a un élément de confusion qui mène à une sorte de paralysie, a expliqué Karine Baril. « La personne va complètement geler. »

“C’est un état de paralysie mentale et physique”, a-t-elle poursuivi. La littérature scientifique parle de Paralysie provoquée par le violun état d’engourdissement qui se traduit par une forme d’anesthésie, une insensibilité aux stimuli externes. L’une des plaignantes a déclaré dans son témoignage qu’elle n’entendait plus rien autour d’elle, que c’était comme si elle avait survécu à un bombardement. C’est un peu ça. »

Karine Baril a également parlé du phénomène de dissociation, un autre mécanisme de défense du cerveau qu’elle décrit comme « l’altération de l’état de conscience d’une personne afin de rendre tolérable l’intolérable ».

“Pour de nombreuses victimes d’agression sexuelle, la dissociation est un mécanisme qui se déclenche pour ne pas ressentir de douleur lors de l’agression, pour ne pas être en contact avec ce qui se passe ou pour s’éloigner d’un facteur de stress envahissant”, écrivent les deux chercheurs dans leur rapport. . Elle a également donné l’exemple d’un fusible qui saute en cas de surcharge.

Cette dissociation, combinée à l’afflux d’hormones de stress dans le cerveau, serait à l’origine de pertes de mémoire chez les victimes d’agression sexuelle, a indiqué Karine Baril. « Ils auront du mal à raconter l’événement dans un ordre séquentiel et à se souvenir des détails importants. »

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Karine Baril (à gauche) et Sandrine Ricci ont co-rédigé une expertise sur les agressions sexuelles.

Le professeur Baril a également parlé des séquelles négatives que peut provoquer le traumatisme d’une agression sexuelle.

Elle a abordé la question de « l’évitement », c’est-à-dire « la suppression cognitive de tout ce qui peut rappeler l’événement ». «Certains plaignants ont déclaré avoir tout mis dans un tiroir ou mis un couvercle dessus. C’est de cela dont nous parlons », a-t-elle déclaré.

Le sentiment de culpabilité des victimes d’agressions sexuelles, leur perception négative d’elles-mêmes, leur état d’hypervigilance ou encore leurs comportements autodestructeurs ont également été évoqués. Les personnes ayant subi une agression sexuelle courent également un plus grand risque de présenter des symptômes de troubles de santé mentale.

Finalement, concernant l’association avec l’agresseur, Karine Baril a rappelé que la plupart des victimes à caractère sexuel ont été agressées par des personnes de leur entourage proche — famille, collègue, employeur, etc. normalité, même s’il s’agit d’évitement. C’est une façon pour eux de se protéger. Pour éviter de vous qualifier de victime. »

Lors de son contre-interrogatoire, M.e Pelletier voulait établir que Karine Baril n’avait pas évalué les neuf prévenus et qu’elle n’avait pas lu leurs dossiers médicaux ni leurs déclarations à la police, ce que le professeur n’a jamais prétendu. “C’est un rapport basé sur la science”, a répondu le professeur.

On a beaucoup parlé du trouble de stress post-traumatique (SSPT), qui inclut les agressions sexuelles. La défense a fait valoir que, selon certaines études, les symptômes auraient disparu trois mois après les événements.

Mmoi Baril a répondu que le SSPT était progressif et que la réactivation du traumatisme était possible plusieurs années après les événements. Que ce soit en reparlant de l’attentat, en revoyant son agresseur, en revivant les événements suite à une dénonciation ou lors d’un procès.

Me Pelletier a soulevé la question suivante : comment déterminer ce qui a contribué au SSPT chez une personne victime d’agression mais ayant un parcours de vie difficile ? Ou encore une première crise dans l’enfance, par exemple ?

Les témoignages d’experts en violences sexuelles se poursuivent mardi.

 
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