« Faut-il trouver des solutions ? La réponse est oui. Mais dire que Saint-Roch brûle, c’est nuire à Saint-Roch», a réfuté lundi le maire Marchand.
Après presque une semaine à voir le centre-ville défrayer la chronique, il a profité de sa première sortie médiatique au retour des fêtes pour réagir au contexte d’affaires dégradé et aux fermetures successives des magasins Benjo et La Cordée.
Jeudi, le chef de l’opposition officielle à l’hôtel de ville, Claude Villeneuve, n’a pas manqué d’accuser le maire et son administration de ne pas prêter attention au « marasme économique » de l’artère commerciale du quartier populaire.
Bruno Marchand a dénoncé les déclarations alarmistes de son adversaire.
“Les gens doivent arrêter de dire que c’est l’enfer sur Terre.”
— Bruno Marchand, maire de Québec
Faire passer l’idée que Saint-Roch brûle est, dit-il, « une grave erreur ». « Il y a une limite à exagérer et à effrayer le monde. En criant au loup, on n’aide personne», a ajouté le maire, qui aura également Claude Villeneuve comme adversaire dans la course à la mairie aux prochaines élections, ainsi que Le Soleil rapporté exclusivement lundi.
« Plus et mieux » à faire
Loin de nier un certain déclin commercial, Bruno Marchand a admis qu’il faudra faire « plus » et « mieux » pour redresser la rue Saint-Joseph. Mais si certaines entreprises « sont en difficulté », d’autres se portent « très bien », ajoute-t-il.
Tout comme son bras droit, Pierre-Luc Lachance, conseiller municipal de Saint-Roch—Saint-Sauveur, le maire promet également des « actions concrètes » à venir dans les prochaines semaines.
Le nettoyage des graffitis, une présence policière accrue et le retour des fonctionnaires dans les bureaux ont déjà été identifiés comme des solutions possibles. Il est donc faux de dire que Québec reste les bras croisés, s’est défendu le maire.
“Nous allons soutenir nos commerçants, nous avons plein d’idées qui arrivent”, a-t-il promis.
«Nous allons faire ce qu’il faut pour ne pas laisser tomber Saint-Roch.»
— Bruno Marchand, maire de Québec
Faire revenir des résidents fait aussi partie de la volonté de l’administration Marchand, qui promet dans les prochaines semaines des « orientations plus claires » sur le développement du bloc Dorchester proposé par le promoteur Trudel.
Quoi qu’il en soit, le maire Marchand souhaite voir disparaître le stationnement. « Il faut construire quelque chose. Il faut un hébergement et il en faut beaucoup.
Saint-Joseph, pas le pire
Les problèmes auxquels le quartier est confronté vont bien au-delà de ses frontières, explique-t-il, faisant référence à la croissance généralisée du sans-abrisme et au phénomène du commerce en ligne.
Preuve que la tendance fait des ravages partout, il affirme que davantage de locaux commerciaux sont vacants ailleurs dans la ville.
Dans des quartiers comme Saint-Sauveur et le Vieux-Québec, les artères commerciales affichent un taux d’inoccupation de plus de 20 %, alors que celui de la rue Saint-Joseph se situait autour de 13,7 % en 2024.
Pour rivaliser avec les grandes plateformes en ligne, il dit vouloir créer une « expérience » distinctive dans les rues commerçantes pour attirer les consommateurs.
Le gouvernement Marchand nie cependant que ces difficultés commerciales puissent être liées à des taxes trop élevées.
« Les impôts sont trop larges pour dire que c’est la faute des impôts », réfute-t-il, reconnaissant toutefois que le prix des loyers imposés par les promoteurs est parfois élevé.
« Mobilisation » et lutte contre Airbnb comme solutions
En réaction au départ du maire, les trois partis d’opposition ont trouvé leur propre remède pour atténuer les maux du quartier Saint-Roch.
Il faut d’abord reconnaître le problème et appeler à la « mobilisation », exhorte le chef de l’opposition officielle. Claude Villeneuve réclame notamment une amélioration rapide et une offre événementielle bonifiée.
Il balaye l’argument du commerce en ligne pour expliquer les difficultés de la rue Saint-Joseph. «Cette réalité existe aussi pour Maguire Street et la 3e Avenue», qui se portent pourtant mieux, constate-t-il.
« Ce n’est pas Saint-Roch qui brûle, ce sont les artères commerciales de tout le centre-ville. Il y a clairement des difficultés particulières dans le centre-ville.»
— Claude Villeneuve, chef de l’opposition officielle
À l’Équipe Priorité Québec, le chef Patrick Paquet accuse pour sa part l’administration Marchand de faire la « sourde oreille » aux préoccupations des commerçants et de les taxer plus que plusieurs autres villes canadiennes.
Jackie Smith, responsable de Transition Québec, voit dans la situation actuelle les conséquences des locations de courte durée comme Airbnb, permises à grande échelle au centre-ville depuis plusieurs années.
«Pour inverser la tendance, il faut serrer la vis sur Airbnb et faire revenir les résidents autour des artères commerciales», demande l’édile de Limoilou, y voyant aussi une façon de répondre à la crise du logement.