Relégué dans la mémoire de quelques hippies nostalgiques, l’auto-stop fait son retour sur les routes. Les réseaux sociaux et les émissions de télévision ont donné un nouveau souffle au phénomène, comme le constate l’émission Mise au point.
A la fin des années 1960, la vague hippie déferle sur l’Europe avec son lot de jeunes désireux de voyager simplement, avec leur sac à dos. Pour cette génération, l’auto-stop devient un moyen économique de parcourir le monde. Mais dans les années 1980, une vague d’incidents sanglants impliquant des auto-stoppeurs a failli mettre fin à la pratique du pouce levé sur les routes.
Trente ans plus tard, la nouvelle génération semble avoir repris confiance dans cette façon de se déplacer, dans le sillage de films comme « Into The Wild » (2007), d’influenceurs spécialisés sur le sujet ou d’émissions de télé-réalité. comme « Pékin Express » (M6) et « Nus et Culottés » (France 5).
C’est cette dernière qui a largement redonné ses lettres de noblesse à l’auto-stop en battant plusieurs records d’audience en France. Le principe du spectacle est simple : deux jeunes hommes partent sans argent et sans vêtements, bougent grâce à la générosité des gens qu’ils rencontrent et relèvent des défis surprenants, comme trouver de l’or en Suisse ou organiser un concert de piano sur un glacier.
Développer les compétences humaines
Pour comprendre ce nouvel engouement autour de l’auto-stop, Mise au point a rencontré Guillaume Mouton, alias Mouts, l’une des deux stars de « Nus et Culottés ». Après des années à parcourir le monde, l’aventurier de 37 ans s’installe enfin dans la Drôme française.
Faire de l’auto-stop nécessitera le développement de compétences et de qualités humaines qui ne sont pas forcément innées
Guillaume Mouton définit la philosophie de l’auto-stop comme « l’art d’oser sortir de sa zone de confort à la rencontre de l’inconnu ».
« Cette pratique nécessitera également le développement de compétences et de qualités humaines qui ne sont pas forcément innées, comme la confiance en soi et dans les autres, la capacité à s’émerveiller dans des situations difficiles, la capacité à assumer la responsabilité des choix que l’on a faits. Tout cela nous amène à un lieu fondamental qui ouvre un espace de rencontre avec les autres et qui permet de se rencontrer soi-même », explique-t-il.
Les francophones se prennent au jeu
Les Romands n’échappent pas à cette nouvelle tendance, à l’image de Raphaël Laurent, un Fribourgeois qui a choisi cette option de mobilité pour parcourir les 50 kilomètres qui le séparent de son travail. Dans Focus, le créateur de contenu web confie que, selon ses statistiques, environ une voiture sur quarante s’arrête pour le récupérer. Mais pour lui, faire du stop, c’est avant tout un moyen de soulager son porte-monnaie.
Tijana et Bastien ont atteint la Norvège par la force du pouce. Un voyage qui a parfois été difficile pour ce couple lausannois, mais qui réserve aussi son lot de belles surprises. Par exemple, alors qu’ils se rendaient dans un camping quelque part en Scandinavie, ils furent récupérés par un vieux monsieur qui leur prêta gentiment une grande villa.
Certains ont même fait de l’auto-stop un véritable sport. Chaque année à Genève, plusieurs dizaines de participants venus de toute la Suisse se réunissent pour une compétition surprenante : réaliser le plus rapidement possible une boucle de 300 kilomètres à deux en passant par Payerne (VD) et Gruyère (FR). . Les plus rapides mettent environ six heures pour effectuer le trajet. Pour d’autres, le trajet prendra plus de dix heures.
Alice et sa sœur Laura assistaient à l’événement pour la première fois. À leur arrivée, les Genevois ont eu le sentiment d’avoir vécu une «superbe expérience», mais ils ont parfois dû composer avec des commentaires déplacés de la part de certains automobilistes. « Cela nous a mis mal à l’aise. Cela nous met dans une position où, à part dire merci et au revoir, nous ne pouvons rien dire », concluent-ils.
Florian Parini/jfe