Partisan de la spontanéité
Dès sa sortie, « Africa », ballade soft rock FM »stupide» (beaucoup de gens le pensent encore aujourd’hui) était classé numéro 1 mondial. Le single s’est vendu à dix millions d’exemplaires. Avec deux milliards de streams, « Africa » fait partie des chansons »or» le plus écouté sur Spotify avec « Bohemian Rhapsody » de Queen et « Wonderwall » d’Oasis. Si Steve Lukather avoue n’avoir jamais couru nu, il ajoute, bon sport, qu’il prend toujours un grand plaisir à le réaliser sur scène comme il le fera à Forest National ce 7 février dans le cadre du Visite des Dogz d’Oz par Toto. “Afrique”, comme “Hold The Line” (premier succès du groupe en 1978) ou « Rosanna » sont les signatures du groupe. On ne peut pas ne pas les jouer, les fans attendent ça.“
Dernier membre actif du Toto de la grande époque, Steve Lukather fait partie de ces musiciens qui ont toujours dû se justifier. “Aujourd’hui, certains me reprochent de tourner sous le nom de Toto. Je trouve cela complètement ridicule. J’ai rejoint le groupe un an après sa création par le batteur Jeff Porcaro et David Paich. Jeff est décédé en 1992, David ne peut plus voyager en raison de sa santé. Bobby Kimball (ancien chanteur et claviériste, NDLR) souffre de démence. Je n’ai jamais voulu me réapproprier une musique réalisée en groupe seul. Je suis juste celui qui la garde en vie. Les critiques musicaux ont également pris l’habitude de réduire Toto à « Africa » ou « Rosanna ». “Un groupe de ballades », disent-ils. Mais c’est faux. Toto est plus diversifié que la plupart des groupes de rock classique. Nous couvrons toute la gamme du rock, peu importe ce que cela signifie : prog, funk, jazz, country… »
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Avec plus d’un millier d’albums portant son nom au générique, Steve Lukather est l’un des guitaristes de session les plus demandés au monde. De Michael Jackson à Alice Cooper en passant par Cher et Stevie Nicks, il a joué pour les plus grands. Sa patte ? S’il n’a pas un son identifiable comme Jimi Hendrix ou Brian May, Lukather s’adapte à tous les styles et est connu pour faire peu de prises. “Pour moi, la musique est quelque chose de non-dit. Je sais lire une partition, mais 99 % des disques sur lesquels j’ai joué, c’était « voici la mélodie, laissez-vous aller ». Je ne peux plus me passer de ma guitare, je joue tout le temps, mais je n’aime pas répéter. La spontanéité est ma façon de rester créatif.» Cette méthode lui a permis de jouer avec Miles Davis sur « Don’t Stop Me Know », une chanson co-écrite avec David Paich pour Fahrenheitalbum de Toto paru en 1986. »Nous voulions prendre une direction jazz/rock. Miles Davis a accepté sans hésiter de collaborer avec nous sur ce titre. Un moment de pur bonheur. Lorsque Miles joue sur une de vos chansons, vous n’avez plus besoin d’être validé par qui que ce soit. Après cela, je me fichais des critiques adressées à Toto.“
Paul et Michel
L’année où il a enregistré le hit « Africa », Lukather a été invité par Quincy Jones et Michael Jackson à Thriller. A l’exception du solo d’Eddie Van Halen sur « Beat It », il joue toutes les parties de guitare que l’on entend sur cet album vendu à 65 millions d’exemplaires. “Je connaissais Quincy Jones qui m’a engagé comme guitariste de session pour plusieurs de ses albums solo. J’étais chez moi dans ma maison de Los Angeles lorsque j’ai été réveillé par un appel téléphonique. “Bonjour Steve, c’est Michael Jackson, Quincy m’a donné ton numéro, tu voudrais jouer sur mon disque ?” Au début, j’ai cru que c’était une blague et j’ai raccroché. Finalement, Michael m’a convaincu que c’était bien lui. La première chanson pour laquelle nous avons fait Thrillerc’était « The Girl Is Mine », son duo avec Paul McCartney. Inutile de dire que j’étais au septième ciel. C’est grâce à l’album Rencontrez les Beatles ! que je suis devenu guitariste. Me retrouver en studio avec Paul McCartney et Michael Jackson était irréel. A partir de ce moment, j’ai compris que Thriller marquerait l’histoire de la pop.“
Ferdi, le saxophone audacieux
Ce fils d’un assistant réalisateur chez Paramount n’a joué que sur une seule bande originale, celle de DuneAdaptation par David Lynch en 1984 du roman de Frank Herbert avec Sting. Un flop à l’époque, culte aujourd’hui. “La bande originale est de Toto, je joue dessus mais c’est avant tout le projet de David Paich. J’ai apprécié collaborer avec Lynch. Chaque fois que je vois Sting, on rigole de ce genre de couche qu’il porte dans le film. Mais musicalement, ce n’était pas une grande expérience. C’était une partition très orchestrale, je n’étais pas à ma place en tant que guitariste. Lynch nous avait vendus Dune comme une sorte de Guerres des étoiles mais il n’a jamais obtenu le financement et a abandonné.
Toto, 7/2, Forest National, Bruxelles.