Paris Turf : Que retenez-vous de cette nouvelle expérience japonaise ?
Cristian Demuro : J’ai commencé avec un six retentissant le 27 octobre. Ensuite, j’ai immédiatement remporté un Gr.I avec Superbe Rose dans la Coupe Reine Elizabeth II. Et juste avant de rentrer, j’ai été battu d’une courte tête dans l’Arima Kinen (Gr.I) avec Shahryar… C’est toujours regrettable, mais c’est déjà bien de pouvoir monter autant de si bons chevaux dans un grand pays de courses comme le Japon. J’ai quand même réussi à gagner 32 courses en l’espace de deux mois, ce qui est très bien.
Qu’est-ce qui vous plaît tant au Pays du Soleil Levant ?
Au Japon, les jockeys ont la même réputation que les footballeurs. Pour ma part, je n’ai pas pu sortir beaucoup car le public nous reconnaît facilement dans la rue et nous demande souvent des autographes. Mais c’est un endroit très chaleureux et, si on devait comparer, je dirais que c’est ce qui nous manque un peu en France.
Envisagez-vous d’y retourner l’année prochaine ?
J’essaierai d’y aller chaque hiver si j’ai la chance d’être invité. Cependant, il n’est pas facile d’obtenir une licence car elle est très stricte. En fait, cela fonctionne comme un point de licence. L’année dernière, je n’ai pas pu y aller parce que j’avais auparavant pris deux jours de congé au Japon. Cette saison, j’ai pu y arriver grâce à ma dernière victoire dans le Prix de l’Arc de Triomphe (Gr.I) avec As Impact en 2023. L’année prochaine, je pourrais aussi y retourner car j’ai remporté un Groupe I en novembre dernier.
Vous venez de rentrer en France. Alors quel sera votre programme en ce début de saison ?
Je vais faire beaucoup d’allers-retours entre la région parisienne et Cagnes-sur-Mer en ce début d’année. Bien sûr, s’il y a un cheval à travailler, je resterai dans le Sud. Les courses se multiplient en région parisienne durant l’hiver. Ensuite, ma clientèle est plus forte à Paris qu’à Cagnes. Sinon, je devrais aussi aller à Dubaï, le 24 janvier, pour monter un Doug Watson résident dans un Groupe I. Et puis, je conseillerai en fonction des propositions, notamment des Japonais pour l’Arabie Saoudite…
Revenons sur l’année 2024. De quoi vous souvenez-vous ?
Ma saison a été plutôt bonne malgré cette lourde chute à Lyon le 8 juin, qui m’a également empêché de monter le vainqueur du Prix de Diane (GrI), Beaucoup de mousseux… Ceci étant dit, j’ai ensuite eu la chance de pouvoir le récupérer grâce à ses propriétaires, Jean-Pierre Dubois et Al Shaqab Racing. Mais comme je le dis toujours, le plus important c’est la santé, et cela aurait pu être bien pire. Bien sûr, psychologiquement, ça fait mal, mais l’essentiel est d’avoir encore les deux jambes. Il y a des choses plus sérieuses dans la vie. Sur le plan sportif, bien sûr, il n’y a pas eu de victoire dans un Groupe I en France. J’ai quand même passé tout près de remporter le Prix d’Ispahan (Gr.I) avec Horizon doré (2e). Les chiffres restent bons car j’ai quand même pu gagner 124 courses sur le sol français (dont 100 pour le classement de la Cravache d’Or où il a terminé quatrième, ndlr). Ce n’est pas mal, d’autant que cette chute m’a éloigné des pistes pendant près d’un mois et demi des pelotons. Je pense que mes agents, Pierre-Alain Chereau et Giovanni Laplace, ont fait du très bon travail comme d’habitude.
En tant que premier jockey de Jean-Claude Rouget, vous avez encore plus souffert sur le plan personnel…
Personne ne s’attendait à voir M. Rouget tomber malade si vite. Et rien que pour cela, je considère que l’année a été chaotique. Nous allons évidemment continuer à travailler ensemble car nous avons toujours de très bonnes relations. C’est une référence pour moi et ça le sera toujours. Mais bien sûr, Nurlan Bizakov (Sumbe) sera prioritaire en 2025, mais je continuerai à travailler avec lui autant que possible, mais aussi avec toutes les autres personnes qui me font confiance.
Parlez-nous de ce contrat de première monte que vous venez de remporter. Comment cela a-t-il été fait ?
Nous avons longuement discuté pour trouver un accord qui a finalement été trouvé. C’est un grand propriétaire qui continue d’investir dans le monde des courses. Ses chevaux sont avec de grands entraîneurs et ça m’excite déjà beaucoup à l’idée de pouvoir être associé à eux.
D’ailleurs, vous chevaucherez sûrement pour la première fois les pensionnaires d’André Fabre qui appartiennent à Nurlan Bizakov…
J’y pense oui. C’est quelque chose qui devrait se produire avec le temps. Je suis évidemment très heureux car je n’ai jamais pu être associé à l’un de ses résidents auparavant. Cela me ferait vraiment plaisir de pouvoir rouler pour lui un jour.
Revenons à votre contrat. Est-il indispensable pour un jockey d’en avoir un ?
Je ne dis pas que c’est important, mais c’est toujours bien d’avoir la confiance d’une grande équipe comme celle-là. Cela permet d’avoir de bons chevaux à monter toute l’année. Un contrat original avec un jockey pousse généralement une écurie vers le haut. Il est également indispensable pour suivre le travail et la progression des chevaux. Auparavant, on le faisait beaucoup, mais plus tellement maintenant. À mon avis, c’est quelque chose qui manque. Car, aujourd’hui, hormis l’écurie de Son Altesse l’Aga Khan, Wertheimer & Frère et M. Bizakov, aucune autre structure n’a de contrat avec un jockey.
Alors, vous le savez déjà bien…
En effet, par le passé, cela a très bien fonctionné avec Gérard Augustin-Normand ou encore avec Jean-Claude Rouget qui m’a donné sa parole. Ces deux hommes ont été les premiers à me faire confiance à mon arrivée en France. Cela ne peut pas être oublié.
Que pouvons-nous vous souhaiter pour 2025 ?
Ne me fais pas de mal ! Ensuite, poursuivre sur ma lancée comme je le fais depuis plusieurs années et améliorer mes statistiques. Ensuite, former une belle équipe avec M. Bizakov, mais aussi avec tous les clients qui me font confiance.
Avez-vous envie de vous battre pour la Récolte d’Or ?
En début d’année, je n’y pense jamais car il y a mieux que ça. Je pense notamment aux Groupes I. Tout dépendra du nombre de victoires que j’aurai au moins en juin. Si à ce moment-là, je pense que je serai compétitif, alors j’essaierai. Ce n’est cependant pas une priorité même si je suis déjà apparu deux fois sur le podium (3ème en 2020 et 2023, ndlr).
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