La cérémonie des Golden Globes s’est tenue ce dimanche à Los Angeles. Lors de ce grand rendez-vous du cinéma et des séries TV du monde entier, le film Émilie Pérez de Jacques Audiard a été sacré quatre fois. Mais derrière la cérémonie et les paillettes se cache une industrie en grande difficulté. Décryptage.
Hollywood, en plus d’être la colline la plus célèbre de Los Angeles, est aussi un quartier qui pèse très lourd dans l’économie de la ville et de la Californie. L’industrie du divertissement que représente Hollywood représente 681 000 emplois, un secteur essentiel qui va de soi et qui contribue à hauteur de 115 milliards de dollars par an à l’économie régionale selon l’Agence de développement économique de Los Angeles. Mais le secteur emblématique de la côte ouest américaine a été durement touché par la pandémie de Covid-19 il y a cinq ans. Suspension quasi totale des tournages, ce qui signifie moins de contrats pour un grand nombre de professionnels du secteur. Après cette période de léthargie, la récupération fut longue et difficile.
Les conséquences de la grève de 2023
La reprise des tournages a néanmoins été stoppée par une grève des acteurs et scénaristes l’année dernière. Au total, 148 jours de grève, le plus long conflit qu’ait connu Hollywood de toute son histoire. Mouvement social non sans conséquences puisque, si un un accord a été trouvé entre les syndicats représentant les scénaristes et les plateformes de streamingcela a eu un coût estimé à environ six milliards de dollars selon l’American Milken Institute. Et si le secteur a eu du mal à redémarrer après le Covid-19, la grève n’a rien aidé. Pour le troisième trimestre 2024, les niveaux de production cinématographique ont diminué de 5 % par rapport à la même période en 2023.
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L’explication réside sur ce point : après la grève, la situation des travailleurs du cinéma et des séries n’a fait qu’empirer. L’une des principales raisons est que les productions ont boudé Hollywood et ses studios. La grève leur paraissait interminable. A cela, il faut ajouter le coût de la vie qui a augmenté à Los Angeles. Et cela peut paraître anecdotique mais il n’en est rien, les accords suite à la grève ont rendu la production plus chère.
La Californie boudée par les producteurs
Face à cette situation, les financiers ont dû trouver des solutions. L’une d’elles est de trouver d’autres sites pour tourner des films et des séries. Les emplois dans la production cinématographique et sonore depuis le début de la grève dans la région de Los Angeles ont diminué de 15 %. ” Au revoir » Los Angeles d’abord, puis « Au revoir » Californie. Direction d’autres États comme le Nouveau-Mexique et la Géorgie. Leur force est de proposer une fiscalité avantageuse. La Géorgie, en particulier, dispose d’un programme d’incitations fiscales illimitées et a déjà permis aux studios hollywoodiens d’économiser des milliards de dollars. Depuis 2019, Netflix y a investi 575 millions de dollars. Selon une enquête menée par New York Times38 États américains offrent une forme d’incitation fiscale aux productions. En conséquence, de nombreux travailleurs d’Hollywood ont dû démissionner ou déménager pour suivre le rythme des productions. D’autres attendent beaucoup du retour de Donald Trump à la Maison Blanche avec ses ambitions de déréglementer l’économie. Quoi qu’il en soit, la machine à rêves qu’est Hollywood s’est transformée pour beaucoup en machine à cauchemars.