Il existe plusieurs éléments qui font le succès d’une zone commerciale, voire d’une rue. Son emplacement, son aspect visuel et bien sûr les commerces qui s’y trouvent.
Longue de 500 mètres, la rue de Fersen peut facilement être coupée en deux. Au début : les maisons et le collège éponyme. Puis Maison Fersen – le concept store de marques locales qui a remplacé le dojo -, qui annonce une série de boutiques et d’offres de restauration. Parmi eux : quatre nouveaux, qui ont ouvert entre le 18 juin et le 10 septembre.
Près de 40 artistes et artisans réunis dans une boutique
En tête, mais au bout de la rue car elle donne sur James-Close : Sandrine, la patronne du 1 2 3 Soleil. Sa marque remplace Wakey Cosmétiques. Dans la boutique de Sandrine, on ne sait plus où donner de la tête. Bougies, décoration, vêtements, accessoires, objets insolites et utiles, gourmandises à offrir, articles de Noël… c’est la caverne d’Ali Baba.
Enfin, ce sont surtout ses coups de cœur, réalisés par des artistes et artisans français ou régionaux, qu’elle achète et revend… sans filet de sécurité. « Je n’ai jamais été commerçant. Ici, tout est prise de risque. »elle rit.
Mais ce magasin était son rêve. Cela fait vingt ans qu’elle développe son projet, après plus de trente ans dans le tourisme. “Maintenant que ma fille est indépendante, je peux ouvrir ce nouveau chapitre de ma vie”elle glisse.
A ce jour, elle vend les créations de trente-sept artisans – des cartes postales aux belles pièces en cuir – entre 1 et 1 000 euros. Certaines pièces sont même uniques et créées à sa demande. « Le renouvellement est permanent. Je veux que nous puissions tous avoir un bout de France chez nous »summarizes Sandrine.
“On a plus de clients en novembre qu’en août”
En remontant la rue de Fersen, place de Miss Mam – le concept store dédié aux femmes enceintes, aux jeunes mamans et à leur progéniture –, on tombe devant la devanture de Picnic. Vous y trouverez une cuisine végétalienne et végétarienne, à consommer sur place ou à emporter.
Aux commandes : Nicholas, qui a également ouvert le restaurant vegan Koko Green à Nice, et Holly, ancienne chef et hôtesse de yacht.
Elle vivait à Antibes et lorsque Nicolas la rencontra, il tomba amoureux de la vieille ville. « Nous voulions faire quelque chose de plus petit que mon restaurant à Nice, plus un snack. Mais tous les produits sont frais et les plats sont cuisinés le matin même. Quand il n’y en a plus… il n’y en a plus »dit Nicolas.
Ils ont clairement trouvé la recette du succès puisque, après avoir vécu un été intense, ils accueillent encore plus de monde en novembre. « Ce genre d’offre manquait peut-être à Antibes »tente le chef qui trouve la petite rue de plus en plus dynamique.
Cafés de spécialité et produits associés
Irvin est d’accord. On pourrait penser que sa carrière a fait un virage à 180°… mais pas tant que ça, assure-t-il.
Partis vivre au Canada avec son épouse, ils décident de retourner dans leur région d’origine à la naissance de leur enfant. Avant cela, Irvin travaillait dans le marketing. Mais au Canada, il est tombé amoureux du café de spécialité.
« Le grain est choisi avec précision, cueilli à la main, de manière responsable et par des personnes rémunérées. Son prix n’est pas indexé sur la bourse, il ne dépend pas de l’offre et de la demande mais de sa qualité”il explique.
Pendant la crise sanitaire, il prend une décision. Au lieu de télétravailler dans son café de quartier, il se rendra derrière le comptoir.
Il s’entraîne, écrit un plan d’affaires et, le 18 juillet, ouvre Petit Monsieur. Vous pourrez y déguster des cafés du monde entier – ou Torref de Fersen – selon la méthode d’extraction que vous préférez, déguster un gâteau ou une focaccia maison et acheter des produits dérivés.
« Cet été, j’ai accueilli beaucoup de touristes. Ils restent une semaine, passent tous les jours prendre un café le matin, ils en prennent un autre en revenant de la plage… ça crée des liens. Quand ils partent, ils aiment garder un souvenir de ces moments »sourit Irvin.
Il a donc créé des casquettes et des vêtements notamment avec sa voisine Mektouberie, des tasses confectionnées par sa (presque) voisine Clotilde céramique… et tout est épuisé. Pas d’inquiétude : Irvin ne compte pas s’arrêter en si bon chemin et envisage même – peut-être – d’ouvrir un studio de design au sein de Petit Monsieur.
« Le seul vrai bar à vin d’Antibes »
C’est tout pour la journée. Puis, au coucher du soleil, Mark et Fleur prennent le relais. Lui est un ancien ingénieur commercial, elle était journaliste. Tous deux ont ouvert le 10 septembre Les Vins de la lune. Un bar proposant des vins biodynamiques du monde entier triés sur le volet, à déguster avec des tapas cuisinées par leurs soins.
Leur première victoire ? Être adressé au Gault & Millau régional, sur proposition d’un client. Ils ont donc postulé pour faire partie de la sélection nationale et devraient recevoir la visite d’un enquêteur dans les prochains mois.
En attendant, ils assurent qu’ils tiennent “le seul vrai bar à vin de la ville”où les clients peuvent sortir de leur zone de confort en profitant de leur offre de dégustation. Après une formation auprès du sommelier azuréen Franck Thomas, ils ont travaillé sur une carte qui comprend plus de 120 références.
« Nous ne passons pas par un bureau central, nous achetons directement aux producteurs »confirme Fleur. Qui espère que leurs efforts seront récompensés car, le soir, la rue de Fersen peine encore à se remplir.