faire le Vendée Globe 2028 sur un bateau en bois, le pari fou du skipper Marc Thiercelin

Un bateau en bois. Rien de plus logique, après tout, sous le sapin. On ne parle pas ici d’un canoë ou d’un vieux gréement, mais d’un véritable bateau de course. Un Imoca, un monocoque de 18,60 mètres conçu pour un tour du monde en solitaire et sans escale. « Le bois dans ma maison remonte à loin ! » s’amuse Marc Thiercelin. « À 15 ans, je construisais une maison avec ce matériau ! Ma compagne était jusqu’à présent très critique sur mes projets de multicoques mais maintenant elle me dit que j’ai une bonne idée !

Sur le papier, l’idée en question ne présente que des avantages. Écologique et financier. « Attention, il ne s’agit pas de jeter les bateaux carbone à la poubelle ! Je veux juste montrer qu’on peut faire les choses de manière efficace et respectueuse de l’environnement. Soyez compétitif, avec des fibres naturelles.

Une coque en bois, une structure en contreplaqué – peuplier, merisier ou bouleau, au choix – bambou pour l’aménagement intérieur, chanvre pour les voiles, lin pour l’accastillage… Ce bateau éco-responsable permettrait une réduction drastique de l’empreinte Carbone : -70 % par rapport à un voilier classique. Car ici, pas besoin de moule, coûteux et énergivore. « On peut même penser à l’ortie ! C’est une fibre très résistante. Aujourd’hui, nous fabriquons des casques de moto en ortie ! Le coût d’un tel projet ? Entre quatre et cinq millions d’euros, contre sept à huit millions pour les budgets actuels. « Nous parlons d’un bateau à ailerons. On pourrait mettre des foils, mais cela prendrait plus de temps, plus de budget. Cela compliquerait le processus.

Projet Imoca en bois, publié dans le dossier de presse de Marc Thiercelin, en 2024. (Marc Thiercelin)

Les esprits moqueurs voient là un projet fou, un retour à la lampe à pétrole. C’est mal connaître le garçon, avec une image volontairement décalée, atypique. « Au départ du premier Vendée Globe, beaucoup se demandaient combien allaient revenir. Ils sont tous revenus ! Comme le disait ma mère, la meilleure réponse est de bien faire et de le laisser dire ! Partenaires du projet, les architectes Gildas Plessis (340 bateaux conçus) et Renaud Banuls (trimaran Sodebo Ultim) démontrent le sérieux de l’affaire. Par ailleurs, quatre projets ont déjà été avancés, si nécessaire.

Jusqu’à présent, personne n’a osé. Le « Capitaine Marck » veut être le premier à sortir du bois. « Il faut que le 1est le semestre 2025 est rémunéré. La priorité est la dimension industrielle, la construction elle-même. La dimension sportive suivra. Il faut que j’aie trouvé 60 % du budget de construction d’ici avril 2025. A terme, l’idéal serait de se lancer à l’été 2026, pour participer en même temps à la Route du Rhum.

Sa dernière course remontait à 2019. Deuxième du Vendée Globe 1996, avec cinq tours du monde et plus d’une vingtaine de transatlantiques au cours de sa carrière, le Varois fêtera ses… 68 ans en 2028. « L’âge n’est pas un obstacle. La voile est un sport d’expérience. J’ai plus d’expérience. Je reviens avec un esprit neuf. J’ai toujours eu envie de naviguer ces dernières années. Si je me rends compte que j’ai l’âge de mes artères, alors ok… Mais je me parle ! Après tout, Jean Le Cam est sur le point de boucler son 4ème Vendée Globe consécutif. Toujours compétitif, à 66 ans. « Jean n’est pas fan de la salle de sport, et pourtant ! Francis Joyon a remporté la Route du Rhum à 62 ans ! Je ne collecte pas d’argent pour échouer. Je ne vais pas dans une impasse. C’est mon dernier grand projet.

De ses jeunes années d’études à la prestigieuse école Boulle, il conserve le goût des belles choses. « Je veux un bateau très « visuel » qui pose des questions à chaque fois qu’on le regarde. Je le trouve très raffiné. Esthétiquement, il faut se rendre compte tout de suite que c’est un bateau en bois. Il rêvait d’être luthier. A soixante ans, il s’imagine chef d’orchestre, maître d’oeuvre d’une partition finale. Du pur Thiercelin. Baroque et audacieux.

 
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