Avec une parfaite urbanité, Jean Echenoz endure vaillamment l’épreuve de l’entretien, qui, on le devine, n’est pas son étape préférée lors de la publication d’un livre. Un mélange de bienveillance et de légère gêne règne de part et d’autre de la table basse de son salon. Depuis quarante-six ans qu’il publie, l’écrivain ne s’est pas complètement débarrassé de la timidité révélée par ses sourires inquiets et le léger tremblement de sa voix, dont le débit rappelle un peu, par moments, celui de Patrick Modiano. .
Surtout, quiconque l’a lu connaît son goût pour les ellipses ainsi que son aversion pour la gravité et imagine combien il doit trouver absurde l’activité consistant à lui faire commenter son œuvre. Un peu comme si l’on convoquait cet esthète de l’ironie, de la légèreté et du détachement pour expliquer avec scrupule les sources de ses traits humoristiques. Il va jusqu’à refuser l’esprit de sérieux. Pourquoi vouloir l’obliger à submerger ses textes d’explications sans équivoque et de gloses solennelles ?
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