Mathieu van der Poel se démarque dans l’écosystème des labours, où les traditions se cultivent et se transmettent comme de vieux pots de confiture. Le « Flying Dutchman » pèse aujourd’hui de tout son poids sur une discipline qu’il honore de sa présence à petites gorgées. Alors forcément, lorsque le « petit phénomène » assiste à une épreuve de cyclo-cross, la foule est remplie d’enthousiasme. Imprégné d’un goût certain pour le spectacle, VDP sait se faire remarquer, avant même le départ.
Parmi les passants, dans une rue pavée tachée de boue, le Néerlandais est apparu la semaine dernière au volant d’un joyau rutilant, une Lamborghini toute neuve, à Gavere (Belgique). L’image avait déjà généré son lot de commentaires l’année dernière, avec un autre bolide. Longtemps exposé aux terrains glissants et aux obstacles tortueux, Van der Poel fait désormais partie de ceux qui sont « trop grands » pour leur discipline. Chaque apparition, chaque marche du sextuple champion du monde est un moment privilégié à contempler.
Même quand il n’est pas à 100%, tu ne peux pas le battre
Et tant pis si le maestro compose en solo. Bien souvent, le porteur du maillot irisé joue sans orchestre, battant la concurrence, brisant le suspense. Le public ne s’en plaint pas, et s’enivre même en observant l’esthète dans ses œuvres. A Besançon, dimanche, les quelque 10 000 personnes rassemblées autour du circuit doubiste ont bravé un froid polaire pour scruter un morceau de légende. Toon Aerts, comme Michael Vanthourenhout ou Laurens Sweeck avant lui, a tenté de perturber le cortège du roi VDP, en vain.
Van der Poel coupe un virage, chute… mais reste en tête : son gamin en vidéo
Crédit vidéo : Eurosport
Mais ce n’est pas encore le grand Van der Poel, comme l’a concédé l’intéressé après une cinquième victoire en cinq courses cet hiver. Le point culminant de sa saison sur des ornières piégeuses aura lieu en France, dans un mois (le 2 février), avec en jeu un septième maillot arc-en-ciel et une place au sommet de l’histoire aux côtés d’Eric De Vlaeminck. En attendant, VDP poursuivra sa tournée avec le Grand Prix Sven Nys à Baal (Belgique) ce mercredi 1er janvier, à suivre en intégralité sur Eurosport et l’application Max. Face au Batave, une horde d’habitués subit la comparaison et un cruel déclassement éclair. “Même quand il (Van der Poel) n’est pas à 100%, on ne peut pas le battre, (…) Je ne me souciais pas de lui, mais plutôt de garder la 2e place, c’est ce que je pouvais imaginer de mieux aujourd’hui (dimanche)», a reconnu le vaincu Aerts (2e) après l’épreuve de Besançon au micro de l’UCI. Mais, sans la fusée blanche au départ, si les combats surgissent, l’intérêt diminue.
Ambassadeur et mécène : après VDP, le déluge menace
Les organisateurs peuvent donc dire un grand merci à leur messie, qui vampirise l’attention, les invitations lucratives et les sponsors. Dans un accord gagnant-gagnant qui remplit toutes les poches, seuls les adversaires peuvent se sentir trompés. Et encore une fois, l’ombre lourde des larges épaules du Néerlandais capte un faisceau de projecteurs que le cyclo-cross et ses acteurs ne peuvent se permettre de rejeter. On demanderait même à VDP de teindre son short quelques jours de plus l’hiver prochain (et les suivants).
“Il est de retour!” : Van der Poel fait le show après… une minute de course
Crédit vidéo : Eurosport
En tout cas, il y a des raisons d’y croire, même si certains sons de cloche, parfois même venant de la bouche de l’intéressé, ont révélé une potentielle lassitude. Au vu des résultats enregistrés ces dernières saisons sur la route, le programme a démontré ses vertus et il serait risqué d’en bousculer le contenu. Après tout, on ne change pas une recette qui fonctionne.
