Tous les dix ans, les accords autorisant les groupes à diffuser leurs programmes sur ces chaînes sont réexaminés par le régulateur. Une formalité ? Certains l’ont cru, misant à tort sur l’attentisme supposé d’Arcom.
1 Deux chaînes, C8 et NRJ 12, mises de côté
Le régulateur a publié le 12 décembre la liste des 11 chaînes retenues pour être diffusées sur la TNT au-delà du 28 février 2025, confirmant une première sélection dévoilée en juillet. Sans surprise, BFMTV, LCI, TMC, W9, Gulli, TFX… sont reconduites jusqu’en 2035. Coup de tonnerre cependant pour les absents : deux chaînes vont disparaître cet hiver.
NRJ 12 d’abord, média du groupe NRJ, dont les audiences ont chuté et dont la viabilité économique, un des critères d’Arcom, a été jugée trop incertaine. On reproche également à cette chaîne de trop peu investir dans les nouveaux programmes, d’augmenter les rediffusions, et donc de peu contribuer à la vitalité du secteur audiovisuel.
Quant à C8, dossier épineux car très associé à la figure populaire et clivante de Cyril Hanouna, c’est la fin de sept années de bras de fer entre la chaîne du groupe Bolloré et Arcom. Lors de l’audition des dirigeants du C8 en juillet, les neuf membres de l’Arcom n’ont pas caché leur agacement. La chaîne a été sanctionnée plus d’une trentaine de fois, très souvent pour des dérapages dans l’émission « Touche pas à mon poste » (TPMP). Arcom reproche aux dirigeants de C8 de ne pas chercher à canaliser l’animateur star.
« Sur les huit dernières années, vous avez accumulé 7,6 millions d’euros de sanctions. La chaîne la plus pénalisée après la vôtre est de 380 000 euros… A chaque fois, vous nous avez expliqué que les incidents ne se reproduiraient pas. Et à chaque fois, ça revient », déplore Benoît Loutrel, l’un des neuf « Sages » d’Arcom.
Les représentants de C8 ont annoncé que « TPMP » serait désormais enregistré, pour un meilleur contrôle de l’antenne. Mais ce changement a été jugé bien trop tard par l’autorité indépendante. Une autorité dont la légitimité, d’une certaine manière, était en jeu : on ne voit pas comment le régulateur pourrait ne pas réagir face à un média aussi sourd à ses appels à l’ordre.
2 Coup de théâtre : le retrait de Canal
C8 et NRJ 12 disparaissent donc de la TNT, ce qui ne les empêchera pas de continuer éventuellement à exister sur d’autres chaînes. Un coup de théâtre a conclu, mi-décembre, cette redistribution des cartes : en réaction au non-renouvellement de la fréquence C8, le groupe Canal+ a annoncé son intention de retirer ses quatre chaînes payantes à partir de juin 2025 (Canal+, Canal+ Cinéma, Canal+ Sport, Planète).
Ce choix achève la transformation de Canal+, ancienne chaîne de télévision devenue une véritable plateforme numérique.
Traduction la plus spectaculaire de cette décision : après 40 ans d’existence, Canal+ disparaît de la chaîne 4. En effet, l’accès à Canal+ via la TNT était devenu très limité. Cela ne concernait que 70 000 foyers. La grande majorité des abonnés regardent les programmes de Canal via un ordinateur ou une télévision connectée – sur la plateforme myCanal. Ce choix achève la transformation de Canal+, ancienne chaîne de télévision devenue une véritable plateforme numérique.
3 Deux nouvelles chaînes d’ici cet été
Parmi les détenteurs de fréquences TNT pour les dix prochaines années, deux nouveaux acteurs : le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky et son groupe CMI (« Elle », « Télé 7 Jours », « Franc Tireur », groupe Editis, etc.) proposeront depuis 1est Marche une chaîne structurée autour de la culture et du débat d’idées, avec, pour ce que l’on sait à ce stade, des documentaires, des magazines, une émission culturelle et littéraire – baptisée « Culturama ». Un projet conçu en réponse aux « forces nihilistes » qui travaillent dans le pays, selon ceux qui l’ont défendu lors d’une audition à l’Arcom, Denis Olivennes et Raphaël Enthoven.
De son côté, le groupe Ouest-France lancera en septembre « OFTV », une chaîne généraliste étroitement liée aux territoires régionaux et d’outre-mer. Le projet rappelle un peu les contours de France 3 mais s’adresse à une cible plus jeune que l’audience actuelle de la chaîne publique : les 25-49 ans.