UNAvec une longueur de 6 500 kilomètres et un budget estimé à près de 25 milliards de dollars, le gazoduc Nigeria-Maroc se positionne comme l’un des projets énergétiques les plus ambitieux du continent africain. Conçu pour relier le Nigeria au Maroc à travers 13 pays d’Afrique de l’Ouest, ce mégaprojet, rebaptisé « Gazoduc Afrique-Atlantique », incarne une vision stratégique d’intégration régionale et de coopération intercontinentale. Depuis la signature de l’accord de coopération entre l’Office National des Hydrocarbures et des Mines (ONHYM) et la Nigerian National Petroleum Corporation (NNPC) en 2017, des progrès significatifs ont été réalisés.
Les études de faisabilité technique, de pré-ingénierie détaillée (preFEED) et d’ingénierie détaillée (FEED) ont été finalisées en mars 2024. L’infrastructure adopte une combinaison de routes terrestres et offshore pour des raisons de sécurité, de praticité et de flexibilité. optimisation économique. Le gazoduc vise non seulement à transporter du gaz naturel entre les pays producteurs et importateurs, mais également à offrir une alternative compétitive au gaz naturel liquéfié (GNL). Les études d’impact environnemental et les négociations autour d’accords intergouvernementaux (AIG) entre les pays concernés démontrent l’ampleur et la complexité du projet. “Une validation finale par les chefs d’Etat de la CEDEAO est attendue prochainement, avant le début des phases opérationnelles”, a indiqué Amina Benkhadra, directrice générale de l’ONHYM, en marge de la 13ème édition des Dialogues atlantiques qui se sont tenues récemment à Rabat.
Une alliance avec la CEDEAO
La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) joue un rôle clé dans l’avancement du projet. L’intégration du gazoduc Afrique-Atlantique dans les priorités de la CEDEAO marque une étape décisive. L’organisation régionale avait initialement envisagé l’extension d’un pipeline entre le Nigeria et le Ghana jusqu’au Sénégal. Désormais, le gazoduc Afrique-Atlantique est devenu un projet commun, unifiant les ambitions énergétiques des pays de la région. Cette collaboration vise à améliorer l’accès à l’énergie, à stimuler l’industrialisation et à créer des opportunités d’emploi le long de son parcours.
De plus, le gazoduc reliera le réseau ouest-africain au gazoduc MaghrebEurope, consolidant ainsi les échanges énergétiques entre l’Afrique et l’Europe. La récente confirmation d’importants gisements de gaz en Mauritanie et au Sénégal renforce encore la pertinence du projet. Ces deux pays, initialement tournés vers l’exportation de GNL vers l’Asie, voient dans le gazoduc une opportunité pour répondre à la demande énergétique régionale tout en diversifiant leurs débouchés économiques. Le gazoduc promet d’être une solution rentable et efficace, par rapport au GNL, pour le transport et l’utilisation du gaz naturel.
Un levier pour l’intégration régionale
Au-delà de son impact énergétique, le gazoduc Nigeria-Maroc s’inscrit dans une stratégie d’intégration régionale plus large menée par le Maroc. Cette vision, soutenue par le roi Mohammed VI, comprend le développement d’infrastructures stratégiques telles que le port de Dakhla, des corridors économiques reliant les pays enclavés d’Afrique de l’Ouest et des initiatives industrielles axées sur l’hydrogène vert et l’ammoniac. Ce projet contribue également à améliorer la connectivité terrestre, maritime et aérienne entre les pays d’Afrique atlantique, ouvrant la voie à une coopération économique renforcée.
Avec un marché potentiel de 120 millions d’habitants, cette zone se positionne comme un moteur de croissance pour le continent. Pour l’Europe, le gazoduc représente une opportunité de diversifier ses sources d’énergie, notamment dans le contexte de transition énergétique mondiale. Même si sa capacité d’exportation vers l’Europe est limitée à 15 voire 18 milliards de mètres cubes par an, ce projet contribue à sécuriser les approvisionnements et à renforcer les relations énergétiques entre l’Afrique et l’Europe.