« Wahid, Ithnan, Thalatha… » Sur le cadran de la montre Joris Giovannetti, les chiffres sont écrits en arabe. Et d’ailleurs, le moment n’est pas venu. Un détail. Sans doute le seul à travers lequel on peut entrevoir, au premier coup d’oeil, la singularité de ce jeune professeur de philosophie de 32 ans, qui s’apprête à faire irruption sur la scène littéraire nationale.
Le 2 janvier prochain apparaît Ceux que la nuit choisitson premier roman, publié chez Denoël. Le terrain ? Pas facile. Le roman s’ouvre sur un prologue : l’histoire d’une femme qui arrive à cheval dans un village de Castagniccia un jour de 1889.
Elle y fonda une famille que l’on vit vivre pendant un quart de siècle jusqu’au déclenchement de la Grande Guerre. Puis le lecteur se retrouve projeté cent ans plus tard, dans la Corse de la décennie 2010. Celui dans lequel évoluent deux frères, Raphaël et Gabriel, que l’on suit à travers les péripéties de leur vie intime et de leurs engagements.
« J’ai essayé de faire un roman qui puisse avoir deux niveaux de lecture, confie l’auteur. Un niveau accessible à tous, où le lecteur lira une histoire pleine de rebondissements. Et un autre niveau, dans lequel les gens qui connaissent la philosophie peuvent trouver un roman à clef.
“Ce n’est pas le roman le plus joyeux”
Conte, roman à clef… avec ses 470 pages, Ceux que la nuit choisit combine des exercices littéraires, du roman philosophique à l’histoire d’amour, en passant par la fresque sociale.
C’est aussi et surtout un portrait sans fard de la société insulaire et du monde étudiant dans lequel l’auteur a évolué. “Ce n’est pas le roman le plus joyeux de la rentrée littéraire, concède-t-il. Il y a beaucoup de personnages désabusés. Des gens qui n’ont plus de croyances mais qui font comme si, pour continuer à espérer. Des gens attachés au projet émancipateur porté par le nationalisme mais qui, au fond, n’y croient plus.
