La Conservation Départementale du Gard présente des œuvres rares et inédites aux musées Albert-André et d’art sacré. L’exposition, visible jusqu’au 4 mai 2025, retrace l’histoire d’une collection née au fil des décennies grâce à des personnalités hors du commun. Une plongée parmi les grands noms de la fin du XIXème et du XXème siècle.
Un masque de femme tahitienne de Gauguin, un Danaïde signé Rodin, une statue de Camille Claudel, des dessins et croquis de Renoir, des peintures de Marquet, Valtat, Signac… L’exposition « De Renoir à Van Dongen », inaugurée mi-décembre et présentée jusqu’au 4 mai 2025, est exceptionnelle en plus qu’un seul chemin. D’abord parce que pour la première fois, une exposition est commune aux deux sites que sont le musée Albert-André de Bagnols et le musée laïc d’art sacré de Pont-Saint-Esprit, dont l’histoire est intimement liée aux personnalités que sont Albert André. et sa fille adoptive Jacqueline Bret-André. L’exposition retrace ainsi l’extraordinaire histoire de dons successifs qui ont abouti à la création d’une collection de peintures figuratives, du post-impressionnisme à nos jours, d’une incroyable richesse.
Un voyage qui retrace l’histoire du premier musée provincial d’art moderne
Visite guidée avec Auréliane Vila-Drules, guide conférencière à la Conservation Départementale du Gard, qui gère cette collection, narration et explications vivantes et passionnantes. Les visiteurs sont ravis. Ils étaient une quarantaine mardi matin à Bagnols, une trentaine vendredi à Pont-Saint-Esprit.
A Bagnols, au deuxième étage de l’hôtel de ville, le parcours a été entièrement repensé pour présenter une centaine d’œuvres peu ou pas dévoilées au public.
L’exposition est organisée en quatre chapitres, un pour chaque personnalité qui a permis la création des collections du musée de Bagnols, premier musée d’art moderne de province !
La première salle est dédiée à Léon Alègre, père fondateur du musée, historien, archéologue et peintre reconnu. On découvre ses dessins et gravures de Bagnols, paysages, « un style très détaillé, minutieux et réaliste ». Défenseur de l’éducation populaire, il crée une bibliothèque-musée en 1857 qui s’installe en 1868 là où elle se trouve aujourd’hui. « À l’époque, c’était un musée encyclopédique, avec une salle réservée à l’histoire naturelle, une à l’industrie, une à l’agriculture… » Des pièces de ce premier musée sont ainsi mises en valeur, comme ce luth chinois en forme de lune.
Renoir invite Albert André à accepter de devenir commissaire d’exposition
Albert André deviendra conservateur du musée en 1917. »Il avait hérité d’une maison à Laudun où il passait ses étés. Un jour, alors qu’il faisait ses courses à Bagnols, le boucher lui demanda s’il ne voulait pas devenir conservateur. Renoir lui dit : « Accepte, je te donnerai quelques tableaux. » Il va créer un réseau, faire appel à ses amis, peintres vivant à son époque. Dans la deuxième salle, des œuvres de Puvis de Chavannes, Signac…« Après l’incendie de 1924, la municipalité donna de l’argent qui permit à Albert André de faire rentrer 140 œuvres, beaucoup de petits formats, il ne pouvait pas acheter de grandes toiles. Il y a encore un Danaïde d’Auguste Rodin… » Dans la troisième salle, « on retrouve de nombreux dessins, gravures, aquarelles, une grande variété de techniques, toutes figuratives ». Et des portraits et un buste de Renoir, le « mentor d’Albert André, une amitié est née entre eux. Albert André sera le parrain du dernier fils de Renoir et son exécuteur testamentaire. Il se liera d’amitié avec Jean Renoir qui lui lèguera le chevalet et la palette de Renoir..
Jacqueline Bret-André poursuit et enrichit l’œuvre de son père adoptif
Dans la salle suivante, sous l’égide de Jacqueline-Bret-André qui deviendra conservatrice du musée de 1958 à 1979, découvrez de nombreux tableaux d’Albert André. « Jacqueline poursuivra l’œuvre d’Albert André. C’est à elle que l’on doit la transformation du musée. Elle fait don chaque année de tableaux de son père et de peintres contemporains.
Enfin, deux salles sont dédiées à l’importante donation et legs de George Besson, collectionneur. « Toute sa vie, avec sa femme Adèle, il a acheté des œuvres. Ici c’est un dessin de Rodin, ici une caricature de Monet, là deux aquarelles de Signac…« George Besson et Albert André vont devenir amis… La dernière salle est ainsi richement meublée : Le portrait d’Adèle Besson de Kees van Dongen, un petit portrait de George Besson par Matisse, des encres de Marquet et des bouquets de fleurs de Suzanne Valadon et Bonnard.