La littérature s’est toujours imposée comme un vecteur privilégié de transmission d’idées et de messages, un pont intemporel entre les esprits et les époques. A la veille de sa clôture, Le360 s’est rendu au Salon International du livre pour l’enfance et la jeunesse (SILEJ) afin de rencontrer, sur le stand de l’Institut français, quatre romanciers et mieux comprendre les combats qu’ils mènent à travers la fiction.
Marie Alhinho et Nine Gorman, duo français d’auteurs de romans jeunesse, ont fait de la lutte contre le harcèlement scolaire l’un des thèmes centraux de leur travail. Pour eux, les livres ne sont pas seulement des moyens d’évasion, mais aussi de puissants outils pour aborder des sujets sensibles avec les jeunes. “Nous voulons dire aux adolescents qu’ils ne sont pas seuls et qu’ils peuvent toujours trouver de l’aide s’ils osent le demander.», explique Marie Alhinho.
C’est en construisant leur fiction autour de personnages auxquels les jeunes peuvent s’identifier que les deux romanciers mènent leur combat et transmettent leurs messages de résilience. Nine Gorman souligne : «Quand tout semble sombre, il faut garder espoir. Après la tempête, le soleil réapparaît toujours.»
Nine Gorman souligne que le harcèlement touche particulièrement les jeunes depuis l’essor des réseaux sociaux, qui offrent un accès facile à toute personne qui s’inscrit. Elle discute également du rôle des parents dans la prévention et la gestion de l’intimidation. Cette dernière doit, selon Marie Alhinho, « ouvrir la conversation de manière non abstraite et parvenir à trouver les mots pour avoir un dialogue concret avec l’enfant ».
Chadia Loueslati, dessinatrice tunisienne de bande dessinée, a choisi de raconter la jeunesse de la grande diva Oum Kalthoum dans son dernier ouvrage. En mettant en lumière son parcours hors du commun, cette biographie illustre la force de caractère et l’émancipation d’une femme qui a défié les conventions sociales de son époque. Un exemple, selon elle, pour les jeunes, et pour les filles en particulier. « Oum Kalthoum était féministe avant l’heure. Elle impose à son mari un contrat de mariage, lui accordant le droit au divorce, ce qui était exceptionnel à l’époque.explique l’auteur.
En évoquant les obstacles surmontés par cette icône égyptienne, Chadia Loueslati insiste sur le rôle joué par les parents, notamment le père d’Oum Kalthoum, un imam tiraillé entre la rigueur de ses convictions et l’éclat du talent de sa fille. Incapable d’accepter que ce don du ciel reste dans l’ombre, il la déguisa en garçon pour lui permettre de chanter le Coran et d’offrir au monde cette voix qu’il appelait “le Rossignol”. La créatrice partage un message d’espoir aux enfants et aux parents : « Croyez en vos enfants, soutenez-les. Rien n’est impossible à ceux qui s’accrochent à leurs rêves.
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Sophie Laroche, écrivaine française pour la jeunesse, a souligné l’importance de l’inclusion et du respect des différences à travers un cycle d’ouvrages intitulé « Les enquêtes d’Anatole Bristol ». À partir d’intrigues sociales et de personnages ancrés dans le quotidien des jeunes lecteurs, elle aborde des thématiques variées comme le handicap, le harcèlement ou les étiquettes sociales. « Les enfants vivent des souffrances qui, pour nous, adultes, peuvent paraître insignifiantes, mais qui les marquent profondément. »se souvient Sophie Laroche. En transmettant des messages d’amitié et de partage, elle espère encourager les jeunes à affronter leurs difficultés avec solidarité.
La littérature jeunesse comme moteur du dialogue intergénérationnel
Au-delà des récits, le SILEJ et l’afflux de visiteurs, souvent des parents accompagnés de leurs enfants, démontrent que la littérature jeunesse peut constituer un pont entre les générations. Les parents, parfois réticents à s’intéresser à cette littérature, peuvent y trouver, insistent les auteurs, des outils précieux pour engager des discussions approfondies avec leurs enfants. Comme le souligne Marie Alhinho, « c’est magique de voir des liens se créer à travers la fiction ».
Le Salon international du livre pour l’enfance et la jeunesse, à travers ses rencontres et ses échanges, illustre le rôle essentiel des auteurs de jeunesse dans la société : celui de sensibiliser, d’inspirer et de renforcer les liens familiaux et sociaux. La littérature jeunesse se révèle alors comme un formidable vecteur de transformation culturelle.
Par Camilia Serraj et Khalid Essalak
25/12/2024 à 9h50