Touché par la polio dans son enfance, le directeur de 85 ans fait part de ses inquiétudes concernant la nomination de Robert F. Kennedy Jr. au ministère de la Santé.
Francis Ford Coppola s’oppose à l’idée selon laquelle Donald Trump « changer de cap » sur le vaccin, évoquant notamment son enfance marquée par une longue convalescence après avoir été infecté par la poliomyélite. Ces dernières semaines, les communautés médicale et scientifique américaines s’inquiètent de la possible nomination par Donald Trump de Robert F. Kennedy Jr. au ministère de la Santé. Depuis plusieurs années, l’ancien avocat relaye régulièrement des théories complotistes remettant en cause l’utilisation de certains vaccins, comme celui pour lutter contre la poliomyélite.
« Les gens ne comprennent pas les terribles effets de la polio, comme l’incapacité de respirer et le fait d’être dans un poumon d’acier, l’incapacité de marcher ou la paralysie totale, sont le résultat des dommages causés par cette infection »explique Francis Ford Coppola dans une interview au magazine Date limite . Atteint de cette maladie virale qui envahit le système nerveux durant son enfance, Francis Ford Coppola a passé près d’un an alité chez lui. « Je me souviens de la nuit où j’ai eu de la fièvre. Ils m’ont emmené à l’hôpital. Il y avait tellement d’enfants qu’il y avait des civières empilées sur trois ou quatre dans les couloirs car il y avait beaucoup plus d’enfants qu’il n’y avait de lits dans l’hôpital.dit-il. Je me souviens des enfants aux poumons d’acier dont on pouvait voir les visages dans les miroirs. Ils pleuraient tous. »
Le directeur rappelle qu’à cette époque il n’existait pas encore de traitement approuvé pour traiter la poliomyélite. « Je me souviens de ceux qui m’ont dit que je devais me battre et que je pouvais vivre longtemps, être très actif et faire ce que je voulais. Mais toujours en fauteuil roulant. C’est à ce moment-là que j’ai réalisé à quoi j’étais confronté. Mon père ne faisait pas confiance à ce diagnostic »dit-il.
« L’horreur, c’est ce que j’ai vu dans un hôpital rempli d’enfants qui hurlaient. »
Francis Ford Coppola
Plutôt que de suivre le traitement suggéré par les médecins, son père l’a emmené dans une association caritative qui aidait les enfants atteints de polio. Une infirmière autodidacte prêchait l’idée que le meilleur traitement pour les enfants atteints de la maladie était de recycler leurs muscles. « Cette dame, en quatre ou cinq mois, m’a redonné progressivement la capacité de bouger mon bras gauche »explique Francis Ford Coppola. Pendant ce temps, “D’autres traitements impliquaient le plâtre des membres pour assurer l’immobilité, et ces patients se retrouvaient dans des fauteuils roulants ou pire, parce que leurs muscles s’étaient atrophiés de manière irréparable. »dit-il. « L’horreur, c’est ce que j’ai vu dans un hôpital rempli d’enfants qui hurlaient, et tout était enfin terminé, grâce au merveilleux vaccin Salk arrivé deux ou trois ans plus tard. »
Juge Francis Ford Coppola « absurde » la volonté de faire disparaître le vaccin contre la polio. « Il y a tellement d’histoires sur le vaccin, sur le nombre de vies qu’il a sauvées dans une épidémie qui ne faisait qu’empirer. »souligne-t-il.
La presse américaine a révélé que des proches de Robert F. Kennedy Jr, au premier rang desquels son avocat Aaron Siri, avaient saisi la Food and Drug Administration, chargée de la distribution des médicaments, pour demander la révocation du vaccin contre la polio. Cette agence pourrait se retrouver sous l’autorité de ce soutien à Donald Trump à partir du 20 janvier. Robert Kennedy Jr, bien qu’il nie être anti-vax, a accusé à plusieurs reprises les vaccins d’être responsables de l’autisme, sans apporter aucune preuve scientifique de ses allégations. En 2022, s’opposant à la mise en place d’obligations vaccinales contre le covid dans certaines villes des Etats-Unis, il compare la politique de l’administration Biden à celle de l’Allemagne nazie ou de la RDA au moment de la construction du mur de Berlin.