Julie-Rose Calvé est née à Rennes en 1815, dans le quartier de l’église de Toussaints. Elle vit dans la pauvreté avec sa mère, veuve d’un officier, qui lui a donné naissance alors qu’elle était encore adolescente. Lorsque cette dernière ne peut plus subvenir à ses besoins, elle l’envoie en internat à Toulouse. Là-bas, Julie-Rose est repérée par le compositeur Rossini qui l’admet au conservatoire. La beauté de sa voix de soprano lui ouvre toutes les destinées artistiques : ce sera en Louisiane, à la Nouvelle-Orléans. [À retrouver en intégralité dans le 3e volume des Histoires Extraordinaires Rennaises].
Elle est engagée par John Davis, d’origine française et directeur du Théâtre d’Orléans, pour la saison 1837-1838. Cela a apporté d’Europe à la fois ses acteurs, ses décors et ses costumes. Julie-Rose prend le nom de Julia Calvé et acquiert très vite le statut d’étoile montante de la capitale de l’opéra en Amérique du Nord. Elle est surnommée « la précieuse chanteuse ». Les journaux de l’époque notent qu’elle s’évanouit souvent, parfois sur scène, peut-être affaiblie par le climat local. Ce qui n’empêche pas la soprano principale du théâtre de revenir sur scène. « Le spectacle doit continuer ».
L’aventure américaine
Ouvert en 1815, le Théâtre d’Orléans est l’opéra le plus connu de la ville. Au cours de ses cinq premières années, il a produit environ 150 opéras. Les gens se précipitent pour voir les troupes venues de Paris. Il fut remplacé en 1859 par l’Opéra français, sur Bourbon Street, dans le quartier français.
Son public est à l’image d’une ville très cosmopolite : toutes les classes sociales et toutes les origines se retrouvent dans ce centre névralgique de la vie sociale. La Nouvelle-Orléans possède la première compagnie d’opéra permanente du pays. Y sont créées les premières américaines d’opéras français et italiens reconnus. Pour la communauté française, l’opéra est le symbole de sa propre différence culturelle.
Succès
La chaleur et l’humidité de la Louisiane empêchent toute représentation durant l’été. La troupe organise donc des tournées dans le nord-est. En lutte malgré une santé apparemment fragile, Julia Calvé découvre Boston, Philadelphie, New York et Montréal. Au cours de onze années de carrière, elle a joué entre autres dans Le Postillon de Longjumeau, Le Domino noir et Don Pasquale.
En 1846, un journal local considérait fièrement la prima donna comme la « chanteuse préférée de la population française et créole » de la Nouvelle-Orléans. Dans les années 1880, Rennaise devient un professeur de chant respecté qui forme certains des meilleurs artistes d’opéra d’Amérique du Nord et d’Europe. Elle est décédée à 82 ans, connue comme l’une des meilleures actrices de l’âge d’or du théâtre de la Nouvelle-Orléans. Depuis 2017, une esplanade porte son nom, au sein de l’îlot Octroi, dans le quartier Bourg-Lévesque.
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