quand Johnny Hallyday renaît sur la Tour Eiffel

Nouveau disque

Quand Johnny Hallyday renaît à la Tour Eiffel

Le 3 décembre 2011, l’idole a prouvé que le coma n’avait affecté ni son chant ni sa morgue. Ce live privé, où nous l’avons rencontré, sort sur disque. Souvenirs, souvenirs

Publié aujourd’hui à 18h51

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Vouliez-vous adorer? Vous en aviez. Johnny plus la Tour Eiffel, qui dit mieux ? Deux monuments nationaux fabriqué en le premier fait de cuir et d’os, le second entièrement constitué de poutres métalliques auxquelles s’ajoutaient, dans la nuit froide du 3 décembre 2011, la chaleur des amplis et le chrome des guitares.

Il fallait au moins ça pour célébrer la renaissance du phénix Hallyday. Deux ans plus tôt, son opération d’une hernie discale avait bien failli faire passer de vie à mort l’inox soudain mortel. L’album de convalescence, composé et interprété avec -M- à Los Angeles, est mal accueilli. Pire, on avait davantage parlé du chanteur pour la saga juridico-financière de ses opérations ratées et pour celle, plus étendue encore, de ses résidences entre la Suisse et la Californie.

Rapidement, Johnny dut montrer qu’il n’était pas mort. Mieux, qu’il était bel et bien vivant avec l’envie de se battre, et quoi de plus solide pour cela qu’une tournée des stades ? La presse était invitée à Paris pour entendre la nouvelle, avec en prime un concert privé au 1er étage de la Tour Eiffel.

“Je remercie Dieu”

« Je me souviens d’une île, avec plein de visages qui s’éloignaient de plus en plus, puis du trou noir… Depuis, je remercie Dieu chaque jour d’être là. Il fallait que je travaille vite sur un projet, pour mon moral. Cet accident m’a permis de comprendre à quel point j’aime mon métier et à quel point j’avais envie de retrouver du monde. Cela, nous le confiait entre ses yeux Johnny Hallyday au lendemain de cette représentation où « le Taulier », alors âgé de 68 ans, avait affirmé son acte de (re)naissance dans des vêtements rock, ceux qu’il portera jusqu’à sa mort. Soit un groupe confié au Gibson de l’ex-FFF Yarol Poupaud, qui a débarrassé l’icône de ses ampoules panachées et l’a remis sur le chemin d’Eddie Cochran et Little Richard.

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Treize ans plus tard, le riff aigu de “Je suis né dans la rue”, après un “bonsoar” inimitable, fait revivre la joie brute de ce retour live dont une petite moitié avait fait l’objet d’une captation vidéo ( disponible depuis longtemps sur YouTube). Mais les 50 minutes de cette gourmandise électrique, équilibrée entre terre et ciel dans un décor d’acier et de lumière et devant 300 personnes, n’avaient pas été publiées dans leur intégralité.

Faut-il attendre ? « Le concert événement à la Tour Eiffel » (à ne pas confondre avec ceux, maousses, donnés sur le Champ de Mars en 2000 et 2009) ne fera pas oublier les grands enregistrements live du chanteur, ceux des années 70 surtout, quand Johnny – Déjà ! – a confronté son public sur scène pour affirmer son avenir. Mais ces 13 chansons, puisant en grande partie dans son répertoire de jeunesse à l’exception de l’inédit et alors très oubliable « Autoportrait », dégagent une fraîcheur palpable, une énergie complice, comme s’il nous invitait dans sa salle de répétition pour comprendre ce que le rock fait Johnny aime ça.

Dans ce format minimal sans choristes ni cuivres, sept avec ses camarades (dont Fred Jimenez à Genève à la basse), le chanteur revient en confiance, porté par L’harmonica de Greg Zlap, ici rugissant. Tout se joue carrément, solidement, un essai pour cette formation risquée qui s’avérera payante lors de la prochaine tournée. Johnny claque ses phrases comme il avait giflé un journaliste du Parisien plus tôt lors de la conférence de presse. « Je n’aime pas les gars sympas quand je les rencontre, puis qui écrivent des conneries dans mon dos », nous expliquait-il le lendemain. De tout cœur, bagarreur… Lui-même.

On pourrait supposer, à l’écoute du live, qu’il joue en réserve après deux ans de semi-repos. Pas de cris, pas de cris de stentor pour retirer la tour de ses fondations. Sobre. Quoi qu’il en soit, cette économie des cordes vocales contraste agréablement avec l’amplitude des scènes et des vocalises. Johnny a donné ce que la taille des foules et leur amour exigeaient de lui. Durant son coma, le gouvernement a même évoqué des funérailles nationales. « Il semble que oui. Je trouve ça absurde», rigole-t-il pour conclure l’interview.

Il les a reçus le 9 décembre 2017.

François Barras est journaliste à la section culturelle. Depuis mars 2000, il raconte la musique actuelle, passée et peut-être future.Plus d’informations

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