‘Franck, je comprends pourquoi tu m’as énervé’

Le film « Un ours dans le Jura » sortira en salles le 1er janvier. Il s’agit du troisième long métrage réalisé par Franck Dubosc, qui tient également le rôle principal. Entre thriller et comédie, on découvre l’histoire d’un couple ordinaire qui se retrouve mêlé à une sombre affaire criminelle. Rencontre.

Franck Dubosc : “Quand on essaie d’être aimé du plus grand nombre, on s’oublie”

Franck Dubosc nous parle de son 3ème long métrage en tant que réalisateur : « Un ours dans le Jura ». Entre thriller et comédie, on découvre l’histoire d’un couple ordinaire qui se retrouve mêlé à une sombre affaire criminelle.

17.12.2024

Rencontrer Franck Dubosc, c’est comme rencontrer un ours dans le Jura, ça n’arrive pas tous les jours. Calme, posé, sympathique, il a profité d’un passage en Suisse en novembre, où il a été invité à présenter son nouveau long métrage au Festival international du film drôle de Vevey, pour répondre aux questions de Blue News.

Pour “Un Ours dans le Jura”, Franc Dubosc porte deux casquettes : celle de réalisateur et d’acteur principal.

Benoît Poelvoorde (here alongside Joséphine de Meaux) plays a taciturn gendarme, much less stupid than he seems.

Dans le film, Michel (Franck Dubosc) et Cathy (Laure Calamy) se retrouvent mêlés à une affaire criminelle qui les dépasse largement.

Un ours dans le Jura. Franck Dubosc avait participé au jeu de l'interview pour Blue News en novembre dernier.

Franck Dubosc avait participé au jeu de l’interview pour Blue News en novembre dernier.

Un ours dans le Jura. Pour

Pour “Un Ours dans le Jura”, Franc Dubosc porte deux casquettes : celle de réalisateur et d’acteur principal.

Un ours dans le Jura. Benoît Poelvoorde (ici aux côtés de Joséphine de Meaux) incarne un gendarme taciturne, bien moins bête qu'il n'y paraît.

Benoît Poelvoorde (here alongside Joséphine de Meaux) plays a taciturn gendarme, much less stupid than he seems.

Un ours dans le Jura. Dans le film, Michel (Franck Dubosc) et Cathy (Laure Calamy) se retrouvent mêlés à une affaire criminelle qui les dépasse largement.

Dans le film, Michel (Franck Dubosc) et Cathy (Laure Calamy) se retrouvent mêlés à une affaire criminelle qui les dépasse largement.

Un ours dans le Jura. Franck Dubosc avait participé au jeu de l'interview pour Blue News en novembre dernier.

Franck Dubosc avait participé au jeu de l’interview pour Blue News en novembre dernier.

Franck Dubosc, quelle idée, il n’y a pas d’ours dans le Jura !

Très précisément, j’aimais supposer que cette histoire, de toute façon, était fausse. Au début, nous écrivions : « C’est basé sur une histoire vraie, puisque nous l’avons inventé. » Et pour partir d’une histoire fausse, c’est bien de partir d’une information complètement fausse. Mais là, pour une fois, il y en a un au début. Un ours.

blue News a vu le film pour vous
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Gaumont Productions/ Pour votre public

Michel et Cathy vivent modestement dans un coin reculé du Jura, où ils cultivent des sapins. Leur relation a été fragilisée par les épreuves de la vie. Mais un jour, un ours croise le chemin du pick-up de Michel. Il l’évite et provoque un accident de voiture. Les occupants meurent. Dans le coffre de la voiture percutée, Michel trouve 2 millions d’euros ! Que va-t-il en faire ? Sera-t-il démasqué par le policier du village, un papa divorcé qui a déjà du mal à s’occuper de son adolescent ? Avec « Un ours dans le Jura », Franck Dubosc crée une comédie noire très réussie, où aucun des protagonistes n’est totalement innocent. Au-delà de l’intrigue de base, d’autres histoires se développent, toutes émouvantes et empreintes d’une profonde humanité. Soulignons également la performance des comédiens, comme Benoît Poelvoorde, Laure Calamy et Joséphine de Meaux, qui, comme Franck Dubosc, jouent leur rôle à merveille, avec subtilité. Notre note: 9/10

« Un ours dans le Jura », c’est une histoire extraordinaire qui arrive à des gens tout à fait ordinaires et qui nous amène, nous, gens ordinaires, à nous dire : « eh bien, qu’est-ce que je ferais » ?

Mais oui, que fait-on ? D’ailleurs, on le voit dans le film, le gendarme demande à une serveuse : “Si je te donne 2 millions d’euros, que fais-tu ?” Et elle lui dit : « Moi, j’abandonne mon copain, mon boulot et tout »… Et c’est vrai qu’on peut se poser la question : est-on capable d’être malhonnête pour 2 millions d’euros ? C’est ça le problème. Ils sont tous malhonnêtes dans le film. Mais là, je me suis posé la question, est-ce que je serais malhonnête pour 2 millions ?

Vous parlez du gendarme, profitons-en pour parler de Benoît Poelvoorde, qui joue ce rôle dans le film. Comment pouvons-nous le gérer?

On le dirige… d’abord parce qu’on l’oblige à apprendre le texte, mais aussi à être discipliné. Il peut vite devenir indiscipliné, mais il a tellement de talent dans son indiscipline qu’il faut gérer ce qu’on va lui prendre. Nous devons voler ses moments magiques. Et il y en a beaucoup, il faut les choisir. Mais il écoute. Il a vu le film, il a adoré et la première chose qu’il m’a dit c’est : “Ecoute Franck, je comprends pourquoi tu m’as énervé”.

Mais il est comme un enfant, c’est un enfant. Il y a donc une astuce, en pratique, pour le diriger. Il a un petit carnet et puis le soir quand il a fini sa journée, il met une couleur. Le « rouge » est très bien. Après ça descend comme ça : « moins bien », « à ne pas répéter », et ça monte jusqu’au « jaune ». Le soir, ce qu’il faut lui dire, c’est qu’on lui met du rouge. Et là, il repart heureux et il revient heureux le lendemain. S’il a un « jaune » – je n’en ai jamais porté, mais parfois il en met un sur lui-même – alors il est mécontent et a du mal à se remettre sur les rails.

«Quand on essaie d’être aimé du plus grand nombre, on s’oublie»

Et il écoute, il est très confiant, il se laisse faire. Il a dû voir le film pour être sûr que j’avais raison. Mais ça veut dire que pendant le tournage, il m’a laissé faire ce que je voulais, il avait le respect du réalisateur et peut-être sans être sûr que j’avais raison.

Avez-vous désormais acquis le respect en tant que réalisateur ?

Mais non, on ne l’a jamais complètement parce qu’il est difficile d’amener les acteurs à nous faire confiance. Ici, je me mets à la place de l’acteur : il y a toujours un moment où on a une perception de telle ou telle scène qui est différente de celui qui l’a écrite. La confiance n’est donc pas toujours à 100 %. Mais c’est à nous, réalisateurs, de… soit composer avec le doute et se dire « il verra plus tard que j’avais raison », soit expliquer les choses. Parfois, c’est long à expliquer. Donc effectivement, je pense que la durée de carrière puis les différents films font qu’un acteur va de plus en plus faire confiance au réalisateur. Alors évidemment c’est le troisième, ils ont plus confiance en moi qu’au départ.

Dans le film vous incarnez Michel, un type simple qui vend des sapins de Noël, un peu tranquille comme ça, marié à Cathy, interprétée par Laure Calamy. Un couple usé par la vie. Et là, nous avons une histoire dans l’histoire

Oui et il y a aussi l’autre histoire à côté, celle du père qui vit seul et qui élève seul sa fille. J’avais envie de faire une histoire où finalement ce sac avec cet argent sale, passant de main en main, refait les choses, recrée l’amour du couple. Ce n’est pas seulement l’argent, c’est le fait que lorsque quelque chose d’extraordinaire se produit dans nos vies, cela lie, relie les gens. Il y a cette phrase où Emmanuelle Devos dit : « la meilleure façon de se retrouver, c’est de savoir où l’on va se perdre ». Ce qui résume pour moi ce côté humain de l’histoire.

C’est une comédie noire : on ne vous attend pas dans ce registre, a priori. Vous aimez surprendre ou tenter de vous réinventer ?

Donc en fait, je n’essaie pas de me réinventer. C’est que je me révèle de plus en plus dans ce que j’aime. J’ai commencé ma carrière en tant qu’acteur ou comédien sur scène, en essayant d’être aimé du plus grand nombre. Alors quand on essaie d’être aimé du plus grand nombre, on s’oublie. Et avec le -, je me suis dit, je vais commencer à m’aimer un peu, je vais commencer à avancer vers les choses que j’aime.

«Comme je suis de nature assez pessimiste, je ne peux avoir que de belles surprises»

Et j’ai commencé à faire des films en tant que réalisateur, avec « Everybody Stand Up ». Une comédie romantique, mais pas une blague absolue, avec une histoire d’amour, avec du fond. Puis il y a eu « Rumba la vie », l’histoire d’un père et de sa fille. Et là je me suis dit, moi qui aime le cinéma des frères Cohen, je me suis dit : fais un film dans cette ambiance qui te plaît, un film que tu aimerais voir.

Et voilà, « Un ours dans le Jura » est donc un film que moi, en tant que spectateur, j’aimerais voir. C’est peut-être une démarche un peu égoïste, mais je me dis que si j’aime ça, il y aura toujours des gens qui aimeront ça.

Vous faites partie de ces artistes qui sont partis de rien – vous êtes vous-même issu d’un milieu ordinaire qui n’avait aucun rapport avec le cinéma – et vous avez tout construit par le travail. N’oublions-nous jamais d’où nous venons ?

C’est une question difficile car j’ai envie de dire oui, on n’oublie jamais d’où l’on vient mais il y a une chose qui me tient à cœur, et c’est là que je vais. Parce que d’où nous venons, nous n’avons pas décidé. Nous sommes acteurs de là où nous allons. Il y a des moments où nous aimerions oublier d’où nous venons. J’aime d’où je viens, donc je ne veux pas oublier. Mais il s’avère que j’ai vécu plus là où je suis que là d’où je viens.

Mais où vas-tu alors ?

Je vais vers moi, en effet, sans l’avoir calculé. Non, c’est peut-être de l’égoïsme ou de la paresse. Je vais vers le plus simple et le plus simple, c’est moi, c’est d’être de plus en plus honnête, finalement. Pas avec les gens, mais avec moi.

Devenez-vous également de plus en plus libre ? Réaliser cela offre-t-il une liberté ?

En effet, j’ai la chance de pouvoir écrire et puis j’ai des producteurs assez facilement. Donc être réalisateur n’est pas vraiment une liberté, parce que c’est une liberté lourde. Faire un film est long, l’esprit est très occupé. Quand on est acteur, on est plus libre. On joue, on arrive le matin, on tourne, et une fois le film terminé, on part. Quand on fait un film, on est prisonnier du besoin de réussite des producteurs.

On avait Patrice Lecomte dans cette émission et il nous disait qu’à chaque fois qu’un film sort, il n’arrive pas à dormir, il a très peur. Avez-vous cette angoisse pour ce film qui sort le 1er janvier ?

Je ne l’ai pas encore, je le ferai certainement. Cela se passe si vite, c’est comme une opération. Sauf que nous ne dormons pas. On sait que le soir, avant d’aller se faire opérer, on est un peu anxieux, et puis l’opération a lieu, et ça y est, on s’endort. Là, nous sommes réveillés. Quand l’opération arrive, on a les chiffres, et le premier jour, en général, on sait à peu près où elle va nous mener. Je ne sais pas comment le dire… comme je suis de nature assez pessimiste, je ne peux avoir que de belles surprises.

 
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