Dans le premier acte, on découvre Giselle (Marini Da Silva Vianna), une jeune paysanne. Amoureuse d’Albrecht (Riku Ota), elle danse joyeusement avec lui. Mais un jour, Hilarion (Riccardo Zuddas), un garde-chasse amoureux de la jeune femme révèle la sombre vérité : Albrecht est en réalité le prince de Silésie déguisé en paysan, et il est promis à une autre femme, la princesse Bathilde (Anaëlle Mariat) . Lorsqu’elle apprend cela, Giselle sombre dans la folie et perd la vie.
Le deuxième acte se déroule de nuit, dans la forêt enchantée. Les Wilis, spectres vengeurs de jeunes filles abandonnées par leur amant et mortes avant leur mariage, apparaissent. Myrtha (Ahyun Shin), la reine des Wilis, condamne Hilarion à danser jusqu’à l’épuisement puis à la mort. Vient ensuite le tour d’Albrecht, voué au même sort. Mais Giselle, devenue elle-même un esprit, vient à son secours en dansant avec lui jusqu’à l’aube, lorsque les Wilis disparaissent. Elle parvient ainsi à sauver de la mort l’homme qu’elle aimait.
Le ballet Giselle montre l’opposition entre deux univers. Lors du premier acte, qui se déroule dans le village, tout est coloré, pétillant, vivant. C’est le monde réel, le monde du concret. A l’inverse, le deuxième acte se déroule dans un univers fantastique : le décor est plus sombre, les tutus sont d’un blanc fantomatique.
L’opposition entre deux mondes s’exprime aussi entre celui d’en bas, la paysannerie, et celui d’en haut, la noblesse. Comme l’explique Matali Grasset : « Mon rôle consistait à imaginer une lecture plus contemporaine de l’histoire de Giselle en mettant en avantsens dans l’histoire deux mondes en confrontation. D’un côté, le monde de la ferme où vit Giselle que je réinterprète en « monde d’en bas ». Il est proche du vivant et le défend. A l’inverse, le « monde du haut » est celui des gens qui craignent de perdre leurs privilèges. Il s’agit d’une interprétation plus universelle par rapport à notre monde contemporain et à ses enjeux. “
Matali Grasset est une designer française très renommée qui a étudié avec Philippe Stark. En charge de la scénographie, des décors, des costumes et des accessoires de Giselle, elle fait des choix forts, modernes et engagés.
Le premier réside dans les costumes qui lui permettent de marquer visuellement la lutte des classes qui s’opère entre le monde d’en haut et le monde d’en bas. Mais cela va plus loin : le choix même des matériaux utilisés pour les réaliser est significatif. Pour les villageois, elle travaille des matières premières issues d’un savoir-faire français qu’elle tient à défendre. Ainsi, les costumes des paysans sont constitués d’un “tissu gaufré [..] qui est habituellement utilisé pour fabriquer des vadrouilles », et composé de 80% de coton et 20% de déchets recyclés. Pour le monde d’en haut, des matériaux plus sophistiqués ont été choisis.
Concernant le décor, Matali Grasset a choisi le tutu comme point de départ. Donc, “toutes les structures créées pour réaliser le décor sont en forme de cône avec un rythme de lignes qui délimitent le périmètre.” Un décor qui, comme les tutus dont les tulles de ceux des Wilis ont été récupérés d’une ancienne production de Giselle et réparés pour être réutilisés, s’inscrit dans une démarche responsable. Le chalet, le soleil et même les arbres ont été réalisés par les menuisiers de l’opéra avec « du bois brut en vue de lui trouver une nouvelle utilisation une fois les représentations terminées ».