Les propos de Shahram Dabiri, adjoint aux affaires parlementaires de Massoud Pezechkian, concernant la suspension de la loi sur le hijab obligatoire, ont une fois de plus fait la une des journaux. Pendant ce -, le guide suprême du régime, Ali Khamenei, s’est adressé à un groupe de femmes, évitant toute mention directe de la loi controversée, et a réitéré que le rôle principal d’une femme est de « favoriser l’accouchement ».
Un responsable iranien confirme la suspension de la loi sur le hijab obligatoire au milieu d’une controverse
Le mercredi 18 décembre 2024 au matin, le Ministre Dabiri a déclaré à la presse : « Nous avons demandé au Président de la République de suspendre la loi sur le hijab : « Nous avons demandé que la loi sur la chasteté et le hijab ne soit pas appliquée et qu’une version révisée soumise au Parlement en tant que nouvelle proposition. C’est également ce que le Président du Parlement a demandé.» Il a ajouté : « Notre demande actuelle est que le Conseil national de sécurité intervienne et arrête la mise en œuvre de cette loi. » (ISNA, 18 décembre 2024)
Cette annonce fait suite à des semaines de discussions animées. Plus tôt, le 27 novembre, le président du Parlement Mohammad Baqer Qalibaf avait déclaré lors d’une conférence de presse que cette loi, ratifiée par le Conseil des Gardiens le 21 septembre, serait officiellement promulguée le 13 décembre. Dans le texte du Conseil, certains députés ont indiqué que si Pezechkian ne signait pas la loi, Qalibaf agirait lui-même.
Le 12 décembre, le député Haj Diligani a déclaré aux journalistes que la loi serait envoyée au président le lendemain, lui donnant ainsi deux semaines pour la mettre en œuvre. Amir Hossein Bankipour, l’un des partisans de la loi, a également déclaré que le gouvernement aurait dû soulever des objections avant que le Conseil des gardiens ne l’approuve. « Maintenant que la loi a été votée, elle doit être appliquée et toute tentative de la contourner aura de graves conséquences.
Cependant, dans la soirée du 14 décembre, il a été annoncé que la loi ne serait pas promulguée en raison de la demande de l’administration pézetchkienne et de l’intervention du Conseil national de sécurité.
Ce déclin constitue une concession importante de la part du régime, qui fait craindre une résurgence des troubles sociaux. La loi sur le hijab obligatoire s’est révélée être une arme à double tranchant : sa mise en œuvre risque de déclencher des protestations dans tout le pays. Dans le même -, sa suspension reflète un régime en crise, notamment en raison de l’affaiblissement de sa position géopolitique en Syrie.
Répercussions de la loi sur le hijab obligatoire : sanctions sévères et menaces d’exécution
Le 13 septembre 2022, Jina Mahsa Amini, une femme kurde de 22 ans, tombe dans le coma après avoir été rouée de coups par la patrouille d’orientation. Sa mort, le 16 septembre 2022, a déclenché un soulèvement de six mois qui a balayé l’Iran, causant la mort de plus de 750 manifestants et conduisant à la détention de 30 000 personnes. Depuis lors, de nombreuses Iraniennes ont rejeté avec défi le hijab obligatoire, le qualifiant de « taché de sang ».
Pour tenter de réaffirmer son contrôle, le régime a rédigé une nouvelle loi sur l’application du hijab, qui a finalement été approuvée en septembre 2024 après deux ans de va-et-vient. La longueur du processus d’approbation de la loi reflète la crainte du régime de la faire appliquer.
Cette loi de 74 articles prévoit des sanctions draconiennes : les contrevenants s’exposent à des amendes allant de 5 à 330 millions de tomans (environ 65 à 4 285 dollars), à une peine de prison pouvant aller jusqu’à 15 ans, voire à la peine capitale dans les cas considérés comme « corruption sur Terre”. Ces sanctions s’appliquent même aux filles de 9 ans.
La loi encourage également les ressortissants étrangers, y compris les réfugiés afghans, à dénoncer les femmes non voilées. Les propriétaires d’entreprises et les chauffeurs de taxi qui ne respectent pas les règles obligatoires concernant le hijab pour leurs clients s’exposent à de lourdes amendes.
Khamenei : Le premier devoir d’une femme est de procréer
Le 17 décembre 2024, Ali Khamenei, le guide suprême des mollahs, a prononcé un discours télévisé devant un groupe de femmes, déclarant que le rôle le plus important d’une femme dans la famille était la « procréation » et la « maternité ». « .
Sans aborder la question de la loi pénale, inhumaine et anti-islamique sur le hijab obligatoire ou sa suspension, il a souligné les implications sécuritaires de cette question pour le régime des mollahs, déclarant : « L’ennemi n’est pas inactif… Au nom de la défense des femmes. , au nom de la défense d’un groupe de femmes ou d’une femme, il fomente des troubles dans un pays… Il faut comprendre la guerre douce et les méthodes trompeuses utilisées pour détourner les gens des valeurs, notamment en ce qui concerne les femmes. »
La réponse des Iraniennes à Khamenei
Les remarques de Khamenei, qui présentent la défense des droits des femmes comme une menace, soulignent la peur du régime face à la résistance des femmes iraniennes. Les femmes ont été à l’avant-garde des protestations, affrontant courageusement l’oppression du régime.
Maryam Radjavi, présidente élue du Conseil national de la Résistance iranienne, a répondu aux commentaires de M. Khamenei par une déclaration puissante :
La réponse des femmes libres d’Iran aux absurdités de Khamenei est le même slogan qu’elles ont scandé lors du soulèvement de 2022 : « Khamenei, tyran : Khamenei, tyran, nous t’enterrerons sous terre. »
Mme Radjavi a condamné la misogynie du régime, soulignant qu’il a établi des records mondiaux d’emprisonnement, de torture et d’exécution de femmes au cours des 45 dernières années. Elle a dit :
« Les femmes sont le moteur du changement en Iran. De la rue aux prisons en passant par les unités de résistance, ils mènent le combat pour la liberté et l’égalité. Ils n’auront de repos que lorsque cet objectif sacré sera atteint.