Dorianne Farin, gardienne de grands mammifères à Pairi Daiza, nous dévoile son quotidien au service des girafes, des zébus et des becs en sabot du Nil. Entre enrichissements, soins et conservation, il partage les enjeux et moments marquants d’un métier où patience et passion sont les maîtres mots.
Informations RTL : Pouvez-vous vous présenter et expliquer en quoi consiste votre métier ?
Dorianne Farin : Je m’occupe des grands mammifères à Pairi Daiza. Mon travail concerne particulièrement les girafes, les zébus, les hippopotames et les sabots du Nil. Je suis arrivé ici en 2016 en tant qu’étudiant et depuis 2020 je travaille officiellement avec les grands mammifères.
Qu’est-ce qui vous a inspiré à travailler avec ces animaux ?
Quand j’étais étudiant, je travaillais avec des chevaux de trait pour livrer des branches aux girafes. Ce fut le coup de foudre. Par la suite, j’ai eu la chance de passer du - avec les Nile Shoebills. Ces deux espèces m’ont fasciné dès le début.
À quoi ressemble une journée type à Pairi Daiza ?
Nous commençons par observer les animaux de notre région pour nous assurer qu’ils vont bien et qu’il n’y a pas de problèmes de santé. Ensuite, notre travail est très physique : entre 70 et 80 % de notre - nous consacrons au nettoyage des enclos, à leur préparation à l’entrée et à la sortie des animaux et à l’aménagement de leur habitat. Nous installons également des enrichissements : des jeux qui stimulent les animaux à se nourrir, reproduisant ainsi des comportements naturels.
Quels soins spécifiques apportez-vous à ces animaux ?
Nous observons quotidiennement leurs paramètres vitaux : l’apparence de leurs yeux, de leurs narines, leur comportement… En cas de doute, nous entraînons les animaux à nous approcher volontairement. Cela facilite les examens et permet aux vétérinaires d’intervenir en toute sécurité. Nous travaillons par exemple avec des girafes pour les habituer à des sensations comme le froid ou le toucher vif, à des fins médicales. Nous avons mis en place une formation médicale comprenant des exercices d’habituation, comme toucher la main du soignant, accepter des sensations de froid ou de pression avec des gants et résister à un inconfort simulé. Ces techniques permettent de minimiser le stress de l’animal lors des interventions nécessaires, comme une prise de sang.
Comment stimuler leur comportement naturel ?
Nous avons récemment offert un miroir aux girafes. Deux d’entre eux se sont approchés, curieux de connaître leur reflet, pensant qu’il s’agissait peut-être d’une autre girafe. Nous utilisons également des enrichissements olfactifs, visuels et gustatifs, comme des balles de yoga. Les animaux commencent par s’éloigner, puis se rapprochent et interagissent. Ces moments sont très enrichissants, tant pour eux que pour les visiteurs.
Les girafes ont-elles des comportements sociaux spécifiques ?
Oui, ils font preuve d’un fort soutien familial, notamment lors de l’accouchement, un comportement que nous appelons « l’allaitement ». Par exemple, une mère girafe peut compter sur sa grand-mère, sa tante ou sa sœur pour veiller sur sa girafe pendant qu’elle va se nourrir ou s’hydrater. En milieu naturel, cet allaitement est encore plus prononcé, car les groupes comprennent souvent de jeunes mâles immatures qui participent également à la surveillance. Dans le parc ces comportements sont plus rares, mais nous avons un jeune mâle qui reproduit parfaitement ces attitudes protectrices.
Avez-vous une anecdote ou un souvenir marquant à partager ?
Assister à des naissances est très enrichissant. J’ai eu la chance de voir naître deux petites girafes femelles. Une autre expérience notable a impliqué un Bec-en-sabot du Nil initialement agressif. Avec beaucoup de patience nous avons établi une relation de confiance : aujourd’hui nous pouvons le nourrir à la main et le peser sans problème.
Comment gérez-vous les moments difficiles, comme la maladie ou la mort ?
On ne s’y habitue jamais, mais on apprend avec l’expérience. La perte d’un animal est toujours douloureuse, surtout dans le cas d’une pathologie. Pourtant, cela fait partie du cycle de la vie et on essaie de se concentrer sur les bons moments.
Quel est le rôle de Pairi Daiza dans la conservation des grands mammifères ?
Pairi Daiza participe activement à la conservation, notamment à travers sa fondation. Par exemple, lors de la Journée internationale des rhinocéros, des initiatives sont mises en place pour sensibiliser le public et établir des liens scientifiques internationaux. Cependant, la réintroduction directe des animaux dans la nature reste complexe en raison du braconnage. Nous privilégions les réserves protégées.
Sensibilisez-vous les visiteurs à ces enjeux ?
Oui, c’est une de nos priorités. Nous proposons des panneaux explicatifs, des visites guidées et des activités scolaires. Sensibiliser les jeunes est fondamental, car ils représentent les générations futures qui devront préserver cet écosystème vital.
Retrouvez l’émission « Pairi Daiza Expedition » ce dimanche à 18h30 sur RTL tvi et en streaming sur RTL play.
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