Encore « misogyne et démodé » aux yeux des associations féministes, le concours Miss France poursuit sa transformation avec, pour sa 95e édition et la première fois de son histoire, une candidate de plus de trente ans : Angélique Angarni-Filopon, 34 ans. ancienne, Miss Martinique 2024.
Depuis deux ans, la réglementation a été dépoussiérée sous la pression des critiques avec la suppression de toutes les limites d’âge (24 ans maximum auparavant) et les candidatures désormais ouvertes aux femmes mariées et aux mères de famille. La candidature d’une femme de 52 ans n’a toutefois pas dépassé le niveau régional cette année.
Initiée par la productrice Alexia Laroche-Joubert, présidente de la société Banijay France, propriétaire du concours, cette refonte du règlement autorise également les candidatures de femmes transgenres « avec changement d’état civil ». Selon les organisateurs, un seul cas signalé s’est produit lors de l’élection Miss Paris en 2022.
“Quand la limite d’âge a été levée, j’ai décidé de retenter ma chance”, a déclaré Angélique Angarni-Filopon, hôtesse de l’air de la ville, lors d’une conférence de presse. En 2011, elle est élue première dauphine de Miss Martinique.
Pas de date d’expiration
« Le rêve ne m’a pas quitté. A 34 ans, j’ai une vision différente de la vie et je souhaite être une femme inspirante à grande échelle. Je prouve qu’il n’y a pas de date d’expiration pour les femmes qui rêvent de devenir Miss France”, a-t-elle ajouté.
L’élection Miss France 2025 aura lieu ce samedi 14 décembre au Futuroscope de Poitiers, en direct sur TF1, qui réalise avec ce concours l’une de ses meilleures audiences de l’année. Selon Médiamétrie, la dernière élection a enregistré un pic à 9,1 millions de téléspectateurs, avec une moyenne d’un peu plus de 7 millions (57,9% de part d’audience).
Trente « reines de beauté » régionales âgées de 18 à 34 ans sont en lice pour succéder à Ève Gilles, Miss Nord-Pas-de-Calais 2023, sacrée Miss France 2024.
Présidé cette année par la chanteuse Sylvie Vartan, le jury encore une fois 100% féminin réunit la championne olympique Marie-José Pérec, l’animatrice et styliste Cristina Cordula, la danseuse Fauve Hautot, l’humoriste Nawell Madani, la pianiste Khatia Buniatishvili et l’ex -Miss France Flora Coquerel.
Samedi soir, les miss finalistes seront départagées à 50/50 par les téléspectateurs de TF1 et le jury. En cas d’égalité, le public aura le dernier mot.
Engagé pour la trentième fois consécutive, l’incontournable Jean-Pierre Foucault, 77 ans, présentera la cérémonie qui aura pour thème “le grand bal des Miss”, avec une dizaine de scènes du twist au tango en passant par la country, la disco et la danse classique. .
Pour la première fois, TF1 diffusera après un documentaire sur “la magie des coulisses” de l’élection Miss France, a annoncé Frédéric Gilbert, producteur de la cérémonie depuis quinze ans et président de la Société Miss France, dont la directrice est Cindy. Fabre, Miss France 2005.
Recrutement discriminatoire
Parmi les 30 candidates qui se disputeront la couronne de Miss France, Manon Le Maou, 28 ans, Miss Franche-Comté 2024, sous-gendarme, Romane Agostinho, 27 ans, Miss Auvergne, ostéopathe animalière, et Mélissa Atta Bessiom, 25 ans, Miss Pays-de-la-Loire, chef de projet intelligence artificielle dans un groupe de luxe français.
« Une fois de plus, le patriarcat utilise les femmes pour promouvoir une émission de télévision extrêmement lucrative. Et donc, c’est une forme d’exploitation à la fois des femmes, de leur corps, tout en véhiculant une image extrêmement sexiste de la femme présentée comme des femmes objets et vases”, a déclaré Aliénor Laurent, porte-parole de l’association Osez le féminisme !.
Les dernières évolutions du règlement Miss France apparaissent comme une « façade » pour l’association féministe : « la réalité est qu’il n’y a toujours pas de mères ni de femmes qui n’ont pas de taille mannequin. Faire défiler des femmes en maillot de bain ou habillées, c’est uniquement les juger sur des critères de beauté», a ajouté Mme Laurent.
L’année dernière, Osez le féminisme ! a lancé une action aux prud’hommes pour obtenir un véritable contrat de travail pour les candidats et dénoncer « le processus de recrutement discriminatoire ».
(AFP)