le festival à un tournant de son histoire ? – .

Ben Barbaud l’a lui aussi laissé entendre dimanche, en dressant un premier bilan. « Je ne dirais pas non à avoir une Muse, un Placebo ou un Green Day dans la prochaine formation. En revanche, Taylor Swift, c’est non. »

Le fondateur et patron du Hellfest a clairement changé d’avis puisqu’en 2017, au même endroit et au même moment, il déclarait : « On m’a demandé si Muse, Foo Fighters ou Coldplay allaient venir. On n’ira jamais jusque-là. »

Sept ans plus tard, les Foo Fighters ont clôturé le festival dimanche avec un show de près de deux heures, plein d’énergie et de générosité. « Nous sommes un vieux groupe », a lancé Dave Grohl avec un brin de malice. « Certains d’entre vous ne nous connaissent pas, mais vous pouvez chanter avec nous », avant d’enchaîner sur des tubes écoutés des dizaines, des centaines de milliers, voire des milliards de fois (Everlong).

Dernier jour d’un long week-end qui a débuté jeudi après-midi et la succession de plus ou moins 180 groupes sur six scènes. Avec des hauts et des bas. Des plus et des moins. Comme toujours. Chacun fera ses comptes, mais difficile de ne pas reconnaître que le Hellfest reste une expérience rare pour tout amateur de rock en général. Les têtes d’affiche ont tenu leurs promesses. Avenged Sevenfold vendredi, Machine Head vendredi, Metallica samedi et donc Foo Fighters dimanche, ont largement répondu à ce que leurs fans attendaient d’eux. Metallica, qui revenait à Clisson après un premier passage très attendu en 2022 (« Cette année, ce sont eux qui m’ont appelé pour venir », a déclaré Barbaud), a fait le job. Une prestation solide, massive et sans surprise, hormis cette reprise tout aussi improbable et massacrée de « L’aventurier » d’Indochine.

Reprises

Dans ce déluge de concerts, on peut citer celui de Tom Morello. Contrairement à ses compatriotes californiens, l’ancien guitariste de Rage Against The Machine a eu le bon goût de reprendre quelques chansons du groupe qui l’a rendu mondialement célèbre. L’instrumental « Killing in the name » chanté à l’unisson par l’ensemble du public, restera un moment fort de cette édition. Et puisqu’on parle de reprises, celle de « Sabotage » des Beastie Boys, jouée au banjo électrique par les New-Yorkais de Show me the body, a été un rare moment de rage et d’énergie pure.

Pourquoi pas du post-punk ?

Mais revenons à ce rock « mainstream » sur lequel le festival semble vouloir s’appuyer pour perdurer.

Il faut dire que dans un monde où le genre musical majoritaire est le rap, le rock tient bon, mais vieillit. Depuis une bonne dizaine d’années, le Hellfest se demande qui saura prendre la relève des légendes qu’il programme depuis ses débuts : Kiss, Deep Purple, Judas Priest, Saxon, Accept, Slayer, Motley Crüe, Iron Maiden sont à la retraite ou proches de la retraite. En 2022, en convainquant Metallica de se déplacer à Clisson, il a ajouté le dernier grand nom (en dehors d’AC/DC) qui manquait à sa collection de légendes. Mais alors ? Muse ? Green Day ? Et pourquoi pas la nouvelle vague du post-punk (Idles, Fontaines DC, Viagra Boys, Yard Act, The Murder Capital, Shame, Squid, Amyl and the Sniffers, etc.) ?

Une chose est sûre, cette première incursion dans le monde du « rock grand public » a déjà considérablement changé le festival et son public. Les geeks métal qui constituaient le gros des troupes il y a dix ans sont désormais moins visibles. Les joyeux touristes venus s’amuser au pays du métal le sont un peu plus.

C’est probablement le prix à payer pour que ce festival dure longtemps.

En attendant, il faudra débourser 339 euros le mardi 9 juillet pour obtenir un pass 4 jours pour l’édition 2025. Avec de la persévérance et une bonne connexion internet.